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Hollywood changera-t-il bientôt sa représentation de l’antisémitisme?

L’imaginaire unique hollywoodien...


Hollywood changera-t-il bientôt sa représentation de l’antisémitisme?
"American History X", Edward Norton © REX FEATURES/SIPA

La réalisme n’est pas le fort du cinéma américain…


Hollywood a toujours dépeint l’antisémitisme sous les traits de skinheads et autres néonazis ne pouvant venir que du milieu des « Rednecks », cette Amérique identifiée péjorativement comme celle des « Culs-terreux », des « Petits blancs » dans les territoires ruraux, et qui depuis quelque temps vénèrent et votent Donald Trump, évidemment. Ce cliché est surexploité depuis les années 90 dans la production audiovisuelle américaine, que cela soit au cinéma avec des personnages campés par Edward Norton dans « American History X » (1998) de Tony Kaye, ou plus récemment par Daniel Radcliffe dans « Imperium » (2016) de Daniel Ragussis, ou d’une manière quasi compulsive dans la moindre série policière avec la rengaine d’au moins un épisode portant sur les infiltrations de groupuscules néonazis dans l’Amérique profonde…

Si comme dans tout cliché celui-ci comporte une part de vérité, il faut tout de même reconnaître que cette image hollywoodienne ressassée est devenue abusive aujourd’hui par son éloignement avec la nature réelle de l’antisémitisme dans le pays. En effet, comme le rappelle la Professeur Arie Perliger dans le site d’information The Conversation à propos d’une étude bientôt publiée par son équipe à l’Université du Massachusetts Lowell, l’antisémitisme aux États-Unis connaît un basculement important sur l’échiquier politique1. On apprend que : « 95 % des incidents antisémites aux États-Unis ont été perpétrés par des militants d’extrême gauche et seulement 5 % ont été perpétrés par des militants d’extrême droite ». Ce qui met à mal une idée reçue largement relayée dans la fiction… De plus, on apprend – mais cela n’étonnera que ceux vivant dans un certain déni – que : « les crimes haineux antisémites se produisent en particulier dans les régions politiquement progressistes du pays. La région métropolitaine de New York et le Nord-Est en général, ainsi que les centres urbains de Floride, de Californie, du Nord-Ouest et du Midwest connaissent la majorité des incidents antisémites »… Soit loin, très loin de l’Amérique « Redneck » et Républicaine, mais plutôt dans l’Amérique cultivée, aisée et démocrate !

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La représentation de l’antisémitisme dans la production hollywoodienne va devoir changer – si tant est qu’elle veuille vraiment refléter une réalité dérangeante pour les autoproclamés progressistes forts de leur supériorité morale… Le plouc nazillon devrait pourtant laisser sa place à celle du bourgeois des beaux quartiers. Cette réalité va difficilement pouvoir être ignorée depuis l’intervention d’Israël à Gaza suite aux atroces massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas, car si nous avons honte en France de l’attitude de notre extrême gauche, il faut voir l’expression encore plus radicale d’indécence et d’hystérie des woke aux États-Unis, où on injurie et agresse ouvertement les juifs sur les campus et en marge des manifestations pro-palestiniennes dans les grandes villes.

Mais est-ce que les scénaristes des studios américains et des toutes puissantes plateformes de streaming oseront représenter cette nouvelle réalité de l’antisémitisme aux États-Unis ? La solidarité de classe et d’idéologie risque d’avoir encore besoin du mépris de classe ancré dans la création audiovisuelle américaine. Aussi, Dereck, le petit plouc blanc d’Alabama qui a un grand drapeau nazi accroché dans sa caravane et qui se balade dans son pick-up polluant avec son chien et son fusil, les bras tatoués de croix gammées, a encore de beaux jours pour continuer à représenter exclusivement l’antisémitisme dans les séries et les films américains, et donc sur les écrans du monde entier soumis à l’imaginaire unique hollywoodien.

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  1. https://theconversation.com/antisemitism-has-moved-from-the-right-to-the-left-in-the-us-and-falls-back-on-long-standing-stereotypes-215760 ↩︎



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