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Tout le monde aime Laurent Nuñez

À l'approche des Jeux Olympiques, Laurent Nuñez affiche un optimisme étonnant


Tout le monde aime Laurent Nuñez
© J.E.E/SIPA

Invité de France 5, mercredi, le préfet de police a révélé que le Nouvel An était en réalité plus difficile à gérer et plus périlleux que la cérémonie d’ouverture des JO, devant une Caroline Roux qui écarquillait les yeux. Terroristes, délinquants, prenez garde : avec Laurent Nuñez, nous avons un justicier dans la ville.


Le préfet de police de Paris est le petit chouchou politico-médiatique de ce début d’année. Dans Le Parisien du 31 décembre, on apprenait que, dans le fond, de la droite à la gauche, tout le monde aimait bien Laurent Nuñez, même les « Insoumis ». Quand Louis Boyard l’appelle, par exemple, il le prend au téléphone, et le député trublion du Palais Bourbon se montre « toujours très courtois au téléphone ». Des émeutes contre la réforme des retraites aux manifestations propalestiniennes, tout ce petit monde a pris l’habitude d’être en communication, et à bien se mettre d’accord sur les itinéraires des cortèges.

L’attitude à la fois « ferme et apaisée » du préfet de police contraste avec celle de son prédécesseur, Didier Lallement, qui n’a laissé un grand souvenir à personne.

Invité de Caroline Roux, mercredi 3 janvier, dans C dans l’air, il était venu parler des home-jackings, ces cambriolages violents menés le plus souvent quand les victimes sont chez elles, et qui ont touché un certain nombre de vedettes de la télé et du football. Pas de quoi s’alarmer, selon le préfet, l’effet loupe joue à plein en raison de la notoriété des personnes ciblées. D’après Laurent Nuñez, « les tendances [concernant la délinquance, les vols, les violences à Paris en 2023] ont continué à être bonnes, y compris sur les cambriolages. On ne se donne pas des satisfecit en disant ça. On sait très bien que la délinquance est structurellement très élevée en Ile-de-France en général, mais c’est toujours bien quand elle baisse ».

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Quatre-vingts voitures brûlées en région parisienne (« seulement ») pour la nuit de la Saint-Sylvestre, un million de personnes (c’est beaucoup) pour assister aux festivités sur les Champs-Elysées : pour le préfet de police, que des motifs de satisfaction ! Bien sûr, la journaliste aurait pu revenir sur la nouvelle attaque au couteau survenue au Nouvel An sur le pont Bir-Hakeim, au cours de laquelle un homme a été grièvement blessé, un mois après l’attentat qui s’est déroulé exactement au même endroit. Mais pour M. Nuñez, la bonne gestion de la nuit du 31 décembre est du meilleur augure à l’approche des Jeux olympiques. Et encore, « là, ce n’est pas comme pour les JO. Pour la cérémonie d’ouverture, vous avez des billetteries, vous avez des box où les gens sont accueillis. Là, pour le soir des Champs-Elysées, les gens sont partout sur les Champs, c’est encore plus difficile à gérer qu’une cérémonie d’ouverture ».

La nuit de la Saint-Sylvestre plus dure à gérer que la cérémonie d’ouverture des JO ? Une déclaration surprenante, surtout quand on s’intéresse à l’option retenue pour l’instant, c’est-à-dire un défilé des délégations nationales en bateau sur la Seine, sur 12 kilomètres, en partie en nocturne, devant des spectateurs répartis sur les berges. Un dispositif qui donne des sueurs froides aux spécialistes de la sécurité, comme le révèle le criminologue Alain Bauer : « Toutes les conditions du désastre sont réunies », et comme nous l’analysons dans le numéro de janvier de Causeur. Un numéro qui évoque également la menace des drones, sujet amené également par Caroline Roux, mais sur lequel le préfet de police ne s’est guère appesanti…



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Professeur démissionnaire de l'Education nationale

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