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La RATP a-t-elle voulu annuler Noël?

Déchristianisation de la France et convivialité sous surveillance


La RATP a-t-elle voulu annuler Noël?
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La RATP aurait interdit à ses agents de souhaiter un joyeux Noël aux usagers.


Nous écrivons « aurait », au conditionnel, mais d’ailleurs la RATP n’ayant pas démenti, on pourrait tout à fait employer l’indicatif.

C’est une information sortie par Valeurs actuelles. Un kit de communication a été adressé au mois de novembre aux agents de la RATP par la direction de la ligne A du RER sur les animations de Noël. Oh pardon ! pour les aider à « véhiculer auprès des voyageurs un esprit de fête en partageant avec eux des moments de convivialité ». Une convivialité très surveillée. Dans la même note, on apprend effectivement que certains mots sont bannis. Mots et thématiques sont d’ailleurs partagés en deux colonnes : acceptés/proscrits.

La RATP dit ne vouloir discriminer personne

Ce qui est interdit, évidemment : « Joyeux Noël », la crèche, Jésus ou le calendrier de l’Avent. Mais, vous pouvez dire en revanche « Joyeuses fêtes de fin d’année », parler du Père Noël, des lutins de Noël (!), des rennes ou des cadeaux. L’arbre de Noël est aussi autorisé, mais on ne sait pas si le sapin est casher…

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Sollicitée par le Figaro[1], la Régie répond qu’en tant qu’entreprise publique, « elle applique les principes de laïcité, de neutralité religieuse et de non-discrimination », et qu’elle interdit donc « les termes et symboles religieux ». Joyeux Noël, c’est religieux, mais pas le père Noël ou les lutins de Noël ? Ils n’ont pas compris que c’est le mot « Noël » qui renvoie à la naissance de Jésus et du christianisme. Tout cela n’est pas bien cohérent ! Passons.

La RATP n’est pas un cas isolé. Plusieurs entreprises et municipalités ont également banni « Joyeux Noël » cette année. Songez au grotesque Voyage en hiver de Nantes[2] qui, d’après les commerçants, n’a pas eu un franc succès.

Mais dans un pays laïque, il est normal de proscrire les symboles religieux, dira-t-on

Sauf qu’il ne s’agit pas de symboles religieux. Même les crèches. Je ne suis pas catholique, et moi cela ne me gêne nullement de voir une crèche. Le catholicisme n’est pas une religion parmi d’autres dans notre pays : c’est le substrat culturel de tous les Français, une part de notre identité collective. C’est notre histoire à tous. C’est aussi ça l’assimilation : se sentir héritier d’une histoire et d’une culture commune, d’où qu’on vienne. Et c’est ce que refusent le séparatisme islamiste et l’extrême-gauchisme. Chacun sa vie, chacun son histoire. Bien sûr, eux ils appellent ça le « vivre-ensemble ».

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Bien entendu, ce qui guide toutes ces circonvolutions sur Noël, c’est la peur de froisser les musulmans. Or, les musulmans qui adhèrent aux valeurs et mœurs françaises n’ont aucun problème avec Noël. Il y en a même certains qui le fêtent. Ceux que Noël offusque sont précisément les séparatistes, les adeptes d’un islam identitaire ou politique. On demande aux nouveaux arrivants s’ils acceptent l’égalité des sexes, l’homosexualité etc. – en tout cas on devrait. On pourrait ajouter l’acceptation de Noël dans les conditions pour s’installer en France. Encore faudrait-il que conditions il y ait.

La RATP, qui avait un temps été assez ferme contre les islamistes, veut sans doute ne pas nourrir l’obsession du deux poids – deux mesures. Elle se trompe. En matière d’identité, il doit y avoir un deux poids – deux mesures. La culture française a préséance en France.

Pour la « gauche diversitaire », expression de l’essayiste québécois Mathieu Bock-Côté, c’est le contraire : la culture majoritaire doit se faire toute petite, accorder aux Autres la domination, la préséance qu’elle avait exercée indûment… Cette volonté d’annuler Noël peut sembler dérisoire. C’est l’une des expressions du masochisme français. Vivement les vacances de Pâques !


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale, après le journal de 8 heures.

[1] https://www.lefigaro.fr/conjoncture/la-ratp-a-t-elle-interdit-a-ses-agents-de-souhaiter-un-joyeux-noel-20240109

[2] https://www.causeur.fr/voyage-en-hiver-nantes-le-noel-de-joanna-rolland-ou-le-wokisme-pour-les-nuls-270270



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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