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«The Intruder»: un cauchemar mal climatisé

Ce film est le portrait d’une société américaine où la haine raciale et l'antisémitisme dominent


«The Intruder»: un cauchemar mal climatisé
William Shatner dans "The Intruder" (1962) © Carlotta Films.

Roger Corman réalise en 1962 le portrait d’une Amérique où dominent haines raciales et frustration sexuelle. Reparution, en DVD, de « The Intruder ».


Adam Cramer est un beau gosse démagogue, rassurant pour les habitants de la ville de Caxton dans le Missouri. Mais, très vite, il va savoir exploiter l’opposition de la majorité de la population aux nouvelles lois intégrationnistes qui obligent le lycée de la cité à ouvrir ses portes aux élèves noirs. « Qui fait la loi? » demande-t-il. Est-ce cet État fédéral lointain ou bien les habitants de la ville ? Adam Cramer va enflammer les esprits. Les gens du peuple comme les riches propriétaires suivent le leader rebelle.

Ce film, produit et réalisé avec très peu d’argent par Roger Corman, est tourné en décors naturels dans une petite ville du Missouri, servi par une photographie en noir et blanc signée par le chef opérateur Taylor Byars. La mise en scène de Corman est efficace. C’est un film à l’os, sec et dur : cadres ciselés, travellings opératiques, montage abrupt, musique stridente, interprétation impeccable de tous les acteurs dont William Shatner qui joue le leader raciste Adam Cramer, Frank Maxwell excellent dans celui du journaliste Tom McDaniel, taraudé par le doute, et Leo Gordon, qui se coule dans la peau de Sam Griffin, un homme du peuple, franc de caractère, humaniste et adepte de la vérité…

« The Intruder » est un film d’exception dans la riche filmographie de Roger Corman. Producteur, acteur et cinéaste incontournable du cinéma indépendant américain, il tourne des adaptations très réussies des romans d’Edgar Poe (La Chute de la Maison Usher (1960), La Chambre des tortures (1961), L’Empire de la terreur (1962) Le Corbeau (1963), Le Masque de la mort rouge (1964)…), avec les célèbres acteurs Vincent Price, Boris Karloff, Peter Lorre et le jeune Jack Nicholson, qui enchantent le public. La lecture de The Intruder, roman homonyme de Charles Beaumont, un membre de son équipe de scénaristes, l’éveille à la cause intégrationniste défendue durant les années de la présidence de Kennedy.

Le film est à la fois le portrait d’un leader charismatique et ambigu, porté par sa haine des noirs et des juifs, mu par ses pulsions sexuelles insatiables, et la vision d’une société américaine où la haine raciale et l’antisémitisme dominent. Seuls quelques habitants, le journaliste Tom McDaniel, le directeur du lycée Mister Paton et surtout le représentant commercial Sam Griffin vont s’opposer à Adam Cramer afin de sauver un jeune étudiant noir du lynchage.

Révolution esthétique et politique dans l’œuvre de Roger Corman, ce film oublié par Hollywwod mérite d’être redécouvert.

« The Intruder », un film de Roger Corman – États-Unis – 1962 – V.O.S.T.F. – 1h24. En DVD et Blu-Ray aux Éditions Carlotta Films.



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est directeur de cinéma.

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