Accueil Culture Richard Brautigan : le Paul-Jean Toulet de la poésie américaine

Richard Brautigan : le Paul-Jean Toulet de la poésie américaine

Il faut apprendre à saisir la transparence cristalline de ses poèmes derrière l’apparent prosaïsme.


Richard Brautigan : le Paul-Jean Toulet de la poésie américaine
Le festival Kishimonjin Oeshiki, à Tokyo, le 18 octobre 2022. Nicolas Datiche/SIPA 01091579_000011

Le poème du dimanche.


Richard Brautigan n’a cessé toute sa vie d’écrire de la poésie, une poésie où l’on retrouve également cette atmosphère d’étrangeté et d’humour, cet art subtil de la retombée, comme celle de la feuille de palmier qui, pour Barthes, définissait le style.

Dans une vingtaine de recueils, parfois très courts, qui vont des années 50 aux années 70, il trace le portrait d’une époque, celle de la contre-culture, et d’une sensibilité, celle d’un Buster Keaton fasciné par le Japon qui cache sa dépression dans des poèmes-haïkus où s’inscrive entre les lignes un mal de vivre qui ne hausse jamais le ton. Il mettra fin à l’aventure en se suicidant en septembre 1984 d’une balle de Smith et Wesson dans la tête. C’est un Paul-Jean Toulet américain, dont il faut apprendre à saisir la transparence cristalline derrière l’apparent prosaïsme :

Bar Américain à Tokyo

Me voici dans un bar plein d’
américains
jeunes snobs et conservateurs
ils boivent et essayent de lever des
japonaises
prêtes à coucher avec des types
dans leur genre.
Tâche ardue que de trouver la moindre poésie
ici
ainsi que ce poème en témoigne.

Tokyo, le 5 juin 1976

Jour pour Nuit

Le taxi traverse l’aube de Tokyo
et me ramène chez moi.
Toute la nuit, je suis resté éveillé.
Et je serai endormi avant le lever
du soleil.
Je vais dormir toute la journée.
Le taxi est oreiller,
les rues sont couvertures,
l’aube est mon lit.
Le taxi apaise mes pensées.
Je suis en route pour de nouvelles rêveries.

Tokyo le 1er juin 1976

Je vis au vingtième siècle

Je vis au Vingtième Siècle
et tu es allongée ici à côté de moi.
Tu étais malheureuse quand tu t’es endormie.
Je ne pouvais rien y faire. J’étais désespéré.
Ton visage est si beau que je ne peux pas m’arrêter
pour le décrire, et il n’est rien que je puisse faire pour te rendre
heureuse pendant que tu dors.

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