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Le fantasme du tout-électrique


Le fantasme du tout-électrique
Elon Musk présente en grande pompe son futur pick-up électrique Tesla Cybertruck, à Hawthorne, en Californie, 21 novembre 2019. © FREDERIC J. BROWN/AFP

La voiture électrique n’a pas que des avantages. Chère à l’achat, elle est sensible aux variations climatiques, son autonomie reste limitée et le temps de recharge dépend de sa batterie – et des prises existantes! Quant à sa valeur à la revente, elle baisse aussi vite que la technologie progresse.


Si les véhicules électriques à batterie s’imposent, ils le doivent à la nécessaire électrification des transports pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pas à leurs qualités propres. Leurs performances, leurs prestations et leur facilité d’usage sont inférieures à celles de leurs homologues à moteur thermique. Le véhicule électrique est plus simple à fabriquer que son homologue à moteur thermique, son efficacité énergétique est supérieure, mais il présente de nombreux inconvénients pour l’automobiliste. On peut pointer dix faiblesses des véhicules électriques à batterie.

L’autonomie réelle

L’utilisation d’un véhicule 100 % électrique est fondamentalement différente de celle d’un véhicule thermique. Elle doit prendre en compte une contrainte supplémentaire, celle de la planification de sa recharge en fonction de son autonomie et de son usage prévus. L’autonomie est variable et dépend des performances du véhicule, et plus particulièrement de sa batterie, mais aussi de son utilisation (ville, route, autoroutes, montagne…) et de la météorologie (grands froids, fortes chaleurs).

La puissance des centaines de kilos de la batterie embarquée a beaucoup augmenté au cours des dernières années et les trajets quotidiens ne présentent aucun problème. Il en va tout autrement des longues distances à allure soutenue sur autoroute.

Le coût

Même si, sur l’ensemble de sa durée de vie, un véhicule électrique coûte aujourd’hui au total et en théorie moins cher qu’un équivalent thermique, au moins en bas de gamme, et si les offres se sont considérablement élargies, le coût d’acquisition reste élevé et encore inaccessible aux ménages modestes. Par ailleurs, les véhicules électriques sont encore rares sur le marché de l’occasion qui est de loin celui sur lequel les transactions sont les plus nombreuses.

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Le coût de fabrication du groupe motopropulseur

Le problème du coût élevé à l’achat et à la fabrication d’un véhicule électrique tient avant tout à celui de son groupe motopropulseur et plus particulièrement de sa batterie. Ainsi, pour une voiture à moteur thermique, le groupe motopropulseur représente 18 % du coût de fabrication. Pour un véhicule électrique, cela représente 51 %. Cela signifie que pour faire baisser le prix de vente d’une voiture électrique, il faudra réduire dans des proportions importantes le coût de fabrication des batteries et des moteurs électriques. Même si les capacités de production augmentent rapidement, l’envolée des coûts des matières premières n’est pas vraiment de bon augure.

L’utilisation intensive de métaux stratégiques

Les véhicules électriques permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, quand on les recharge avec de l’électricité décarbonée comme en France, beaucoup moins en Chine avec de l’électricité provenant de centrales à charbon. Mais leur fabrication laisse une empreinte carbone et environnementale deux à trois fois supérieure à celle d’un véhicule thermique. Cela tient aux matières premières et aux métaux nécessaires à la fabrication des batteries et des moteurs électriques.

Le temps de recharge

Il s’agit d’un élément très important pour la facilité d’usage d’un véhicule électrique. Les progrès réalisés au cours des dernières années sont importants et il est possible de recharger à près de 80 % une batterie en trente minutes avec un superchargeur ou un chargeur rapide. Mais cela fonctionne avant tout avec les modèles haut de gamme et il faut pouvoir accéder à ses chargeurs rapides en nombre très limités. En outre, l’utilisation fréquente de recharges rapides coûte cher et réduit la durée de vie des batteries.

Le manque d’infrastructures de recharge

Il s’agit d’un des points clés pour assurer la poursuite du développement des voitures électriques. La France comme l’Europe accumulent les retards par rapport aux promesses d’implantations de bornes. Sans parler d’une jungle de réglementations et de normes pour pouvoir y accéder et les faire fonctionner. Par ailleurs, l’installation de bornes rapides et donc puissantes nécessite des réseaux électriques adaptés, ce qui est loin d’être le cas.

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La dépréciation rapide et la durée de vie des batteries

La dépréciation de la valeur des véhicules électriques est rapide. Cela tient évidemment avant tout aux batteries qui sont une pièce d’usure. Elles se dégradent et ont une espérance de vie de l’ordre de dix ans en fonction de leur utilisation et de leur qualité, notamment le refroidissement. L’espérance de vie d’un véhicule thermique est aujourd’hui bien plus grande.

Des progrès technologiques rapides à double tranchant

Il s’agit d’un paradoxe, mais la vitesse à laquelle se succèdent les lancements de nouveaux modèles plus performants est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les acheteurs. Cela signifie que leurs véhicules électriques offrent des prestations améliorées, mais qu’ils risquent d’être dépassés et obsolètes en quelques années. Il sera ainsi plus difficile de les revendre.

Sensibles aux températures extrêmes

Les véhicules électriques n’aiment pas les grands froids et les vagues de chaleur. Dans le premier cas, outre la consommation électrique importante pour chauffer l’habitacle, les performances mêmes des batteries sont sensiblement réduites. Pour ce qui est des fortes chaleurs, les batteries souffrent moins, mais c’est la nécessité de faire fonctionner la climatisation de l’habitacle qui réduit l’autonomie.

Des constructeurs vont disparaître

Aujourd’hui, aucun constructeur automobile ou presque ne gagne d’argent avec la commercialisation de voitures électriques. Il est très vraisemblable qu’une partie des grands groupes automobiles actuels ne survivra pas à cette mutation forcée. Dans le classement des sociétés les plus endettées au monde, l’automobile est le secteur le plus représenté. Volkswagen est le numéro un mondial avec 192 milliards de dollars de dettes, Daimler-Benz est quatrième (151 milliards), Toyota cinquième (138 milliards), Ford septième (122 milliards) et BMW huitième (114 milliards).

Janvier 2023 – Causeur #108

Article extrait du Magazine Causeur




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