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Le Maroc ciblé par l’Open Society?

Une enquête et des révélations dans "Le Monde" qui tirent les larmes et font couler beaucoup d'encre


Le Maroc ciblé par l’Open Society?
Migrants subsahariens jouant au babyfoot à Casablanca, décembre 2018 © Mosa'ab Elshamy/AP/SIPA

Le Maroc brutalise-t-il les migrants subsahariens qui franchissent sa frontière avec l’aide des Européens ? C’est ce qu’avance un collectif, appelé Lighthouse Report.


Mardi, Le Monde publiait un étonnant article sur les migrations entre la Mauritanie et le Maroc. Son titre ? Dans le Sahara, « les policiers marocains ont lâché les chiens sur nous »1. Illustré par des photos floutées de migrants subsahariens, l’article se veut un réquisitoire contre les violences que subiraient les candidats à l’exil franchissant les frontières du royaume chérifien en quête d’une vie meilleure. S’il est vrai que les migrants peuvent avoir des parcours de vie tragiques, cet article ne présente aucune preuve tangible comme l’indique sa rédaction au conditionnel et les motifs de sa publication peuvent poser question.

L’Open Society cible-t-elle le Maroc ?

En effet, il est signé par un collectif appelé Lighthouse Report et non par un journaliste habituel de la rédaction. Cette officine semble spécialisée dans les articles traitant de l’immigration, unique sujet pour lequel Le Monde fait appel à cette équipe. Au menu des quelques papiers de Lighthouse Report pour le grand journal de gauche :  une charge contre l’algorithme de la CAF qui aurait le tort de pouvoir prédire « les risques de fraude », des attaques contre Frontex, ou encore des critiques contre la politique migratoire européenne perçue comme particulièrement sévère – le Français moyen l’aura remarqué au quotidien.

Se présentant comme une organisation pionnière « du journalisme collectif travaillant avec les plus grands médias » et mettant en avant son indépendance, Lighthouse Report n’est pourtant pas d’une totale neutralité. Il suffit ainsi de consulter leur dernier rapport annuel pour découvrir, sans grande surprise, qui l’on trouve à l’Open Society Foundation parmi leurs principaux sponsors. Fondée par George Soros mais actuellement présidée par son fils Alexander, l’Open Society est en pointe de toutes les luttes prétendument « progressistes » et constitue une force de poids dans le lobbying pro-immigration au sein des institutions européennes. L’ONG est aussi derrière les « Sleeping Giants » dont l’activisme prive de nombreux médias conservateurs de revenus publicitaires. Une ONG dont les activités dépassent d’ailleurs désormais la famille Soros elle-même, avalée par l’ampleur de la « machine » Open Society qu’elle ne contrôle plus véritablement. 

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Lighthouse Report est donc un groupement de journalistes qui colle à l’agenda politique de son bailleur de fonds, la main qui donne étant toujours au-dessus de celle qui reçoit. Et ce bailleur de fonds n’a qu’une idée en tête : ouvrir en grand les frontières européennes. Pour cela, les migrants qu’il entend faire venir chez nous doivent d’abord franchir les portes marocaines. C’est ainsi qu’il faut comprendre la publication de l’article. Un autre élément peut aussi être pris en considération. Mi-avril dernier, Viktor Orban a rencontré à Marrakech le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch. Il ne s’agissait pas d’une visite bilatérale mais d’un atelier de travail de IDC-CDI, coalition réunissant différents partis chrétiens-démocrates et conservateurs modérés. Las, cet innocent évènement aurait déplu à Monsieur Soros qui aimerait faire du dirigeant magyar un pestiféré.

Il n’en fallait sûrement pas plus pour mobiliser l’Open Society, qui a toujours en magasin quelques journalistes proches des mouvements d’extrême-gauche « no borders » pour se charger de ces tâches. Ce lien financier et idéologique entre Lighthouse Report et l’Open Society soulève des questions sur l’objectivité et les motivations de ce collectif. Utiliser des accusations non vérifiées et des récits dramatiques, sans preuve tangible, pour influencer l’opinion publique est une stratégie dangereuse. Sous couvert d’une intégrité factice, la propagande globaliste divise nos sociétés en imposant à des États souverains des vagues d’immigration que leurs populations respectives considèrent désormais indésirables. Sur la question migratoire ou encore les sujets de mœurs tel que le phénomène de la transsexualité, les désinformateurs sont bien souvent du côté de ceux qui ont fait de ces sujets l’apha et l’omega d’une idéologie de la fin de l’Histoire où les peuples comme leurs coutumes doivent s’effacer au profit d’un « homme nouveau » dont le migrant serait l’Adam.

Une propagande qui peut mettre en danger une collaboration cruciale pour réguler les flux migratoires

Le discours présentant le Maroc en État qui ne respecterait pas les droits élémentaires des migrants est particulièrement dangereux parce qu’il affaiblit la crédibilité d’un pays qui agit comme un filtre pour notre continent. La crise sécuritaire sahélienne est une bombe à retardement qui pourrait provoquer la submersion de l’Europe. Dans ce cadre, l’Afrique du Nord et singulièrement le Maroc auront un rôle essentiel à jouer. Le Maroc est d’ailleurs aujourd’hui un pays de passage et un pays d’installation d’une immigration de plus en plus importante. Sous l’impulsion de Mohammed VI, le Maroc s’est ainsi imposé au fil du temps comme un acteur clé dans la gestion des migrations en Afrique du Nord. Contrairement à ce qu’avancent parfois les médias, Rabat a mis en place une politique migratoire pensée autour de l’intégration des Subsahariens qui sont désormais nombreux à être régularisés.

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Depuis 2013, le Maroc a notamment lancé deux campagnes de régularisation des migrants en situation irrégulière. La première, en 2014, a permis de régulariser plus de 23 000 migrants, et la seconde, en 2017, a abouti à la régularisation de plus de 28 000 autres. Ces initiatives ont offert une nouvelle vie à des milliers de personnes, leur permettant d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et au marché du travail. Ce sont d’ailleurs d’autant moins de migrants qui ne sont pas venus en Europe…

Nous avons signé plusieurs accords de coopération entre l’Union européenne et le Maroc pour une gestion concertée des migrations. De quoi faire dire à Antonio Vitorino, directeur général de l’Organisation internationale humanitaire, que « le Maroc représentait un modèle à suivre pour la gestion des migrations en Afrique ». Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les « no borders » qui sévissent à bord de l’Ocean Viking, dans les mairies LFI, ou au sein de Lighthouse Report, ne veulent pas une approche pragmatique et humaniste de l’immigration. Ils veulent qu’il n’y ait plus de frontières et plus de peuples historiques. Qu’on puisse franchir toutes les frontières sans aucune contrainte. C’est un projet que nous devons refuser. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut pas laisser dire les agitateurs qui veulent salir les pays qui ont des politiques rationnelles en la matière tout en restant fidèles à des principes humanistes, ce qui correspond assez bien aux grandes orientations de politique migratoire sous Mohamed VI. 


  1. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/migrations-dans-le-sahara-les-policiers-marocains-ont-lache-les-chiens-sur-nous_6234480_3212.html ↩︎



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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