L’objectif des mouvements indigénistes dont Houria Bouteldja est l’égérie est tout simplement de « prendre le pouvoir » en remplaçant les Blancs par une « majorité décoloniale » – avec la complicité de la gauche radicale mélenchonienne. Après Alexandre de Galzain, Didier Desrimais se penche sur la conférence ahurissante mais sincère de la militante racisée.
Intéressé et intrigué par le papier d’Alexandre de Galzain sur la récente conférence donnée par Houria Bouteldja à deux Youtubeurs d’extrême-gauche, j’ai eu envie d’en savoir plus, ai pris mon courage à deux mains et me suis coltiné ladite conférence. Comme Alexandre de Galzain en a finement analysé la deuxième partie, je ne m’attarderai ici que sur la première heure de cette hallucinante mais instructive causerie. À propos du PIR (Parti des Indigènes de la République) et des mouvances décolonialistes, islamistes et racialistes adossées à ses idées, Houria Bouteldja assume le caractère révolutionnaire et l’objectif final de ces mouvements qui est de « prendre le pouvoir ». L’activiste indigéniste n’agit pas principalement pour faire avancer des droits ou améliorer le sort des opprimés mais pour « remplacer les Blancs » par une « majorité décoloniale » (sic). Afin de parvenir à leurs fins, « il nous [les dirigeants du PIR] est arrivé souvent de faire des alliances avec la gauche radicale, en tout cas celle avec laquelle nous étions d’accord sur les violences policières, le racisme structurel, l’islamophobie, etc. » Pour élargir son influence, dit-elle, le PIR a organisé des manifestations (Marche de la dignité, Conférence contre l’islamophobie, etc.) dans le seul but d’obtenir l’aval de certains organismes politiques et associatifs. « Avant même d’organiser la première marche de la dignité des femmes non-blanches parrainée par Angela Davis, nous, nous nous disions en interne au sein du PIR : il nous faut Mélenchon. […] Il faut qu’il n’ait pas le choix que de soutenir cette marche. » Ainsi le patron de LFI devint-il celui qu’elle appelle affectueusement son « butin de guerre ». Au bout de quelques années d’entrisme indigéniste au sein du Parti de Gauche puis de LFI, Houria Bouteldja avoue examiner « cette chose politique appelée LFI » avec grande satisfaction : « Nous, on la regarde et on se dit : une partie de nous-mêmes est à l’intérieur puisqu’on les a transformés ». Elle se réjouit par conséquent des derniers propos de Mélenchon (« La police tue », etc.) et soutient cette « organisation blanche », certes, mais composée de « Blancs transformés ». Car l’objectif du mouvement décolonial, répète-t-elle, c’est « la transformation des Blancs ». Mais, précise-t-elle, si l’alliance avec LFI a permis de faire bouger les choses dans le sens voulu par les islamo-décolonialistes, « cela ne suffira pas ». Nul besoin qu’elle précise le fond de sa pensée : elle attend l’acmé révolutionnaire, c’est-à-dire la violence ultime et raciste qu’on devine dans les propos qu’elle tenait déjà en 2006 face à la féministe de gauche et adepte des thèses décolonialistes, Christine Delphy, dans la revue Nouvelles questions féministes : « Demain la société tout entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc. Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n’aura rien à se reprocher devra quand même assumer toute son histoire depuis 1830. N’importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres ». Et de préconiser, pour « sauver [nos] peaux », adhérer au projet du PIR et de ses affidés. Comme l’écrit Bruno Lafourcade dans Les nouveaux vertueux (2017), « finalement, la grande originalité de Mme Bouteldja et de ses “indigènes”, c’est de prévenir les Blancs qu’ils vont se faire massacrer ».
