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Olivier Amiel: un premier roman orwellien

« Les petites souris » sont un véritable OLNI, objet littéraire non identifié


Olivier Amiel: un premier roman orwellien
Olivier Amiel

Avec Les petites souris, l’auteur a écrit le 1984 de la woke culture, fondé sur des découvertes scientifiques bien réelles. Il interroge la nature même du roman dans une vertigineuse mise en abyme fictionnelle…


Un écrivain, coupable d’avoir encouru l’ire féministe pour un roman à succès, essaie de se racheter en tricotant sur mesure pour les censeurs l’histoire d’un couple de lesbiennes, dont la passion éclot en prison.

On n’est pas loin de 1984, dans Les petites souris d’Olivier Amiel. On a vérifié auprès du Professeur Google. Le ministère de la wiki-vérité corrobore que toutes les recherches et les découvertes dévoilées dans le roman appartiennent au réel. Quid des applications qui en seront tirées ? La « confabulation thérapeutique » est aussi invraisemblable que l’hélicoptère de Léonard de Vinci ou le sous-marin de Jules Verne l’ont été à leur époque, sauf qu’ils ont fini par voir le jour.

Au générique des Petites souris, les scoops scientifiques ne sont pas les seules stars : leurs inventeurs, les savants qu’on croirait nominés pour le Nobel de la fiction existent tous pour de vrai : Joe Z. Tsien et ses souris élevées en laboratoire, apprennent plus vite et retiennent mieux que leurs congénères nées en liberté. Susumu Tonegawa, qui croit savoir pourquoi les souris de Tsien sont des surdouées, a découvert que les souvenirs sont formés et récupérés grâce à des ensembles de cellules modifiables et  reprogrammables. Quant aux accusations néoféministes suivies de menaces de mort sociale, elles ne sont pas une extrapolation de l’auteur, mais la réalité quotidienne d’une société malade d’ennui.

Plus faux que nature

Au centre du roman dans le roman, ce couple de lesbiennes qui se sont connues en prison.

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Elles sont, au choix, les avatars ou bien les réincarnations, ou encore tout simplement les véritables protagonistes d’amours pénitentiaires, qui ont vraiment existé, comme les souris Doogie. Les autres personnages ont tous l’air plus faux que nature, mais ils sont authentiques, à défaut d’être tous vivants : il y a Sam Sarpong, mannequin aussi célèbre pour sa mort – il a sauté du pont des suicides à Los Angeles – que pour ses défilés et ses films, Neil Patrick Harris, acteur connu pour son statut d’homo à la ville, ou Viki Odintcova, une mannequin russe qui s’est fait photographier au-dessus du vide depuis la terrasse d’un gratte-ciel de 300 mètres à  Dubaï…

Personnalités multiples

Une fois mordu par Les petites souris d’Amiel, on ressort sonné de l’expérience. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est inventé? Dans cette succession de mises en abyme, quel auteur s’adresse à quel public ?

À défaut de convictions innées, le lecteur peut revendiquer des certitudes acquises : l’auteur a des personnalités multiples, les personnages ne sont pas ce qu’ils disent être, ni ce qu’ils croient être et, last but not least, si tout n’est pas dans tout, le rien recèle des surprises.

Les petites souris d’Olivier Amiel (éditions Les Presses littéraires, 118 pages, 11€)

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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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