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Rokhaya Diallo dans les pas de Jean-Marie Le Pen?

Elle projette un éclairage surprenant sur la plus grande tragédie du siècle dernier


Rokhaya Diallo dans les pas de Jean-Marie Le Pen?
Rokhaya Diallo © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00684906_000012

Rokhaya Diallo a une façon très novatrice de raconter Auschwitz 


En son temps, Jean-Marie Le Pen déclara que le génocide juif était « un point de détail » dans l’histoire du XXe siècle. C’était passablement infâme. On en parla beaucoup. Rokhaya Diallo a contourné cet écueil. Et a trouvé un « détail » auquel personne, avant elle, n’avait pensé. Selon la militante, il n’y a pas eu de génocide juif, parce que les Juifs n’ont pas été exterminés « en tant que groupe ». Elle précise, répondant à ses détracteurs, que les Juifs n’ont pas été anéantis, en « raison de la couleur de leur peau ». En effet, les Juifs étaient bêtement blancs ! Que n’ont-ils eu l’idée d’être verts, bleus ou rouge ? Dans ce cas, la charmante Rokhaya Diallo aurait reconnu leur génocide…

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Rokhaya Diallo nous ressort presque le point de détail

Alors suivons, ou plutôt essayons de suivre, son raisonnement. S’ils n’ont pas été exterminés en tant que « groupe » c’est qu’il y avait d’autres excellentes raisons pour les massacrer. Certains d’entre eux ont vraisemblablement été tués parce qu’ils descendaient des assassins du Christ. D’autres, parce qu’ils avaient des ancêtres usuriers. Citons pour mémoire ceux qui étaient banquiers, communistes, sionistes. Les tailleurs incompétents et escrocs. Les barbus qui contre-venaient à l’hygiéniste hitlérien. Et tous les autres dont il fallait bien se débarrasser car ils obstruaient méchamment le chemin qui menait vers les chambres à gaz.

Pour Rokhaya Diallo, quand les blancs assassinent des blancs, il ne peut y avoir génocide. Il ne peut y avoir génocide que quand des blancs tuent des noirs. On ne connaît pas son point de vue sur le génocide arménien. Peut-être pense-t-elle qu’il s’agissait d’une lamentable querelle entre des blancs turcs et des blancs arméniens ? Là où son cheminement de pensée va rencontrer une énorme difficulté, c’est à propos du génocide Rwandais. 500 000 morts, ce n’est pas rien. Des noirs massacrés par des noirs. Comment pourrait-on en parler ? Une tuerie tribale ? Non, ce serait stigmatiser l’Afrique qu’elle aime tant.

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Alors, il lui reste la possibilité de rejeter la faute du crime sur l’ex-colonisateur belge qui aurait chauffé à blanc la haine des Hutus contre les Tutsis. Les noirs sont, comme nul ne peut l’ignorer, de grands enfants que les blancs, sournois et retords, manipulent à souhait. Mais tout ça est beaucoup trop compliqué. Il y a plus simple: les Tutsis n’ont pas été exterminés en raison de la couleur de leur peau, donc il n’y a pas eu génocide. Génial, non ?

P.S : Vous vous demandez sans doute pourquoi on parle si peu du détail Rokhaya Diallo alors qu’on a fait tant de bruit autour du point de « détail » de Jean-Marie Le Pen ? C’est tout simplement parce qu’elle est noire et qu’elle ne peut en aucune manière être raciste.



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est journaliste et essayiste

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