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Adama Traoré: l’avocat de la famille sous-entend à présent que les gendarmes l’ont tué par vengeance

Une stratégie accusatoire troublante


Adama Traoré: l’avocat de la famille sous-entend à présent que les gendarmes l’ont tué par vengeance
L'avocat des Traoré, Yassine Bouzrou, serait-il prêt à tout ? © Michel Euler/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22355911_000008

L’avocat Yassine Bouzrou ne se contente plus de contester les analyses médicales qui ont conclu à la non-responsabilité des gendarmes. Ni de poursuivre ceux qui dévoilent le casier judiciaire effrayant du clan Traoré ! Il dit désormais que les gendarmes ont tué Adama par vengeance en 2016.


Pour accuser une personne d’homicide, ou en tout cas la suspecter de ce crime, la notion de mobile est très importante. 

C’est ce que l’avocat de la famille Traoré semble avoir découvert pour étayer de façon inédite, et après des années de procédure, l’hypothèse d’homicide volontaire sur la personne de son client. Le mobile évoqué serait la vengeance. D’après l’avocat Maître Bouzrou : L’étude des relations passées entre Monsieur Traoré et les gendarmes interpellateurs est utile pour comprendre le contexte de l’interpellation, ainsi que l’état d’esprit dans lequel ils se trouvaient.”

En plus d’être racistes, les gendarmes cacheraient un passif avec Adama…

Sur la base de ces relations, Maître Bouzrou estime que l’hypothèse d’une vengeance doit être envisagée par la justice.

Pour ce faire, il s’appuie sur une déclaration du chef de l’équipe de gendarmerie ayant procédé à l’interpellation, déclaration faite aux enquêteurs une dizaine de jours après les faits : « Je ne peux pas vous dire combien de fois j’ai procédé à son interpellation, mais peut-être trois ou quatre fois en trois ans. À chaque fois, cela s’est mal passé car il y a toujours eu une opposition violente de cet individu. Il y a eu des violences, des rébellions, des outrages, des fuites ».

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Donc, si l’on suit le raisonnement, il consiste à dire : mon client était un voyou récidiviste, violent, agressif, et qui avait constamment maille à partir avec les gendarmes. Son comportement était tellement insupportable qu’il aurait pu provoquer, chez un gendarme ayant eu à le subir plusieurs fois, un désir de se venger qui expliquerait un homicide volontaire à l’occasion de son ultime et à nouveau difficile interpellation.

Les délinquants, toujours exonérés de leurs responsabilités

En l’occurrence l’avocat émet une hypothèse sur la base d’un raisonnement, disons « psychologique ». Il considère qu’un gendarme, placé dans de telles conditions, et excédé par le comportement de son client, pourrait avoir eu envie de se venger. Plusieurs choses ici interrogent :

  • Pourquoi ce mobile hypothétique surgit-il maintenant ? L’accusation manque-t-elle à ce point de preuves plus tangibles pour en être réduite à imaginer ce scénario de « vendetta » ?
  • L’avocat se rend-il compte qu’il est obligé d’enfoncer d’une certaine façon son « client », d’en faire un portrait le plus négatif possible pour justifier son hypothèse ?
  • Ce type de raisonnement ne pose-t-il pas un autre problème, celui de l’irresponsabilité a priori de tout délinquant face au gendarme? Si Adama Traoré a été tué, c’est un crime qui doit être puni. Mais il n’est pas exonéré pour autant de sa propre responsabilité dans ce qui lui est arrivé. Vivre violemment c’est prendre le risque de la violence, voire de tomber un jour sur un policier violent, excédé, qui ait envie de se venger. Ne jamais évoquer cette responsabilité, jeter un voile pudique sur ce comportement, c’est censurer toute une dimension de cette affaire. Un voile que vient de lever l’avocat, et c’est cela qui est troublant, puisqu’il nous dit « le gendarme est un criminel parce que mon client était un dangereux voyou ».

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Le racisme est un fléau, insupportable et dangereux, particulièrement s’il gangrène certains membres des forces de l’ordre. 

En avançant la possibilité d’une « vengeance » des forces de l’ordre, l’avocat du clan Traoré démontre que la famille la plus tristement célèbre du Val d’Oise est prête à faire feu de tout bois pour obtenir gain de cause. Faire d’Adama Traoré le symbole d’un combat contre le racisme, et donc pour la paix sociale, le respect de chacun envers chacun, n’est décidément pas le meilleur choix pour cette juste cause.



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