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UDMF: victimisation et antisionisme au programme de vos prochaines municipales


UDMF: victimisation et antisionisme au programme de vos prochaines municipales
Eric Berlinger et Nagib Azergui, lancement de la campagne de l'UDMF des élections municipales à Clichy-la-Garenne, le 1er décembre 2019 Photo: JACQUES DEMARTHON / AFP

Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner ou les journaux de gauche comme Libération peuvent bien faire la sourde oreille. Le programme de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) demeure très problématique.


Les élections municipales approchant à pas de géant, des micro-partis éclosent en France avec des ambitions communautaristes. C’est ainsi que le 1er décembre, la bien nommée Union des démocrates musulmans français (UDMF) a lancé sa campagne municipale à Clichy. Ne nous attardons pas sur le paradoxe indémêlable d’un parti qui revendique son islamité et qui se veut pourtant laïc. Il a beau s’en défendre, l’UDMF est un parti communautaire.

L’UDMF a recueilli modestement 29 000 voix aux européennes de mai 2019 et compte 800 adhérents. Néanmoins, face à la lente progression de ces partis, Xavier Bertrand et Bruno Retailleau ont mené campagne pour lutter contre leur développement et déposé une loi au Sénat, déclenchant une série de réactions symptomatique du terreau d’innocence sur lequel le communautarisme peut pousser.

Voir ce que l’on voit

Libération publie le 21 octobre un article intitulé : « L’UDMF, le parti musulman qui dérange la droite », confondant la droite avec les républicains de tout bord. A-t-il échappé à Libération que l’UDMF se revendiquait « anticolonialiste et antisioniste » [tooltips content= »Utilisée par le parti en 2012, cette terminologie d’assez mauvais genre semble toutefois avoir été écartée… »](1)[/tooltips], une affiche qu’il est étrange de tenir dans une France qui, à ma connaissance, ne possède plus de colonies, et qui s’illustre par ailleurs bien peu en faveur d’Israël ? A Libération, ne s’interroge-t-on vraiment pas quand il est constaté que la promotion de la finance islamique ou l’enseignement de l’arabe à l’école font partie des points centraux d’un programme politique? Seulement voilà: l’UDMF sait parler à Libération, dans la langue des droits de l’homme, de la grande lutte contre “l’islamophobie” européenne, de la sempiternelle comparaison avec « les heures les plus sombres » de notre histoire.

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Politiquement, le déni a culminé le 7 octobre, dans la déclaration de Christophe Castaner selon laquelle « il n’existe pas de liste communautaire puisque personne ne se revendique ainsi. » Comme il n’existe bien entendu pas de gens idiots, puisque personne ne se revendique ainsi!

La victimisation et l’antisionisme comme programme?

« Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit » : cette injonction de Péguy est celle que certains commentateurs devraient relire chaque soir avant de s’endormir. Voyons voir, alors, ce qu’il y a à voir.

L’UDMF, créé en 2012, connait un succès modéré mais tout de même prometteur : il a fait 5% à Mayotte aux élections législatives de 2017, a atteint 7,43% à Garges-lès-Gonesse aux européennes de 2019 et a même recueilli 30% des voix dans un bureau de vote à Maubeuge. Sa taille ne change rien au raisonnement : prétendant « désislamiser les débats »[tooltips content= »Comme indiqué dès la page d’accueil de son site »](2)[/tooltips], le parti musulman finit en réalité par séduire dans les territoires où l’on rassemble mieux sous la communauté de l’oumma que sous la bannière nationale.

Leur programme ne manque pas de perches communautaires : enseignement de l’arabe à l’école, sous prétexte qu’elle est la 3eme langue la plus parlée au monde, abrogation de la circulaire Châtel de 2012 sur les signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires, et favorisation de la finance islamique, hypocritement rebaptisée « finance alternative ». Ces mesures ne vont pas sans la rhétorique victimaire habituelle, l’appel à « l’exemplarité de la police » (l’UDMF l’estime donc non-exemplaire?), et des procès en racisme qui drapent en réalité la mise en cause de la laïcité.

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Dernière chose notable: l’antisionisme comme programme. Après avoir tant dit que l’importation du conflit israélo-arabe a été responsable de tant de meurtres antisémites, après avoir compris les motivations d’un Mohammed Merah, comment ignorer qu’un parti français dont l’un des fondements est « l’antisionisme » charrie l’antisémitisme d’un certain fragment de la communauté musulmane, dont certains radicaux décident à l’occasion de passer à l’acte ? Il est notable que l’UDMF triomphe là où l’alya intérieure (le départ de la communauté juive sous la pression de l’antisémitisme) a été la plus massive, autrement dit là où le « pro-palestinisme » de mairies communistes « rouges-vertes » a fait bondir le nombre d’actes antisémites : La Courneuve (passée de 300 familles juives à 80 en 10 ans), Clichy-sous-Bois (de 400 à 80) et d’autres qui entourent Bobigny, où l’UDMF a fait élire son seul conseiller municipal.

L’UDMF doit certainement compter des démocrates de bonne volonté, et l’interdire serait vraisemblement vain. Le communautarisme saura toujours se nicher dans les partis revendiqués républicains, La France Insoumise en premier chef. Reste que ce parti présente bien un programme qui vise à culpabiliser la France et les forces de l’ordre, et qui comporte des mesures qui font la promotion de la visibilité maximale de la religion et d’une certaine identité musulmane. Assurément il peut convaincre les idiots utiles de l’islamisme, séduits par le passage à une société multiculturelle, ainsi que toute une sociologie électorale plus occupée par la détestation d’Israël que par l’amour de la France. Pour l’instant, mais tout ceci n’a pas suffit à convaincre la plupart des observateurs de l’existence de partis « communautaires. » On n’en finira donc jamais avec la méthode de l’autruche.

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