Traité de libre échange : ça coince aussi dans le Pacifique


Traité de libre échange : ça coince aussi dans le Pacifique

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Invoquer la souveraineté étatique contre l’ouverture sauvage des frontières économiques, une vieille rengaine ? Pas tant que ça ! La protection nationale, c’est le leitmotiv des étudiants taïwanais en révolte depuis le 18 mars. Ils ont pris l’Assemblée législative, à Taïpei, capitale de l’île, en ont fait le siège de leur contestation, devenue massive : la lutte contre l’accord de libre-échange sur le commerce des services entre la Chine et Taïwan (Cross-Strait-Service Trade Agreement, CSSTA). Au-delà de la question économique, c’est l’indépendance de la province que défendent les manifestants.

Le traité CSSTA constitue le deuxième volet du marché commun organisé entre les deux rives de la mer de Chine, entamé en janvier 2011 avec l’accord-cadre de coopération économique. Cette fois-ci, c’est le secteur de la communication qui est visé. Ainsi, l’Empire du milieu étendrait ses rayons sur les entreprises culturelles, médiatiques et touristiques de l’île voisine. Ce que redoutent particulièrement les « révoltés des tournesols », comme ils sont surnommés. Ils refusent de subir la mainmise économique t politique des Chinois. Et  dénoncent le mauvais coup du président taïwanais Ma Ying-Jeou.

L’accord, pris en trente seconde, d’après les sources contestataires, ouvre soixante-quatre nouveaux domaines de l’activité économique aux investissements chinois. L’édition et les centres de recherche en font partie. « Ce sera le règne de la censure et de l’autocensure » s’inquiète Shuling Cheng, taïwanaise doctorante en art et sciences de l’art,  en plus de « la faillite des petits commerçants ».

En face, le gouvernement brandit la carte de la croissance. Rallier le train du « Grand Miracle chinois est un gage incontestable d’existence économique » souligne Emmanuel Dubois, chercheur associé à l’institut Thomas More. Alors que depuis le milieu des années 2000, le pays a décroché. « Nous assistons à une nouvelle réplique du« Front Uni» de tous les Chinois face au Japon » précise-t-il.

De l’autre côté de la rive, les élites chinoises regardent avec dépit les troubles Taïwanais. Voilà le résultat de la tant désirée démocratie, scandent les médias de Chine. Taïwan leur sert désormais de contre-modèle.

Et pour nous, Européens, c’est à n’y plus rien comprendre. La démocratie taïwanaise agissant au nom du progrès économique est montrée du doigt par les quelques médias qui veulent bien se pencher sur la question. Et maintenant, au nom de l’Identité de l’île, il faudrait revoir le traité, refermer les frontières ? Quelle drôle d’idée !

*Photo : AP21547112_000008. Wally Santana/AP/SIPA.



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est journaliste à Causeur

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