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Rugby, charcuterie et Puy du Fou… Vive la France !


Rugby, charcuterie et Puy du Fou… Vive la France !
Le Français Grégory Alldritt porteur du ballon, lors de France / Nouvelle Zélande, Stade de France, 8 septembre 2023 © SAIDI CHRISTOPHE

Certains des partisans du multiculturalisme et les déconstructeurs de la France que nous aimons ont vu, dans le jambon de pays présenté lors de la Cérémonie d’ouverture du Mondial de rugby, un symbole ostentatoire à la limite de l’ «islamophobie».


Pierre Charbonnier, agrégé de philosophie et chargé de recherche CNRS à Sciences Po, n’a pas vraiment apprécié le spectacle de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby – une représentation nostalgique de la France des années 50, celle du rugby des villages et des terroirs, du pain, de la charcuterie, de l’artisanat et de la mode, etc. Il a d’abord écrit, sur le réseau X, avoir décelé dans ce spectacle un « racisme subliminal ». Le lendemain, dégrisé ou averti par des amis prévenants, M. Charbonnier a effacé ce qui s’apparentait à un délire éthylique. Mais d’autres ont pris la relève pour afficher leur détestation de la France…

Une France que d’aucuns veulent plus vite voir disparaitre

Sur le même réseau social, Samuel Gontier, le commissaire politique télévisuel de Télérama, a relevé les propos du commentateur qu’il juge provocateurs, à la limite de l’islamophobie : « C’est un village gaulois avec évidemment de la charcuterie ». Perspicace, le vigilant agent de la police médiatique s’est demandé si, par hasard, ce ne serait pas « Éric Zemmour qui a conçu la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby ». Pour lui, l’équation est simple : baguette + charcuterie + accordéon + vieille chanson française + femmes ressemblant à des femmes + hommes ressemblant à des hommes = extrême droite !

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Sandrine Rousseau a eu « honte », écrit-elle sur le réseau X : « Notre France ce n’est pas une série de clichés empilés ». Si, si, chère Madame, notre France, comme tous les pays du monde, a toujours été représentée par une série de clichés. Les clichés des années 50 étaient plutôt sympathiques et mettaient en valeur notre pays, son art de vivre, sa gastronomie, sa littérature, ses paysages, ses boulangeries, ses vins, le caractère cocardier et parfois ombrageux de ses habitants, l’élégance de ses Parisiennes, ses bicyclettes, ses fêtes paysannes, etc. – il en reste de vagues traces, ici ou là, qui attirent encore les touristes, mais la tendance est à la disparition. Les clichés qui malheureusement s’imposent de plus en plus aujourd’hui lorsque les étrangers évoquent la France sont à l’image de notre nation défaite, « déconstruite », détruite à cause de vous et de vos congénères – son insécurité, sa délinquance, ses trafics de drogue, ses collines brisées par les éoliennes, son wokisme universitaire, ses écrivains tchékistes, ses kebabs, sa capitale défigurée, ses Parisiennes habillées comme un sac, ses banlieusardes de plus en plus souvent revêtues d’une bâche, ses « mobilités actives » électriques, ses émeutes, ses agressions quotidiennes, etc. Allez faire une joyeuse cérémonie d’ouverture de compétition sportive avec ça !..

Jambon de pays ostentatoire

Le collectif Contre Attaque – émanation des Soulèvements de la Terre composée de léthargiques jeunes gens avec des têtes colorées de cucurbitacées et un QI globalement à peine supérieur à celui de la palourde – a trouvé quant à lui que ce spectacle sentait « le camembert et le rouge qui tâche (sic) », et donc… « les années 30 » ! J’ai dit la palourde, j’aurais pu dire l’endive. À ce propos, dans le genre chicorée fade jusqu’à l’exubérance (Desproges), William Pereira, journaliste de 20 minutes, se fait remarquer : la cérémonie, écrit-il, « n’est pas vraiment inclusive » ; ça « manque de représentativité » ; et puis il y a des « symboles désuets, comme le magnifique jambon de pays apparu à plusieurs reprises à l’écran, limite ostentatoire ». Il y a, comme ça, des journalistes qui parviennent à refléter, sans effort, d’une phrase bêlée, toute la bêtise hargneuse d’une profession panurgique. Bravo, M. Pereira !