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Notons que les deux animateurs de cette conférence n’ont pas brillé par leur esprit de contradiction, ni d’ailleurs par leur esprit tout court. Ces deux jeunes “YouTubeurs” ne voient aucune difficulté à parler de concert avec leur invitée des « petits Blancs » et à militer pour le port du voile islamique. Ils connaissent apparemment leurs Françoise Vergès, Rokhaya Diallo et Houria Bouteldja sur le bout des doigts. Leur phraséologie desséchée combine une terminologie pseudo-marxiste et les slogans décolonialistes et racialistes à la sauce indigéniste. Antiracisme et anti-impérialisme, décolonialisme et anti-capitalisme, féminisme et “privilège blanc” s’entremêlent dans un verbiage mécaniquement ânonné. Aucun d’eux n’a, semble-t-il, perçu l’ironie de leur position dans ce jeu de rôles permettant à Mme Bouteldja de dire plus ou moins en filigrane sa haine des Blancs, des Juifs, des homosexuels, des Français en général. On peut imaginer la jubilation maligne de la militante indigéniste qui a écrit : « Je hais la mauvaise conscience blanche. Je la maudis » (1), devant la remarquable incarnation de la haine de soi figurée par ces gauchistes abhorrant leur “blanchité”. Deux “petits Blancs”, d’une ignorance crasse, honteux de l’histoire de leur pays, bêtes à manger le poison wokiste ; deux petits Occidentaux masochistes, heureux de se faire démolir devant un public hilare, prêts à toutes les compromissions et à toutes les dhimmitudes, déjà soumis – quel pied pour cette révolutionnaire qui lutte activement pour la « transformation des Blancs » !
D’un autre côté, on ne peut pas demander à ces très jeunes gens d’être plus intelligents que certaines sommités du monde dit intellectuel qui signèrent en juin 2017 dans Le Monde une tribune en soutien à la porte-parole du PIR. Entre autres signataires, la commissaire politique des salons littéraires, Annie Ernaux, ne trouvait-elle pas que le livre de Mme Bouteldja intitulé Les Blancs, les Juifs et nous était « en avance sur son temps » et que la critique faite à son auteur était « insupportable » ? Elle, si prompte à dénoncer certain « pamphlet fasciste », n’a pas hésité à défendre un livre ouvertement raciste, antisémite et homophobe. Un des deux animateurs a visiblement lu avec des lunettes ernaussiennes l’ouvrage susmentionné et ne peut retenir un curieux cri du cœur à l’encontre de l’indigéniste : « Tu es la penseuse qui permet de réconcilier les gens ». Mme Bouteldja se marre.
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Houria Bouteldja n’a jamais caché ses accointances avec feu le CCIF. Elle hait « le peuple blanc propriétaire de la France. Prolétaires, fonctionnaires, classes moyennes, [ses] oppresseurs » (1). Elle exècre les « féministes blanches » et dit n’appartenir qu’à « [sa] famille, à [son] clan, à [sa] race, à l’Algérie et à l’islam » (1). Mélenchon et l’extrême-gauche dans son ensemble ne sont pour elle et ses alliés que des idiots utiles à la cause indigéno-islamiste. Si l’extrême-gauche croit pouvoir sortir gagnante de cette alliance contre-nature, elle se met le doigt dans l’œil. Elle le saurait si elle avait ne serait-ce qu’une once de connaissances historiques et d’acuité intellectuelle. La « politique de l’amour révolutionnaire » promue par Mme Bouteldja, c’est le baiser de la mort islamiste. Boualem Sansal, dans un entretien récemment publié sur le site Atlantico, ne dit rien d’autre et prévient : « Pour les islamistes, nous sommes tous des Kleenex. […] Ils se fichent comme de leur première gandoura des wokistes, des insoumis, des intelligents utiles et des passeurs affectueux, ils seront les premiers à être décapités quand l’islamisme sera au pouvoir, ce qu’il est déjà puisqu’il tue et décapite qui il veut, quand il veut, où il veut. Les islamistes haïssent par-dessus tout les faibles, les efféminés et les hypocrites qui viennent les comprendre, les défendre, leur porter le sac. […] Il est temps en France de méditer l’histoire du scorpion qui pique la grenouille qui l’a aidé à traverser la rivière. »
Le 7 octobre 2020, Houria Bouteldja annonçait sa démission du PIR. « Aujourd’hui le PIR rayonne dans toutes les universités et les milieux antiracistes occidentaux », claironnait-elle alors. Elle n’avait pas tort et, malheureusement, cela s’est encore aggravé ces dernières années. Plus coassantes que jamais, des grenouilles universitaires, politiques, médiatiques, artistiques ou YouTubeuses portent sur leurs dos les scorpions islamo-décolonialistes et les aident à traverser la rivière. Assis sur le bord de celle-ci, tout à la fois amer et plein d’une joie non contenue, j’attends patiemment de voir passer, comme prévu, les cadavres de ces stupides batraciens.
(1) Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (La Fabrique, 2016).
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