Accueil Politique Pour en finir avec le virus, finissons-en avec la Vème!

Pour en finir avec le virus, finissons-en avec la Vème!

L'édito politique de Jérôme Leroy


Pour en finir avec le virus, finissons-en avec la Vème!
Manifestation à Rennes, le 17 novembre 2020 © Mathieu Pattier/SIPA Numéro de reportage: 00991448_000005

La cinquième république, surtout entre les mains de Macron, est devenue un régime archaïque et antidémocratique.


La chose qu’à titre personnel, j’aurais eu le plus de mal à  supporter, depuis le mois de mars de l’année dernière, c’est le caractère divin de la parole présidentielle, la manière dont l’ensemble de la population est suspendue aux  discours de Macron à 20 heures tapantes. Qui est Macron, à ce moment-là ? Le président élu, certes. Mais c’est aussi un homme seul derrière son bureau qui a décidé en dernier ressort de ce qu’il serait possible de faire et de ce qui ne le serait pas. Il décide si vous pourrez aller travailler, et comment. Si vous irez à l’école et comment. Il décide même, jusqu’au ridicule, de ce que vous pourrez consommer ou pas. L’infantilisation est totale.

 Le conseil de défense, « the place to be »

C’est la constitution de la Vème république qui lui donne ce pouvoir exorbitant et humiliant pour les citoyens d’une démocratie. Elle a été voulue par De Gaulle mais De Gaulle était un géant, comme Gargantua. Le géant, parce qu’il est sûr d’être un géant, n’hésite pas à limiter son pouvoir de lui-même.

Jusqu’à la sinistre réforme du quinquennat, il y avait par exemple la possibilité que la majorité change à l’assemblée en cours de mandat. Cela avait l’avantage de religitimer ou pas l’action du président. Désormais, depuis Chirac, le président a autant de pouvoir pendant cinq ans, plus peut-être, qu’en avait un roi de France qui lui au moins, avait en guise de légitimité le droit divin et des siècles d’Histoire. Et puis De Gaulle, le jour où un referendum l’a désavoué, il est parti. Il avait même failli partir dès 1965 quand lors de la première élection au suffrage universel, il avait ressenti comme une humiliation le fait d’être contraint à un second tour.

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La perversité de la cinquième république, en plus, c’est qu’elle est séduisante même pour celui qui l’avait toujours condamnée, une fois qu’il est élu. L’exemple le plus éclatant de cette séduction, c’est Mitterrand, inlassable pourfendeur de cette constitution qu’il qualifiait de coup d’état permanent mais qu’il a trouvée, une fois élu, tout à fait confortable. Quant à Macron, évidemment, dès le soir de l’élection, on a bien compris avec la métaphore jupitérienne, que son entreprise de soi-disant modernisation de la France s’exercerait dans tous les domaines, sauf dans celui de son pouvoir absolu qui lui permet aujourd’hui de prendre ses décisions sanitaires et politiques par l’intermédiaire d’un conseil de défense qui a, de facto, remplacé le conseil des ministres. Le conseil de défense, c’est « the place to be » si on aime le pouvoir.

Sécurité globale

Regardez par curiosité la composition de cette instance. Il n’y a pas d’élus de terrain et ses membres sont tenus au secret défense. On pourrait au moins y associer des parlementaires ou des maires de grandes villes. Mais non, la pandémie est une affaire trop sérieuse pour la laisser, de près ou de loin, au peuple qui en est pourtant la première victime.

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Chaque allocution présidentielle me paraît donc comme un archaïsme effrayant et liberticide. Je me sens beaucoup plus atteint dans mes libertés par le fait de dépendre de cette seule parole que d’être obligé de porter le masque ou de remplir une attestation kafkaïenne. Ce sont certes des atteintes à ma liberté mais plutôt moins que la loi de sécurité globale qui inquiète même l’ONU et la Commission européenne car évidemment, avec une telle constitution, la tentation est grande quand on dispose d’un tel pouvoir, de profiter de la pandémie pour négocier un virage autoritaire, voire franchement illibéral.

Marionnettes épuisées

Je n’aurais jamais cru écrire cela un jour, mais je regrette de ne pas être allemand,  d’avoir à la manœuvre une Angela Merkel qui mène sa barque sans tralalas dramatisants, avec méthode, modestie. Avec plus d’efficacité aussi, au moment où nous avons dépassé les cinquante mille décès.

Et surtout, elle arrive à ce résultat sans avoir besoin de réduire son parlement à une chambre d’enregistrement, ses ministres à des sous-fifres chargés de l’intendance et ses concitoyens à des marionnettes épuisées.



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