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Marine Le Pen n’a pas dit son dernier mot

Face au phénomène Zemmour, la présidente du RN retient ses coups


Marine Le Pen n’a pas dit son dernier mot
Marine Le Pen en campagne à Hayange (57), 23 septembre 2021 © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage : 01039836_000007

Eric Zemmour, à l’extrême droite de Marine Le Pen ? Dire cela est réducteur, parce que Eric Zemmour ne peut pas seulement se définir ainsi. Il n’empêche que sur certains thèmes, Marine Le Pen se retrouve confrontée à cette situation bizarre qu’elle n’a jamais connue, d’être dépassée sur le plan de l’extrémisme !

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle a commencé un autre type de dédiabolisation. Comme, malgré la séparation politique d’avec son père et son refus de s’abandonner à quelque délire historique que ce soit, en dépit de sa participation à des démonstrations collectives consensuelles, on ne la jugeait pas crédible, elle a décidé d’attiédir son programme, démarche qui pour l’instant n’a pas réussi à son parti, qu’on songe aux élections régionales.

Selon Eric Zemmour, elle n’aurait aucune chance

Il est évident que cette tentative de banalisation du projet donne un espace à Eric Zemmour qui s’y engouffre avec une volupté sadique, d’autant plus qu’on sait qu’il ne la crédite d’aucune chance de l’emporter en 2022 parce qu’elle serait « nulle ».

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Jusqu’à maintenant Marine Le Pen assume avec élégance, une sorte de patience qui a de l’allure, l’irruption politique et médiatique d’Eric Zemmour dans son pré carré. Elle rappelle son parcours, sa durée, sa constance, elle assure faire preuve du calme « des vieilles troupes » et n’est pas loin de considérer que de la part de l’essayiste qui n’a pas encore déclaré sa candidature, il va s’agir d’un feu de paille comparable selon elle à tant d’autres de brèves incandescences. Elle fait contre mauvaise fortune bon cœur en espérant que sa descente nette dans les intentions de vote ne sera que temporaire et qu’elle reviendra à son niveau habituel. Elle peut d’autant plus se consoler sur ce plan qu’Eric Zemmour paraît mordre également sur l’électorat des Républicains et qu’au fond elle n’est pas la seule à souffrir.

Elle se trouve en fait dans un étau à l’égard d’Eric Zemmour, et c’est là où les choses se compliquent. Elle doit demeurer dans une attitude sans acrimonie mais en même temps elle n’a pas le droit d’attaquer vigoureusement un projet qui, certes plus radical que le sien, a une substance qui est peu ou prou de la même eau, en tout cas sur ces thèmes prioritaires pour eux de l’immigration et de l’insécurité.

Les jeux sont ouverts

On peut tout imaginer à partir de la configuration d’aujourd’hui. L’intuition majoritaire qu’elle ne gagnera pas en 2022, son déclin persistant dans les sondages, la cause d’Eric Zemmour demeurant aux alentours de 10% ou baissant, pourraient faire espérer la présence d’un Républicain au second tour si la droite sort enfin d’un labyrinthe qui l’a constituée comme la plus lente et la plus bureaucratique du monde.

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Le président de la République semble caracoler dans les sondages mais officieusement en campagne depuis plusieurs semaines et distribuant à tout-va, il retarde le plus possible son entrée officielle dans la joute parce que devenu candidat, il perdra ce que le statut présidentiel lui octroie et dont il abuse. Ceux qui prétendent que la campagne présidentielle sera sans intérêt et que les personnalités qui concourront n’auront pas le niveau ont bien tort. La vie politique réserve des surprises. Pourquoi 2022 échapperait-il à cette loi qui fait que les jeux ne sont jamais faits ?



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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