Accueil Édition Abonné L’extrême gauche sud-africaine, pro-russe, veut que les forces françaises se retirent du continent

L’extrême gauche sud-africaine, pro-russe, veut que les forces françaises se retirent du continent

L'Afrique aux Africains, ou l'Afrique vassalisée par Poutine?


L’extrême gauche sud-africaine, pro-russe, veut que les forces françaises se retirent du continent
Militants des Combattants pour la liberté économique, le mouvement de Julius Malema, Afrique du Sud © EMMANUEL CROSET / AFP

C’est une manifestation inédite qui a eu lieu en Afrique du Sud en mai dernier. Des centaines de personnes issues de la gauche radicale, menée par le tonitruant Julius Malema, se sont rassemblées devant l’ambassade de France afin de protester contre la présence et l’ingérence de l’Hexagone en Afrique. 


Le 25 mai 2022, les Combattants pour la liberté économique (EFF) se sont distingués lors de la Journée mondiale de l’Afrique.

Acheminés par cars entiers, les partisans de Julius Malema ont manifesté le long de l’avenue menant à l’ambassade de France située à Pretoria. Munis de pancartes rouges, couleur de cette force politique, la troisième d’Afrique du Sud, ils ont scandé des slogans anti-français.

Africains insoumis

Une première dans le pays de Nelson Mandela où une partie de la population descend directement des premiers huguenots arrivés au Cap au cours du XVIIème siècle, fuyant les dragonnades de Louis XIV. « La France est responsable de génocide en Afrique », « L’Afrique de l’Ouest n’est pas une colonie française », « Richesse de la France sur le dos des Africains », « la France dehors »… pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants qui ont fini par bloquer les entrées du bâtiment et exigé de voir l’ambassadeur Aurélien Lechevallier, tenant de « la suprématie blanche française », selon eux. 

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Réticent à l’idée de partir à leur rencontre, vu le nombre important de manifestants, le diplomate français a fini par céder après la menace de Malema de bloquer toute la rue tant qu’il ne descendrait pas écouter la lecture de leur mémorandum. Face à l’ambassadeur, le leader des Combattants pour la liberté économique a regretté de constater que « la France continuait de maintenir des bases militaires fortes et intimidantes dans presque tous les pays africains sur lesquels elle avait un contrôle colonial ». « Les pays africains qui étaient sous la domination française continuent de payer des impôts coloniaux et versent actuellement plus de 500 milliards de dollars au Trésor français chaque année » croit savoir le militant politique. « La France doit accorder la pleine indépendance à tous les pays africains et leur permettre de déterminer leurs propres monnaies, politiques monétaires et orientations économiques » a demandé Malema, exigeant que l’Hexagone retire tous ses régiments du continent. 

Un ultimatum grotesque

Connu pour ses provocations, il a donné sept jours à l’ambassadeur pour faire part de ses demandes à Paris et obtenir une réponse, menaçant de « saper la politique africaine de la France » en cas de refus. L’ambassadeur Aurélien Lechevallier a refusé de signer le mémorandum et rappelé à Julius Malema que « la France est un partenaire fiable de l’Afrique du Sud et un ami du peuple sud-africain ». Rien qui n’a convaincu Julius Malema. « Les Français alimentent les divisions au sein du continent et les organisations africaines, telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ou l’Union africaine (UA), réduites à de simples spectateurs et qui accueillent désormais des colonialistes et des voleurs de terres, comme Israël, en tant qu’observateurs dans leurs rangs », affirme cet émule de Robert Mugabe, l’ancien président du Zimbabwe bien connu de son vivant pour ses diatribes anti-Blancs.  

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Julius Malema a récemment apporté son soutien à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Lors d’un discours prononcé en mars dernier, il a publiquement remercié la Russie, « ce pays qui a été là quand c’était nécessaire » (allusion aux livraisons d’armes par les soviétiques à l’Umkhonto we Sizwe, la branche armée du mouvement de Nelson Mandela, durant la lutte contre l’apartheid). « (…) Donnez-leur une leçon, nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial, nous sommes fatigués d’être vassalisés par l’Amérique » a crié Malema à une foule nombreuse venue acclamer l’étoile montante marxiste de la politique sud-africaine. 




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Journaliste , conférencier et historien.

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