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Gaza – et si on visait la tête plutôt que la queue du serpent?

L'analyse géopolitique de Gil Mihaely


Gaza – et si on visait la tête plutôt que la queue du serpent?
Gaza, 8 octobre 2023 © Fatima Shbair/AP/SIPA

L’Iran porte de lourdes responsabilités dans la crise au Proche-Orient. Partout où il le peut, le régime de Téhéran est à la manœuvre pour déstabiliser – jusqu’à l’Ukraine. Et si le temps d’entamer le bras de fer avec les Mollahs était venu?


Aux alentours de la bande de Gaza, les accrochages avec les commandos du Hamas continuent. Les villages israéliens près de la frontière se vident de leurs habitants, quand Israël, selon la formule consacrée des médias, « prépare sa riposte ». Au nord du pays, le Hezbollah a signalé par sa propre formule habituelle (des tirs de mortier près des fermes de Chaba) qu’il « suivait de près l’évolution de la situation ». 

La catastrophe de samedi rebat les cartes

En 2006, sur les deux fronts (crise avec le Hamas en juin, guerre avec le Hezbollah en juillet-août), tout ou presque a déjà été essayé et les marges de manœuvres sont limitées dans cette confrontation entre Israël, un État soucieux de la vie et la prospérité de ses citoyens, respectueux des lois de la guerre et sous la critique constante des médias, d’une opposition interne, d’une opinion publique mondiale et des organisations terroristes sans véritables responsabilités et bénéficiant d’un luxe extraordinaire – tandis que pour Israël aucune erreur n’est pardonnée, il suffit à ces fous d’Allah chiite et sunnites de réussir même rarement et partiellement pour être portés au pinacle par « la rue musulmane ». 

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Cependant, la catastrophe de samedi dernier pourrait ouvrir de nouveaux horizons stratégiques. Puisque le Hamas a décidé de renverser la table et de changer les règles du jeu, et puisque le Hezbollah croit pouvoir lire les intentions israéliennes comme dans un livre ouvert, il est temps de repenser tous les paradigmes.

Tous les chemins mènent à Téhéran

Qu’il s’agisse de l’Ukraine, du Yémen, de l’Irak, de la Syrie et, bien entendu, du Hamas et du Hezbollah, tous les chemins mènent à Téhéran.

Certes, même sans la main déstabilisante des Mollahs, le Moyen-Orient ne deviendrait pas demain un paradis terrestre. Mais il serait très probablement moins un enfer. La décision américaine d’envoyer le porte-avion Gerald Ford vers le bassin oriental de la Méditerranée (qui, contrairement au président dont il porte le nom, est tout à fait capable de faire plusieurs choses à la fois !), laisse croire que cette perspective n’est pas impensable. Et l’annonce solennelle de l’envoi d’aide militaire à Israël, comme s’il s’agissait de l’Ukraine, indique aussi une action dépassant les cadres habituels.

Sans viser – tout en l’espérant très fort – un changement de régime à Téhéran, une opération ayant pour objectif l’établissement d’un équilibre de dissuasion plus favorable avec l’Iran pourrait être une option réaliste. L’Iran ou plutôt son régime a des intérêts et des fragilités sur lesquelles il est possible d’agir. C’est évidemment risqué, mais peut-être pas moins que de se soumettre aux règles de jeu dictées par Téhéran et ses alliés/affidés.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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