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La fessée, non. Le voilement des fillettes, oui !

Entre laïcité et communautarisme, la Mairie de Rennes a choisi


La fessée, non. Le voilement des fillettes, oui !
La maire de Rennes Nathalie Appéré, dont la ville a alloué 430000€ à la mosquée At Taqwa, a récemment posé entourée de fillettes portant le voile islamique.

 


Alors que la fessée vient d’être interdite en France, les fillettes voilées sont de plus en plus nombreuses. Dernier exemple en date, à Rennes, la Maire Nathalie Appéré (notre photo) n’a rien trouvé de choquant à poser entourée de fillettes en hijab islamique à l’inauguration de la mosquée du Blosne… Rappelons-lui en quoi vêtir ainsi un enfant peut aussi être une maltraitance.


Et l’on reparle, encore et encore, du hijab. Mais cette fois sous l’angle triste et particulièrement sinistre du voilement de fillettes semble-t-il très jeunes : 6 ans, 7 ans peut-être, tout au plus. Liberté de culte ou maltraitance ?

Rappelons le nouveau déclencheur. A Rennes, un centre « culturel et cultuel » islamique est fier d’exhiber des fillettes voilées à l’occasion d’une journée portes ouvertes célébrant la fin de travaux de rénovation. Travaux financés à hauteur de 430.000 € (excusez du peu !) par la municipalité. Précisons que la ville est également propriétaire du terrain, que la maire, Nathalie Appéré (PS), est « personne qualifiée » au sein de l’Observatoire de la Laïcité, et que Rennes autorise le burqini dans ses piscines. Publiée dans un article du journal Ouest France, la photo où apparaissent ces petites filles voilées n’a pas tardé à faire réagir, selon les clivages habituels.

Islamisation de l’innocence

Une précision liminaire : sur la photo, derrière les fidèles, on voit ce qui me semble bien être le minbar (grosso-modo l’équivalent d’une chaire dans une église) et le mihrab, indiquant la direction de La Mecque. Si c’est bien le cas, c’est que cette photo a été prise dans une mosquée, ou du moins une salle de prière, et non dans une simple salle de réunion. Comme on ne voit pas les pieds des personnes présentes, difficile de savoir si elles portent ou non des chaussures pour confirmer ou infirmer cette conclusion.

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Si j’ai raison, il s’agit donc de fillettes portant un voile dans un lieu de culte musulman. Je désapprouve fermement le port du hijab et ce qu’il représente, je partage pleinement l’indignation de Ghaleb Bencheikh, mais je considère qu’à l’intérieur d’une mosquée comme de toute enceinte religieuse l’État ne doit intervenir qu’avec prudence. De plus, je connais des musulmanes simultanément femmes de foi et ardentes républicaines, portant le bikini et détestant le burqini, et qui mettent un voile pour prier ou pour aller dans une mosquée, et uniquement pour cela. Dans un lieu de culte, le voile n’a pas forcément la signification qu’il a prise sur la voie publique, où il est devenu un symbole plus islamiste que musulman.

Un phénomène inquiétant et qui s’étend

Pour autant, ne soyons pas naïfs. Combien de ces petites filles qu’on voit en hijab sur la photo ont ôté leur voile en sortant de la mosquée ? Très peu, je le crains. Pour les autorités locales, et notamment la maire, c’est très facile à vérifier. Tout comme il serait facile de vérifier ce qui leur est enseigné au sujet du voile, des femmes, des relations entre les sexes. Avant de prêter un terrain à une association islamique et de la financer à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros, ce seraient même des vérifications élémentaires. Je serais curieux de savoir si elles ont été faites…

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Car enfin, n’oublions pas que le port du hijab, dès lors qu’il ne se limite pas à la prière, est intrinsèquement lié de nos jours (en particulier chez les jeunes) à une lecture littérale du Coran, et à la volonté d’étendre l’emprise de la charia sur l’espace public et la vie collective. Il y a bien évidemment des exceptions, mais elles sont rares et ne doivent pas être utilisées pour dissimuler la tendance générale. Et le voilement des fillettes, hélas, est bien un phénomène qui s’étend. La loi « contre la cyber-haine » est dangereuse, mais Laëtita Avia cherche à la promouvoir avec un argument qui ne manque pas d’intérêt : ce qui vous choquerait si vous le lisiez sur une pancarte brandie par quelqu’un dans la rue, pourquoi le trouver normal sur internet ? Cela m’inspire une autre comparaison.


Seriez-vous choqués que des parents fassent porter à leur fille un chapeau avec une inscription déclarant : « Les hommes ont autorité sur les femmes. Celles dont vous craignez la désobéissance, frappez-les » ? Un hijab ne dit pas autre chose ! C’est le verset 34 de la sourate n°4, traduction du site islam.fr qu’on peut difficilement soupçonner d’islamophobie.

