Accueil Édition Abonné À quel saint se vouer?

À quel saint se vouer?

Un maire belge lance l'idée de changer le nom de Saint-Nicolas en Sidi Nicolas


À quel saint se vouer?
La Reine Mathilde et Saint Nicolas, Bruxelles, 5 décembre 2009 © JENNIFER JACQUEMART/BLAU/SIPA

En Belgique, le bourgmestre de Saint-Gilles souhaite une fête de la Saint-Nicolas plus inclusive. Saint-Nicolas serait renommé Sidi Nicolas, il distribuerait des clémentines venues du Maroc, et son compagnon, l’anachronique père Fouettard serait oublié…


Saint-Gilles, moine et ermite, est prié pour la rémission des malades mentaux. Il intercédait auprès des cieux, dès le VIIe siècle, afin d’attirer la miséricorde divine chez les cinglés. Il semble qu’il ait pris sa retraite, bien qu’il ait laissé derrière lui de nombreuses paroisses et une commune belge de la Région bruxelloise. Cette commune, Saint-Gilles, aurait pourtant urgemment besoin de son saint patron.  

Exit le père Fouettard

Dans de nombreuses contrées françaises et dans toute la Belgique, les écoliers commencent tout doucement à se tenir à carreau et à mémoriser leurs tables de multiplication. Ou, plus vraisemblablement, à absorber sans relâche la doxa chauffiste. Mais dans les deux cas, l’objectif est le même : s’attirer les bonnes grâces de Saint-Nicolas.

À lire aussi, du même auteur: Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

Évêque en Turquie, Saint-Nicolas est, lui, le patron des enfants sages auxquels il distribue, le 6 décembre, des cadeaux et des oranges. Il est accompagné d’un âne et d’un page maure. Ce dernier subit depuis longtemps les coups de boutoir de la bienpensance décoloniale qui ignore qu’en Turquie, et dans tout le Proche-Orient, les dignitaires ne se déplaçaient que suivis de leur page. Pour l’instant, l’âne est épargné, mais le page disparait, au grand soulagement des écoliers susmentionnés, car il avait pour fonction de fouetter les garnements et les cancres, d’où son nom de « Père Fouettard ». Mais on ne donne jamais assez de gages aux nouveaux maîtres-censeurs et le bourgmestre de Saint-Gilles, à qui personne n’avait rien demandé, a eu une idée.

Les oranges grand-remplacées par des clémentines

Sa commune étant largement « diversifiée », c’est-à-dire qu’elle est à peu près uniformémement marocaine, Monsieur Jean Spinette, le bourgmestre socialiste, bio-équitable-recyclable et surtout islamo-complaisant, a donc proposé une nouvelle version de la multiséculaire fête du grand saint qui sillonnera sous peu les vieux pavés saint-gillois. Exit bien sûr le père Fouettard et, plus inventif, exit aussi les oranges. Elles seront remplacées par des clémentines. Et pas n’importe quelles clémentines, des clémentines en provenance de la ville marocaine de Berkane. En effet, précise Jean Spinette, nombre de Saint-Gillois sont originaires de Berkane. Et ils ont le droit de vote.

À lire aussi, Jeremy Stubbs: Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

Mais il est possible que l’électorat de Monsieur Spinette ne se contente pas de ce geste « intersectionnel » (sic). Aussi propose-t-il de rebaptiser Saint-Nicolas en Sidi Nicolas, afin que chacun se rappelle sa soumission, une fois dans l’isoloir. Ha ça, « quand on invente un jeu de cons » comme disait Audiard, il n’y a pas de raisons de s’arrêter. « Pour nous, Saint-Nicolas doit être respectueux de l’environnement, respectueux des cultes et intersectionnel. Le Père Fouettard a d’ailleurs été viré depuis longtemps », a-t-il confié à nos confrères de la DH.

Il ne nous reste plus qu’à prier Saint-Gilles, patron des siphonnés, et plutôt deux fois qu’une ! 




Article précédent Maurice Genevoix, nos morts, la France
Article suivant Succès ravageur
Romancière et scénariste belge, critique BD et chroniqueuse presse écrite et radio. Dernier roman: Sophonisbe.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération