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Nouvelle tendance déco: la palette

Récupération ? Vous avez dit récupération?


Nouvelle tendance déco: la palette
Image: Pixabay

Cette semaine, notre chroniqueuse Yvonne a identifié pour vous une nouvelle tendance déco et deux autres Fausses Bonnes Idées (FBI…). Découvrez comment vous laisser embobiner à l’insu de votre plein gré. Ou pas.


J’avais déjà eu (un peu) la puce à l’oreille cet été quand, pour boire un verre en terrasse, nous nous étions retrouvés (mal) assis sur des palettes plus ou moins bien assemblées et approximativement rembourrées. Le truc, l’hiver, à filer ses collants. La confirmation n’a pas tardé : une de mes (nombreuses) nièces m’a annoncé que, cette année, son entreprise organisait un « stage palette. » Via le CE j’imagine.

La nouvelle star de la déco DIY

Bref, la palette est tendance, mais vraiment très, très tendance. Tous les journaux féminins en parlent. Il existe des sites palettes, des magasines palettes, des clubs palettes et donc des stages palettes. Mise au point au dépôt des équipements de la marine de Brooklyn par le capitaine Charles D Kirk en 1940 afin de rationaliser la manutention, le stockage et le transport des marchandises, la palette est aujourd’hui « la nouvelle star de la déco DIY, Do It Yourself ».

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« À l’heure de l’upcycling où l’on n’a de cesse que soit offerte une seconde vie plus glam aux matériaux et aux objets les plus basiques, la palette se révèle un terrain de jeu inépuisable. » Eh oui ! Rien que ça !

« La palette se décline au fil de vos envies et de votre créativité », « Matière brute facile à trouver et à travailler », « Note vintage et indus (lire industrielle, note de l’auteur), pile dans l’air du temps » … En conséquence, pour se meubler chic et gratos, sus à la palette.

Sur la palette abandonnée…

Sauf que les entreprises qui utilisent des palettes sont loin d’être des poches percées et que les palettes abandonnées donc gratuites se révèlent être des Arlésiennes. Ou alors ce sont des palettes non traitées, des palettes légères justement pas destinées à durer, et donc pas très costaudes. En cherchant bien, (et souvent loin) on peut quand même finir par en dénicher quelques unes de solides. Mais, il faut savoir que pour éviter les insectes et les champignons, les palettes durables, vouées au grand air dans leur destination première, sont traitées ! Certes, conformément à la législation en vigueur, elles sont désormais chauffées et non plus « soignées » au bromure de méthyle, fongicide dangereux. Mais, nombre de celles qu’il faut manier avec des pincettes, n’ont pas disparu de la circulation. Méfiance. Principe de précaution exige.

Il est donc plus prudent d’acheter ses palettes. Et, la palette, c’est pas donné. 7 € la recyclée (souvent abîmée, avec clou qui dépasse), entre 11 € et 20 € l’ordinaire neuve et entre 25 € et 35 € la belle. Et pas question de les faire livrer par un quelconque Uber en vélo, une seule palette pèse 25 kg pour 0,8 m x 1,2m d’envergure.

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Pour un sommier, comptez quatre palettes et 100 kg (bonjour le balayage sous le lit). Vous aurez ainsi un beau couchage, bien raide et bien mastoc pour à peu près 100 €. Des fabricants spécialisés dans le meuble en palettes (ouf ! ça existe) vous en proposent quant à eux pour la modique somme d’environ 190 €, non livré. Le sommier premier prix à la Redoute est à 50,02 € dont 1,80 € d’écopart. Livraison 19 €. Donc la palette, rigolo peut-être, ludique sans doute, décoratif à voir, économique sûrement pas.

Abeille des villes versus abeille des champs

La ruche sur le toit de l’immeuble est aussi terriblement tendance. Sauf que les abeilles citadines si à la mode, sont tellement stakhanovistes et désormais tellement nombreuses que leur appétit et leur surpopulation mettent sérieusement en danger la survie de l’abeille sauvage, du bourdon, du papillon, de la mouche et nuisent gravement à la biodiversité. L’étude réalisée par Isabelle Dajoz de l’Université Diderot est accablante.

L’équilibre de l’écosystème se fait entre une et trois ruches au kilomètre carré. Une pour les régions à maigre pitance, trois pour les luxuriantes. Paris s’enorgueillit désormais de mille ruches. Sachant que la capitale fait 105,4 km2 et qu’il n’y pousse pas que des fleurs, je vous laisse apprécier le désastre.

Trop de ruches nuisent aussi à la quantité et surtout à la qualité du miel recueilli. Faute de ressources suffisantes, les abeilles domestiques, pas folles, vont chercher le sucre dans les vitrines des pâtissiers mais aussi et surtout parmi les détritus. Beurgh. Branché peut-être, mais certainement ni bon pour la biodiversité, ni bon pour la santé.

La trottinette arme de pollution massive

Avant de jeter leur dévolu sur ce mode de transport, les trottinettistes marchaient, pédalaient. Il leur arrivait aussi d’emprunter le métro ou le bus. Bref, empreinte carbone personnelle liée au déplacement : nulle.

 © Daina Le Lardic / Isopix / SIPA Numéro de reportage : 00902973_000015
© Daina Le Lardic / Isopix / SIPA Numéro de reportage : 00902973_000015

Une récente étude publiée par la North Carolina State University a calculé le bilan carbone d’une trottinette. Un tel engin émet 202g de CO2 par km et par passager sur l’ensemble de son cycle de vie, soit à peu près autant qu’une voiture à essence et 3,5 fois plus qu’une voiture électrique.

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Pour établir ce bilan, ont été pris en compte la phase de fabrication, la phase de recharge, la production de l’énergie, le recyclage de l’ensemble. La phase de fabrication est assez gourmande, pratiquement la moitié du total puisqu’il faut une batterie par trottinette qui ne transporte (normalement) qu’une personne. La phase recharge est également vorace, environ 43%, puisque pour les collecter et les déplacer au point ad hoc, un camion, ou au moins une camionnette est souvent nécessaire. La production de l’énergie pour la phase d’usage ne représente quant à elle que 5% du bilan GES (pour les néophytes : gaz à effet de serre) et le recyclage le reste.

Ces calculs sont effectués pour une durée de vie d’un an. En utilisant ces trottinettes deux ans, on passerait à 141g de CO2 par km et par passager, toujours beaucoup plus qu’une voiture électrique. Or, selon les premières données accessibles, les trottinettes électriques de nos villes ont une durée de vie inférieure à un mois. Brisées, démontées, vandalisées, noyées, volées. Pour faire court, en l’état actuel de l’usage, une trottinette est douze fois plus polluante qu’une voiture à essence.

Tout ça, sans compter le lithium des piles qui se répand discrètement dans la Seine ou dans le port de Marseille, nécropoles favorites de ces fringantes montures. Cette diffusion sournoise constitue un véritable « écocide » pour l’association Sea Shepherd France. Alors, la trottinette, mode de transport écolo ? – Ecolo mon c.. ! répondrait vraisemblablement Zazie.



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