Un angle mort intellectuel des féministes

Et qu’on ne vienne pas prétendre que porter un hijab, aujourd’hui en France, ne signifie pas adhérer aux préceptes coraniques (sauf, encore une fois, rares exceptions et circonstances très particulières). Notre société sécularisée semble l’oublier, et certains instrumentalisent cet oubli, mais les religions ne sont pas que des coutumes folkloriques habillant un « opium du peuple » partout identique. Le constat de leur influence sur l’esprit humain, la réalité anthropologique de la grande force des expériences religieuses, ne sont pas des questions de foi mais des observations factuelles, objectives, vérifiables. Et toutes les religions ne se tournent pas vers les mêmes puissances (métaphysiques peut-être, psychologiques en tout cas), affirmer le contraire reviendrait à mettre sur le même plan la pratique des sacrifices humains à une échelle presque industrielle par Tlacaelel et la non-violence résolue des Jaïns.

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Trop de féministes et de défenseurs de la laïcité l’oublient, et parlent de la place des femmes dans « les religions », sans jamais les distinguer. Leur combat est noble et nécessaire, et je suis fier de le partager, mais cet angle mort intellectuel est leur faiblesse. Pensez aux reines-shamans du Yamato, pensez aux femmes médiums du Japon auxquelles pendant des siècles la religion offrait une liberté autrement inconcevable dans leur société[tooltips content= »Anne Bouchy, Les oracles de Shirataka : vie d’une femme spécialiste de la possession dans le Japon du XXème siècle. »]1[/tooltips]. Lisez Plutarque, qui explique qu’une femme doit avoir autorité sur son mari si elle est plus intelligente ou plus sage que lui[tooltips content= »Erotikos, dialogue sur l’amour. Je recommande chaudement l’édition de Françoise Frazier, et ses remarquables notes de lecture. »]2[/tooltips], et qui a composé un traité intitulé De l’excellence des femmes. Le culte d’Apollon et des Olympiens à Delphes, où Plutarque était prêtre, est bien une religion ! Mais une religion qui enseigne des choses fort différentes de celles qu’on trouve dans la sourate n°4… Bref.

Rokhaya Diallo, star des relativistes

En face, comme toujours, les arguments des défenseurs du voile sont un concentré d’inversion des valeurs, d’approximations et de mauvaise foi, si ce n’est de manipulation délibérée.

On nous parle de liberté. Rokhaya Diallo se permet un parallèle avec les débuts du bikini et la police mesurant la longueur des jupes, oubliant une fois encore l’essentiel. L’Occident a jadis interdit aux femmes de montrer leur corps. Est-ce une raison pour accepter que certains veuillent à nouveau leur imposer ce genre de règles ? Car c’est bien le port du hijab qui milite pour une nouvelle police des mœurs, et non l’inverse ! L’Occident a jadis pratique la traite négrière. Madame Diallo utiliserait-elle cet argument pour relativiser l’esclavage d’aujourd’hui ?

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Certains comparent le hijab au voile des communiantes. Faut-il rappeler que la même tenue n’a pas partout la même signification ? Les seins nus n’ont pas le même sens pour bronzer topless à la plage, sur une photo de charme, dans une manifestation des Femen, dans un cortège de bacchantes ou pour des femmes Dessanech d’Afrique de l’Est. Le port du hijab n’est pas seulement une affaire entre soi et Dieu, ni même une question de pudeur. La valorisation du voile s’accompagne (presque) toujours de la dévalorisation des femmes non-voilées. La banalisation du voile s’accompagne toujours, sans exception, de la banalisation de son imposition, et de la pression sociale nécessaire pour que cette imposition soit effective. Chaque femme qui choisit de porter le hijab fragilise celles qui se battent pour le droit de ne pas le porter, et de ne pas se plier au carcan de règles misogynes et mortifères dont il est devenu le symbole.

Une ex-EELV compare l’interdiction du burqini à l’Holocauste

Suivant en cela la rhétorique des Frères Musulmans, d’aucuns assimilent les musulmans d’aujourd’hui aux juifs des « heures les plus sombres de notre histoire ». La palme de l’indécence revenant à Zakia Meziani, présidente d’une association « féministe » de Tourcoing qui compare l’interdiction du burqini à l’Holocauste. Que cette dame ait été candidate EELV et soit soutenue par l’association « Coexister » ne surprendra personne.

