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Ne laissons pas l’Allemagne et la Chine préempter l’industrie aéronautique!

Une tribune libre de Jean-Paul Garraud


Ne laissons pas l’Allemagne et la Chine préempter l’industrie aéronautique!
Jean-Paul GARRAUD photographié à Strasbourg © ISOPIX/SIPA Numéro de reportage : 00929422_000005

L’Occitanie est à la pointe dans les secteurs des industries aéronautique et aérospatiale. Mais elles sont fragilisées par la crise consécutive à la pandémie et par les actions des « Khmers verts ». Face aux concurrences chinoises et allemandes, les responsables français, au premier plan Emmanuel Macron et Carole Delga, ne doivent pas brader nos atouts.


La pandémie de coronavirus aura montré les fragilités du contexte macroéconomique occitan. L’Occitanie est la plus grande région aéronautique d’Europe, comptant 110 262 salariés répartis dans 517 entreprises. Le groupe Airbus est évidemment le plus connu, mais des sociétés aussi importantes telles que Stelia Aerospace, Safran et Daher ont aussi des sites en Occitanie. Les PME régionales sous-traitantes emploient de la même manière de nombreux Occitans et Occitanes ; qu’ils soient ingénieurs, techniciens, ouvriers ou occupant les divers postes administratifs nécessaires au bon fonctionnement d’une entreprise moderne.

Il est encore difficile d’évaluer les conséquences à long terme de la crise sanitaire. En 2020, 6250 emplois ont été perdus dans des plans de licenciement rendus inéluctables par la baisse des commandes dans le secteur de l’aviation. La diminution des trajets aériens, couplée au ralentissement des activités touristiques, ont grandement fragilisé le premier employeur régional. Nous avons alors pu mesurer à quel point notre économie locale était dépendante de l’aéronautique comme de l’aérospatial.

La pandémie n’est toutefois pas la seule raison expliquant le recul de ces activités essentielles pour l’Occitanie. L’« aérobashing » des Verts, encore illustré récemment lors d’un conseil municipal de Poitiers, durant lequel la maire écologiste Léonore Moncond’huy a affirmé que « l’aérien c’est triste, [il] ne doit plus faire partie des rêves d’enfants aujourd’hui », contribue aussi à affaiblir ce secteur en Europe, et tout particulièrement en France.

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La France est aussi concurrencée au sein de l’Union européenne par l’Allemagne, ayant perdu son positionnement de leader. Cela est notable dans le secteur aérospatial, puisque nous ne contribuons plus qu’à hauteur de 2,66 milliards d’euros (18,5% du budget de l’ESA) contre 3,9 milliards pour l’Allemagne (22,9% du budget de l’ESA).

Ce déclassement est lié au manque de vision politique de nos dirigeants. Ainsi, l’aéroport de Toulouse Blagnac, qui est le 4ème de France par le nombre de passagers qui y transitent, a été privatisé en 2015 sous la direction d’Emmanuel Macron. Il a alors été vendu à un consortium sino-canadien particulièrement trouble. Ces investisseurs étaient adossés à une société publique chinoise, la Shandong High Speed Group, gestionnaire de plusieurs infrastructures de transport dans l’Est de la Chine. Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il tout fait pour céder un aéroport rentable et stratégique situé à quelques encablures des usines de nos fleurons de l’aéronautique ATR et Airbus ?

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Spécialistes de l’espionnage industriel, les Chinois ont été mis aux portes de nos industries aéronautiques et spatiales, cruciales pour notre avenir. De la même manière, l’Allemagne lorgne sur ce secteur, souhaitant que certains sites actuellement situés en Occitanie se retrouvent à l’intérieur de ses frontières. Les dirigeants allemands pratiquent ouvertement une politique protectionniste, bénéficiant d’un euro fort qui nous dessert à l’export.

Emmanuel Macron, et une personnalité comme Carole Delga – qui était Secrétaire d’Etat en même temps que l’actuel président durant le quinquennat de François Hollande, où leurs personnalités médiatiques ont émergé – représentent le parti de la globalisation qui ne fait rien pour s’opposer au sort qui menace la France : devenir un nain politique et économique dans le monde de demain.

La Présidente du conseil régional d’Occitanie Carole Delga (PS) dans son bureau à Toulouse, le 31 mai 2021 © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage : 01021960_000013

Rappelons d’ailleurs que Carole Delga avait publiquement souhaité la renationalisation de l’aéroport Toulouse Blagnac en 2018. Elle n’a depuis lors plus une seule fois communiqué sur le sujet. Les parts du consortium sino-canadien ont été rachetées fin 2019 par Eiffage pour près de 500 millions d’euros – soit une plus-value de 200 millions d’euros pour Casil, on espère qu’Emmanuel Macron aura touché sa commission pour un si bon deal -, la région Occitanie détenant toujours 5% du total des parts. Il serait peut-être pertinent d’envisager de monter un peu plus au capital.

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Notre région a le devoir d’être le premier lobbyiste de la puissance aéronautique française. Nous avons tous les atouts : une expérience centenaire, des centres de formation, des sites industriels hautement performants, des infrastructures stratégiques. Président de région, je saurai peser de tout mon poids près de l’exécutif national, mais aussi au sein des institutions européennes, pour faire valoir la spécificité de notre territoire.



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Magistrat, Député européen RN, Président de l'Association professionnelle des Magistrats, Ancien Député UMP.

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