Accueil Politique 80 ans après l’appel du 18 juin, la droite n’est plus qu’une force d’appoint de Macron

80 ans après l’appel du 18 juin, la droite n’est plus qu’une force d’appoint de Macron


80 ans après l’appel du 18 juin, la droite n’est plus qu’une force d’appoint de Macron
Emmanuel Macron et François Baroin, le 19 novembre 2020 © Ian Langsdon/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22400667_000001

À la veille de l’anniversaire de l’appel du Général de Gaulle, LR n’est plus qu’un satellite du pouvoir macronien. Qui a entendu parler de leur projet de relance alternatif? Le principal parti de droite a-t-il définitivement trahi le projet gaulliste? 


Malgré les immenses difficultés qu’a rencontrées le gouvernement pour juguler la crise sanitaire, Les Républicains semblent incapables d’en tirer profit. En dépit de résultats municipaux plutôt flatteurs, notre droite ne brille franchement pas dans l’arène politique actuelle.

À l’image d’un François Baroin translucide pendant la crise sanitaire et reclus à Troyes, Les Républicains (LR) ont été absents du jeu politique. Ils sont aphones et n’arrivent guère à trancher avec l’approximation et l’incurie gouvernementales, d’abord sur la crise sanitaire, puis sur les querelles raciales du moment. Étrange situation alors qu’ils avaient un boulevard pour apparaître comme monnaie de rechange au pouvoir en place !

La mise hors-jeu des Républicains ne date pas d’hier

L’effacement des Républicains n’est qu’un paradoxe apparent, car ils n’ont plus rien à dire sur le plan politique depuis 2017. L’élection d’Emmanuel Macron a accouché d’une réconciliation des deux bourgeoisies de gauche et de droite, qui auparavant faisaient mine de se détester, mais marchent désormais main dans la main. Ce bloc qualifié « d’élitaire » par Jérôme Sainte-Marie[tooltips content= »Bloc contre bloc, la dynamique du macronisme, Les éditions du Cerf »](1)[/tooltips] empiète largement sur l’électorat des Républicains. Pire, il fusionne carrément avec la sociologie des cadres du parti.

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La fin du clivage droite-gauche a alors entrainé un réalignement électoral. La base électorale traditionnelle des LR s’est déporté vers une offre politique plus cohérente, qui dans son tropisme libéral/libertaire défend mieux ses intérêts de classe. Ce basculement politique est le résultat d’une longue sédimentation idéologique où l’équilibre a peu à peu penché vers le centre. La trajectoire politique de Claude Goasguen ou Patrick Devedjan, récemment décédés du Covid-19 est révélatrice de ce glissement. Ils ont commencé à Occident (groupuscule nationaliste des années 1960)… pour terminer leurs carrières dans un parti souvent raccord avec Macron. Les Républicains ne diffèrent pas de nature mais seulement de degré avec Emmanuel Macron.

La proximité de Nicolas Sarkozy avec le président ou les alliances électorales locales comme celles de Laurent Wauquiez (LR) et Gérard Collomb à Lyon confirment cette satellisation. 

Trahison du projet gaulliste: de Charybde en Scylla 

Alors que nous fêtons les 80 ans de l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle, l’ombre tutélaire sur le parti de ce géant, s’est éloignée au fil des années. Ses lointains héritiers se sont échinés à liquider avec une telle ardeur et constance ses réalisations, qu’il est difficile de leur reconnaître une quelconque filiation gaulliste. Ils ont, tour à tour, refusé la pratique référendaire, abandonné la souveraineté et l’identité nationales, brocardé l’idée de protectionnisme. 

Il est donc surprenant de les voir soudain opter pour un virage souverainiste. Leur contre-projet de relance prône la relocalisation, la préférence locale ou même la participation, chère au Général de Gaulle. Par moments, on croirait lire des propositions de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. En revanche, silence sur l’Union Européenne, laquelle empêchera l’application de mesures protectionnistes. On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Ce non-dit traduit les errements stratégiques des Républicains, oscillant entre un souverainisme de bon aloi et un libéralisme thatchérien. Le tableau relève du bateau ivre allant d’un cap à l’autre sans gouvernail. En somme, les LR ont été gagnés par l’art de la synthèse façon François Hollande. 

Le destin du Parti radical?

Seul lot de consolation : les élections municipales. Les LR y recueillent des scores satisfaisants comme à Caen, Toulon, Nice etc… Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Ils disposent d’une armée d’élus solidement implantés localement qui continuera à animer les débats locaux, mais sans prise réelle sur l’échelon national. Le sort du Parti Radical, central sous la IIe République puis devenu un parti de notables, leur tend les bras. 

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À défaut d’un projet pour le pays, des stratégies individuelles éclosent. L’espoir réside dans l’émergence d’un leader qui pourra les mener vers une victoire inespérée en 2022. Nicolas Sarkozy, tout en tirant les ficelles, reste en retrait pour apparaître en recours tandis que d’autres cherchent à jouer leur partition à l’instar de François Baroin, Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand. Disons-le: sans vraiment convaincre jusqu’à maintenant. Rejetant la vague populiste ambiante qui ne demande qu’à s’incarner en France, ils laissent les avant-postes à des personnalités plus populaires et sans étiquette tel un Jean-Marie Bigard. Et à la différence de leurs homologues britanniques qui ont su reconquérir l’électorat populaire, ils tournent le dos aux classes populaires en faisant l’impasse sur la question sociale. Sans clarification ou concours de circonstances, notre droite risque fort de rester muette encore longtemps.

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