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De grâce, laissez-nous parler de politique!

Ne laissons pas un "système médiatique" nous voler une nouvelle présidentielle


De grâce, laissez-nous parler de politique!
Le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon débat avec Eric Zemmour ce soir à 20h45 sur BFMTV

Oublions les boules puantes de la presse people et regardons plutôt le débat Zemmour / Mélenchon ce soir sur BFM TV!


Un goût amer de déjà-vu : dès qu’un candidat parle vraiment de politique, comme s’il s’avisait d’ouvrir la boîte de Pandore, il faut trouver à toute vitesse moyen de changer de sujet. En 2017, la candidature de François Fillon, seule à créer les conditions du choix, et donc du débat, se perdait dans les sables d’une affaire aux confins du médiatique et du judiciaire, à la frontière décidément poreuse entre morale et opportunisme politique.

En 2022, à peine Eric Zemmour a-t-il troublé le ronronnement d’une pré-campagne qui s’annonçait comme un nouveau navet – mauvais acteurs jouant un scénario déjà connu, à écouter, s’il le faut vraiment, en fond sonore – que l’on jette entre ses pieds une polémique douteuse et, pour le dire crûment, en-dessous de la ceinture. Faut-il y voir la main du Pouvoir, comme le candidat putatif ? C’est une possibilité, après tout, les liens opaques et mutuellement bénéfiques entre « presse people » et politique ayant déjà nourri les soupçons de l’institution judiciaire. Mais enfin, si l’on se demande, comme Cicéron, Cui bono ? – à qui profite le crime ? – je vois sans peine d’autres suspects.

La jalousie, d’abord : jalousie des autres candidats, face à un intrus qui ne vient ni du sérail, ni du cursus honorum, face à un candidat qui n’est même pas candidat mais s’impose déjà comme la principale attraction des élections présidentielles, face à des sondages qui sont aussi flatteurs pour lui qu’inquiétants, voire humiliants pour les autres ; jalousie de ses futurs-anciens confrères, qui ne manquaient déjà aucune occasion d’accompagner ses succès d’audience par des règlements de compte au sein des rédactions ; et jalousie peut-être, après tout, si l’on continue dans la veine du vaudeville, d’un soupirant éconduit par la « radieuse directrice de campagne (…) indispensable et solaire » que décrit Paris-Match.

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La paresse, aussi, est un suspect prometteur : à voir le décalage entre les questions posées à l’écrivain lors de récentes interviews et ses réponses, ou, pour être plus exact au risque d’être plus cruel, à voir le contraste entre les ressassements de bonnes consciences au mieux engourdies, au pire confites, et la paradoxale fraîcheur de positions pourtant largement répandues dans la société française, on peut imaginer que certains veuillent remettre à plus tard une douloureuse et laborieuse mise-à-jour du logiciel.

Je ne continuerai pas la liste des sept péchés capitaux (avis aux amateurs d’orthographe) : l’orgueil encore, la colère, la cupidité sont peut-être le coupable, la luxure, ma foi… a déjà joué sa part. Pour ma part, je revendiquerai, avant, bien sûr, de faire contrition, la gourmandise : car, après des années, non, des décennies de jeûne, j’ai un appétit féroce pour un véritable débat politique et la confrontation des idées !

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