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Et bravo aussi, M. Tion ! Une fois de plus, Libération se distingue en titrant l’article de ce dernier : « Cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby : allez la Rance ! » Guillaume Tion a vomi écrit dans l’urgence, ça se sent : le style est bâclé ; la langue, relâchée et faussement familière ; la syntaxe, souvent hasardeuse. Mais qu’importe la langue française, cette vieille dame n’est-elle pas aussi rance que ces Français bidochons qui se complaisent dans cette France qui « sent la naphtaline » et qu’on ne voit plus que « dans les discours superficiels sur l’esprit français et les soubassements des pensées d’extrême droite » ? Cette cérémonie représentant le village d’Ovalie, c’est, selon le journaliste, l’entre-soi d’une France décomplexée, raciste et beauf : « On reste entre nous et c’est pas plus mal. On peut roter à table si on veut, c’est la famille. » La conclusion, en forme de bric-à-brac, vaut son pesant de cajous – n’en changeons pas un mot : « Car, à y regarder, les valeurs de la performance Reflets de France années 50 de Jean Miche (Jean Dujardin NDLA) sont presque celles que l’on va retrouver lundi matin en se réveillant : un pays où l’on parle du retour de luniforme à l’école, où le président jupitérien décide des 49.3 comme un chef de village incontestable, où lon dit perlimpinpin et saperlipopette, où il faut faire deux heures de caisse pour trouver un médecin, où les hommages culturels vont au Puy du Fou… cette France rance, on l’a vue en spectacle, on en a ri, on a été éberlué, c’est presque la nôtre. On peut aussi la refuser. »

Un parc d’attraction trop tradi

Car ce sont bien sûr les mêmes qui se désolent du succès du Puy du Fou. La puissante gauche médiatique n’est pas à une malhonnêteté près – on se souvient, entre autres, du crapoteux documentaire sur France 5 intitulé “Affaire Lola, chronique d’une récupération”. Dans le JDD du 10 septembre, Charlotte d’Ornellas explique par le menu le travail des journalistes de “Complément d’enquête” (France 2) ayant abouti à une présentation uniquement à charge du parc vendéen. À l’instar de leur patronne, Delphine Ernotte, les journalistes de l’audiovisuel public ne désirent pas montrer la France telle qu’elle est mais telle qu’ils voudraient qu’elle soit – en l’occurrence ils la préféreraient sans le Puy du Fou, sans son succès, sans les 3000 bénévoles qui persistent à vouloir coopérer, chaque année, à ce spectacle qui ravit participants et spectateurs. Dans le même JDD, Michel Onfray avoue, en se marrant comme un fou… du Puy, que son épouse, son gendre, sa fille et ses deux petits-enfants ont collaboré bénévolement à cette « fête française », cette attraction qui donne du plaisir à « une grande partie de cette France profonde » qu’il dit aimer et qu’il oppose à la France superficielle de la gauche culturelle. « La France rance existe, écrit-il, c’est celle de l’élite auto-proclamée qui n’aime pas les gens modestes, les petites gens comme on dit. » Cette élite auto-proclamée, c’est l’élite woke, politico-médiatique et cultureuse qui donne des leçons de morale aux Français, aux gens ordinaires qu’elle appelle les ploucs, les beaufs ou les sans-dents ; c’est l’élite qui rêve d’une France transformée en province européenne, en département américain, voire, pour certains, en petit califat – bref, en tout ce qu’on veut du moment que ce n’est plus la France. « Il est clair que le patriotisme ne se situe pas très haut dans leur échelle de valeurs, écrit Christopher Lasch en 1996 dans son dernier essai [1] en parlant des nouvelles élites américaines de l’époque dont on peut penser qu’elles préfiguraient nos élites françaises et européennes actuelles. Le multiculturalisme leur convient parfaitement car il évoque pour eux l’image agréable d’un bazar universel, où l’on peut jouir de façon indiscriminée de l’exotisme des cuisines, des styles vestimentaires, des musiques et de coutumes tribales du monde entier, le tout sans formalités inutiles et sans qu’il soit besoin de s’engager sérieusement dans telle ou telle voie. » Chez nous, en particulier, cette nouvelle élite s’honore d’être progressiste, inclusive, diversitaire et ouverte – l’histoire de son pays, sa culture et son peuple l’ennuient profondément, tandis qu’elle se passionne pour les multiples « identités » qui fractionnent la société française. Elle aurait aimé voir représentées, à la place de la « carte postale surannée » qui ouvrait la Coupe du monde de rugby, ces « identités » qui semblent avoir toutes les qualités, comparativement à l’identité française qui ne mérite aucune considération à ses yeux. Pourtant, « une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis », proclame Ernest Renan lors de sa célèbre conférence à la Sorbonne intitulée “Qu’est-ce qu’une nation ?”

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Notre élite auto-proclamée et mondialiste, en particulier celle des médias publics, ne l’entend pas de cette oreille : pour elle, l’héritage français est à jeter aux orties et les Français doivent céder devant le multiculturalisme, le communautarisme, le discours identitaire et les nouvelles croyances écologiques et wokes. Ne lui en déplaise, des Français plébiscitent encore les spectacles historiques du Puy du Fou ou l’imagerie d’une France des années 50 où le vivre-ensemble ne se proclamait pas mais se vivait réellement – cela durera ce que cela durera mais, en attendant, savourons cette petite victoire sur les pisse-vinaigre de la presse subventionnée et les charlatans de l’extrême gauche qui n’ont su, en guise de critiques contre la France que les Français aiment, que répéter les mêmes slogans consternants et désopilants à force de platitude et de bêtise.

[1] Christopher Lasch, La révolte des élites, Éditions Climats.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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