Sur le fond, qu’on me montre donc l’équivalent juif « années 30 » d’Al Qaïda, de l’État Islamique, des pétro-théocraties, d’Erdogan et de ses réseaux, des salafistes, des wahhabites, du Tabligh, de Boko Haram ! Et qu’on daigne se souvenir de l’alliance entre les nazis et les islamistes, avec la bénédiction du fondateur des Frères Musulmans[tooltips content= »Voir notamment Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann, Croissant fertile et croix gammée, et Hamed Abdel-Samad, Le fascisme islamique. »]3[/tooltips]. Les nazis se voulaient surhommes au-dessus des lois communes. Alors dites-moi qui, aujourd’hui, prétend que ses croyances et/ou sa couleur de peau lui donnent le droit de s’affranchir des lois de la République pour vivre selon les siennes propres ? Certainement pas les adversaires du hijab, mais plutôt les islamistes et leurs alliés indigénistes, décoloniaux et autres communautaristes soi-disant « progressistes. »

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De plus, ce sont eux aujourd’hui qui refusent la distinction entre l’ethnie et la culture, l’être et la croyance. Une des raisons pour lesquelles il leur semble inconcevable que les femmes ôtent leurs voiles, peu importe les circonstances. Ce qui fait aussi que leur croyance ne laisse aucune respiration à l’être et devient totale, totalitaire, tunique de Nessos impossible à arracher. Symbole de la croyance, l’apparence doit être totalement déterminée par celle-ci dans une surenchère pathologique qui n’accepte aucune limite à son emprise. Ainsi, pour les hommes l’uniforme d’une barbe identique pour tous, et pour les femmes des vêtements dont l’aboutissement logique est bien de tout recouvrir, engloutissant toute individualité.

Pendant ce temps, on interdit la fessée

Mais il n’y a pas d’extra-territorialité cultuelle, et les injonctions religieuses ne sont jamais au-dessus de l’éthique. Les parents qui font porter un hijab à une petite fille lui disent-ils que la sourate n°4 est la parole de Dieu, éternelle, incréée, toujours vraie, à laquelle il faudrait se soumettre sans jamais prétendre la critiquer ? Lui enseignent-ils que les hommes de sa famille auront tous, toujours, autorité sur elle ? Que son mari, plus tard, aura le droit de la frapper s’il craint qu’elle lui désobéisse ?

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Tous ces parents ne le font peut-être pas. Mais il est certain que beaucoup le font. D’ailleurs, le simple fait qu’on l’ait habituée à porter un hijab prédispose assurément une petite fille, et la jeune fille qu’elle deviendra, à accorder un crédit aveugle aux préceptes coraniques au détriment de l’exercice de sa conscience et de sa raison. N’est-ce pas souvent dans ce but qu’on lui fait porter le voile ? Alors je m’interroge. Est-il cohérent de légiférer pour interdire la fessée et de laisser des parents empoisonner ainsi l’esprit d’une enfant ? Des deux, quelle est la pire maltraitance ?

Ici, c’est la France…

Tous les enfants du monde, toutes les petites filles du monde, devraient se voir enseignées la conscience de leur dignité et la fierté de leur liberté. Parce qu’elles vivent en France, parce que sans doute beaucoup d’entre elles sont françaises, la France doit assurer cet enseignement aux petites filles voilées de Rennes. L’État le leur doit, autant qu’à n’importe quelles autres fillettes françaises, autant qu’à n’importe quelles autres fillettes de France, et peut-être encore plus qu’à d’autres parce que certains cherchent à les priver de ce droit.

Mais il n’y a pas que l’État, les élus, les associations. Ces petites filles voilées, et ces petits garçons à côté d’elles auxquels on interdit de voir les femmes comme leurs égales, sont nos sœurs et nos frères en humanité, et probablement nos concitoyens. Nous aussi, nous tous, nous avons le devoir de les défendre contre les emprises sectaires et obscurantistes.

Pendant ce temps, à Roubaix.  J’apprends ce matin que pendant que la foule célébrait dimanche à Roubaix la victoire de l’équipe de foot d’Algérie, une jeune fille se faisait abondamment injurier en arabe parce qu’elle portait une mini-jupe. Vu sur le fil twitter de Lydia Guirous, précisé sur celui de Bruno Renoul, journaliste local. Quel rapport avec les fillettes voilées ? La défense du hijab et la promotion de la « pudeur » islamique s’accompagnent systématiquement ou presque de la dévalorisation des femmes moins couvertes. « Pièces de 2 euros passant d’une main à l’autre » pour Hani Ramadan, et ainsi de suite. Mépris des femmes en tant que femmes, dont la féminité devrait être mise en cage pour devenir respectable. Le hijab n’est pas juste un costume folklorique accompagné d’interdits alimentaires exotiques : c’est le signe d’une vision du monde, d’une échelle de valeurs, d’un projet de société radicalement opposés aux bases anthropologiques de notre civilisation et aux principes fondamentaux de la République (et, selon moi, contraires au sens moral le plus élémentaire). Les voiles des fillettes de Rennes, les burqinis de Grenoble et les injures de Roubaix sont tous des symptômes de la même maladie, et des germes de sa propagation.

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Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

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