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L’impossible mission de Gabriel Attal

Sa nouvelle mission a été imposée dans l'urgence, ce qui n'augure rien de forcément bon pour la suite


L’impossible mission de Gabriel Attal
Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Villers-Cotterêts le 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Le nouveau chef du gouvernement n’est pas seulement le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la République, il est aussi le produit de son milieu et de sa famille politique d’origine.


Il aura fallu sept ans pour qu’Emmanuel Macron, face au récif du RN, vire de bord. La question est de savoir s’il n’est pas trop tard pour éviter le naufrage. Le capitaine du Titanic n’avait pu le détourner à temps de l’iceberg.

Modernité ou jeunisme?

La nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre, avant-hier, se veut symbolique d’une modernité juvénile et d’un « effet waouh », si prisé par la Macronie. Mais sa mission, imposée dans l’urgence, semble impossible. Le chef de l’Etat a invité l’habile communicant, 34 ans à « mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération » annoncé dans ses vœux, ceci dans « la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace ». En réalité Attal de Couriss (particule maternelle qu’il avait naguère rajoutée), enfant bien né d’une haute bourgeoisie parisienne progressiste, aura le courage des idées des autres. C’est d’ailleurs la caractéristique de cette gauche convertie au réalisme, qui tente en urgence de quitter en douce les chimères des idéologies pour s’approprier les thèmes de la droite pragmatique. Déjà, dans les années 70, le gauchisme de l’époque (André Glucksmann, Claude Lefort, Cornélius Castoriadis, etc.) avait su récupérer le combat antitotalitaire longtemps mené sous les injures par la seule droite anticommuniste.

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Dans tous les cas de figure, un socialisme à bout de souffle court après la modernité. Or l’histoire qui s’écrit ne puise rien dans le vide bavard de la majorité présidentielle, uniquement soucieuse de sa survie.

Un discours de passation de pouvoir aux accents populistes

Attal a un talent politique. Son passage à l’Éducation nationale (cinq mois) a été remarquable par les quelques décisions immédiatement appliquées (abaya, renvoi des élèves harceleurs, classes de niveau, etc). Mais quand Gérald Darmanin souligne qu’il veut, lui, « finir le travail qu’il a commencé », le ministre de l’Intérieur souligne en creux le maigre bilan de l’ambitieux qui lui a brûlé la priorité à Matignon. Le Premier ministre sera jugé aux actes. De ce point de vue, un préalable vote de défiance parlementaire, demandé par LFI, n’aurait pas de sens. Reste que son abandon de poste, alors que l’École s’effondre, ne fait pas apparaître une sincérité. Lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne, Attal a aligné les mots des « populistes », cette engeance qui répugne Macron, avant de filer auprès des inondés du Pas-de-Calais. Il a parlé des « classes moyennes », assuré qu’il fallait « garder le contrôle de notre destin », « renforcer la souveraineté nationale, celle de l’Europe, en maîtrisant notre immigration », etc.

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Néanmoins, Macron reste le vrai Premier ministre, dans une Ve République claquemurée qui redoute d’avoir à se confronter au peuple. Contrairement à ce qu’affirme la Macronie, les questions économiques et sociales ne sont pas l’essentiel. Les priorités des Français sont, selon un sondage du Parisien1, le pouvoir d’achat (48%), la sécurité (39%), l’immigration (37%). La jeunesse d’Attal ne peut faire oublier le vieux monde sclérosé dont il est le produit. Peut-on faire une politique de droite quand on est de gauche ? Il est permis d’en douter.

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  1. https://www.leparisien.fr/politique/notre-sondage-sur-ce-que-veulent-les-francais-pouvoir-dachat-securite-et-sante-en-tete-des-priorites-07-01-2024-6Q7PXD5MTZDEPASSIVAHA4OQAM.php ↩︎



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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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