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Pour l’Afrique, le lobby gay a pris le pouvoir en France


Pour l’Afrique, le lobby gay a pris le pouvoir en France
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La récente nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre de la France à seulement 34 ans a captivé l’attention mondiale, non seulement en raison de sa jeunesse, mais aussi de son orientation sexuelle. Alors que la France se concentre sur ce nouveau chapitre politique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, l’Afrique, majoritairement homophobe, pose un regard nuancé sur ce changement de leadership.


En Afrique, l’homosexualité demeure taboue et mal vue par une grande partie de la société qui accuse caricaturalement et faussement l’Occident de lui avoir importé « ce vice » sur son sol. Les gays et lesbiennes africain(e)s font d’ailleurs face à une véritable stigmatisation sociale, souvent obligé(e)s de cacher leur orientation par peur de représailles physiques. Les élites politiques, religieuses et coutumières condamnent elles aussi unanimement l’homosexualité sous toutes ses formes. Aujourd’hui encore, de nombreux pays refusent toujours de dépénaliser les relations homosexuelles. Certains, comme l’Ouganda ou le Nigeria, ont même récemment renforcé leur arsenal juridique anti-gay, s’irritant publiquement des pressions exercées par les ONG ou les alertes constantes des lobbies LGBTQ+ pointés du doigt pour leur « propagande intolérable ». 

L’annonce cette semaine  de la nomination comme nouveau chef de gouvernement de Gabriel Attal a soulevé des préoccupations quant à ses futures visites en Afrique. Selon le Dakar Times qui s’est fendu d’un long article sur le sujet, titrant sans ambages que le « lobby homosexuel avait pris le pouvoir en France », certains dirigeants africains pourraient être très frileux à l’accueillir, « de peur de subir les critiques de leur opinion publique locale ». « Les autorités politiques africaines qui accepteront de recevoir en visite officielle Monsieur Attal pourraient être accusées d’être des promoteurs des LGBT ou d’être homosexuels tout simplement » n’hésite pas à affirmer le jeune quotidien… 

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Le Dakar Times renchérit même en suggérant que la présence du nouveau Premier ministre français pourrait altérer les relations franco-africaines déjà sévèrement mises à mal depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron comme président de la République. L’incident au Cameroun, où l’ambassadeur français en charge des droits des LGBT a été déclaré persona non grata l’été dernier, témoigne de la résistance des pays africains à une approche qu’ils perçoivent comme intrusive et parfois contre-productive. Un écho aux remarques de diplomates étrangers qui se plaignent de la politique de promotion LGBTQ+ initiée par la France en Afrique. Dans un rapport daté de novembre 2023, la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française a vivement recommandé au gouvernement d’adapter les pratiques et les discours aux contextes locaux pour éviter de paraître ingérant. D’autant que, comme le souligne ce même document, les acteurs politiques locaux évitent généralement d’aborder publiquement le sujet, sauf pour le condamner. « (…) Il ne s’agit nullement d’accepter cette situation ni de renier nos valeurs, bien au contraire, mais d’adapter nos pratiques et nos discours aux contextes locaux pour les rendre audibles et acceptables par les populations locales, afin de ne pas agir, à l’étranger, comme si nous étions en France » peut-on lire dans le rapport.

Le Sénégal est un exemple en soi de cette homophobie généralisée en Afrique. Lors de la visite en février 2020 du Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président sénégalais a expliqué sèchement que l’interdiction de l’homosexualité dans son pays « relevait de la spécificité culturelle de son pays ». « Organiser une gay parade (…), ce n’est pas possible parce que notre société ne l’accepte pas. La société, elle va évoluer, ça prendra le temps que ça prendra. (…) Chaque pays a son propre métabolisme » avait alors rappelé Macky Sall. Ancienne colonie française, le Sénégal a une justice répressive envers la communauté LGBTQ+ et s’appuie pour cela sur une ordonnance française de juin 1942 signée par le Maréchal Pétain, qualifiant les relations entre personnes de même sexe comme un « acte impudique ou contre nature ». Encore il y a peu, trois mois de cela, « le corps d’un jeune homme décédé, suspecté d’être gay, a été déterré et publiquement brûlé par une foule en colère ». Publiée sur les réseaux sociaux, la vidéo a suscité l’indignation générale contraignant la justice sénégalaise à ouvrir une enquête.

Pour le Dakar Times qui enfonce le clou, il est crucial pour la France de reconnaître la nécessité d’ajuster sa diplomatie aux réalités africaines, en évitant de projeter des valeurs qui pourraient être perçues comme étrangères. La première visite du Premier ministre Gabriel Attal en Afrique pourrait ainsi être un test déterminant pour les relations franco-africaines, mettant en lumière la délicate balance entre les droits humains et le respect des traditions locales.




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Journaliste , conférencier et historien.

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