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Dans la famille Agag-Boudjahlat, je demande le frère…

A-t-il eu peur des menaces de Taha Bouhafs?


Dans la famille Agag-Boudjahlat, je demande le frère…
Kamel Agag-Boudjahlat, © capture d'écran France Bourgogne-Franche-Comté

Kamel Agag-Boudjahlat a été très éphémèrement candidat RN aux élections. Récit.


Désigné le 30 avril tête de liste pour le Rassemblement national dans le territoire de Belfort, Kamel Agag-Boudjahlat retire sa candidature trois jours plus tard.

La désignation avait fait parler d’elle : comme l’habitant du quartier de la Petite Hollande à Montbéliard le reconnaît lui-même, la « prise » était intéressante pour un parti en quête permanente de dédiabolisation, tout comme son expérience auprès de la jeunesse des quartiers difficiles était un réel atout. Mais elle avait aussi entraîné bon nombre de réactions indignées et tout un lot d’attaques et de menaces contre sa famille. Face à ces dernières, le candidat déclarait tenir bon, quoique difficilement, comptant sur le soutien plein et entier de Julien Odoul, chef de file de la région qui l’avait imposé.

À lire aussi, entretien avec Fatiha Agag-Boudjahlat: “Mon frère salafiste et mon frère témoin de Jéhovah considèrent l’homosexualité comme une abomination”

Après l’annonce de son désistement, c’est un tout autre son de cloche. Déclarant ne plus pouvoir supporter les menaces, tout comme l’incompréhension de nombre de ses proches ne s’expliquant pas son engagement, le chess-boxeur [nouveau sport hybride, mélangeant échecs et boxe anglaise ! NDLR] dit avoir voulu « infiltrer » le RN. Soucieux de poursuivre son combat en faveur des quartiers sensibles, un siège de conseiller régional lui avait paru confortable, et les sondages favorables au RN lui désignèrent la meilleure opportunité à saisir. L’idée était de « tomber » le masque une fois élu, et d’œuvrer alors comme représentant des quartiers prioritaires.

Une trahison ?

Être nommé tête de liste fut aisé : « il suffisait de parler de violences et d’insécurité », bien que la désignation par les instances supérieures de ce nouvel encarté sur foi de sa bonne mine irrita quelque peu les militants historiques. Il ôta cependant le masque plus vite que prévu, assortissant son coup de théâtre d’un appel à voter contre le RN et de l’annonce de la préparation d’un livre sur l’expérience.

La direction du parti de droite nationale, préfère, elle, dénoncer plutôt la campagne de harcèlement dont il fit l’objet, preuve, selon Julien Odoul, qu’aujourd’hui un Français d’origine maghrébine n’était pas libre de se présenter comme il l’entendait.

Les campagnes de harcèlement, c’est aussi le quotidien d’une autre Agag-Boudjahlat, célèbre, sœur ainée du précédent, enseignante, militante et essayiste : Fatiha Agag-Boudjahlat. Elle est en pleine promotion de son dernier ouvrage, les Nostalgériades (voir notre recension). Celle-ci, a récemment témoigné sur la violence des attaques qu’elle subissait, notamment de la part de Taha Bouhafs, qui, à l’annonce de la candidature de son frère n’avait pas manqué d’y voir une preuve de son prétendu extrémisme. L’essayiste défend son frère, dont elle se dit très proche et admiratrice du travail, dit qu’il y a une grande diversité d’opinions dans leur nombreuse fratrie et réaffirme son attachement à la liberté individuelle. Après l’annonce du retrait politique de ce dernier, elle n’a pas souhaité commenter davantage, quand Causeur la sollicite. Elle dit voir dans cet épisode un coup médiatique de Julien Odoul, et avoir tenté de dissuader son frère de rejoindre le RN, consciente de la violence qui en découlerait.




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est historien.

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