Puissance incontestée et berceau de l’Europe sous l’Antiquité, la Grèce a connu bien des moments difficiles. Dans son histoire contemporaine, elle a été durement touchée par une crise économique dans les années 2010. A l’épreuve du coronavirus ou bien de la crise des migrants, elle semble parvenir à se relever. Dans l’endiguement de la contagion, la précocité de la réaction grecque a notamment été déterminante. Entretien avec Olivier Delorme [tooltips content= »Historien et écrivain, Olivier Delorme est notamment l’auteur des trois tomes de La Grèce et les Balkans. Il a également publié 30 bonnes raisons de sortir de L’Europe« ](1)[/tooltips]
Conflits. Comme l’ensemble des pays du monde, la Grèce a été concernée par l’épidémie du coronavirus. Comment cette crise a-t-elle été gérée ?
Olivier Delorme. La gestion de l’épidémie a été remarquable ; elle s’est incarnée dans deux hommes : Sotiris Tsiodras, un professeur d’infectiologie de renommée mondiale, et Nikos Hardalias, le ministre délégué à la Protection civile. Chaque soir à 18h00, ce duo de choc faisait un point télévisé, très suivi à travers tout le pays, de l’état de la pandémie, de la situation dans les hôpitaux, des nouvelles mesures arrêtées, du respect de celles en vigueur. Pour un Français, ce discours pédagogique, clair et précis, contrastait chaque jour davantage avec la communication brouillonne, faite d’approximations, de contradictions, et à l’occasion de mensonges, des différentes autorités françaises prenant tour à tour la parole dans une cacophonie finalement inaudible.
Cette pédagogie à deux visages et deux voix – le Premier ministre s’est pour l’essentiel cantonné à l’annonce des mesures économiques d’accompagnement – a misé sur l’intelligence des citoyens. C’est sans doute la raison pour laquelle ceux-ci ont très largement respecté les consignes durant la période de confinement. Ils sont même allés au-delà des recommandations officielles en matière de port du masque (il n’y a pas eu de pénurie grave et prolongée) et des gants – sans doute aussi à cause d’une grande sensibilité des Grecs aux questions d’hygiène et d’une crainte largement répandue des maladies infectieuses.
Au total, le taux d’approbation de l’action des deux hommes est ressorti dans un sondage réalisé à la mi-avril à 94,6 % pour Tsiodras et 84,3 % pour Hardalias ! Quant au Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, il recueillait, à la fin du mois de mai, 68 % de satisfaction – niveau que n’a plus atteint un chef de gouvernement grec depuis très longtemps.
Et de fait, les résultats obtenus sont remarquables : au 15 juin, on recense 3121 cas avérés et 183 morts pour 10,7 millions d’habitants, soit 1,71 mort pour 100 000 habitants, alors que l’Allemagne en compte 10,61, la France 43,90, l’Italie 56,83, ou l’Espagne 58,08.
Ce résultat est d’autant plus remarquable que la population grecque est plus âgée que la française – donc plus vulnérable à ce virus – et que le système de santé a été sinistré par les destructrices politiques de déflation qu’impose à la Grèce depuis dix ans une Union européenne régie par les dogmes économiques et monétaires allemands. Les hôpitaux publics grecs ont perdu, durant cette décennie terrible, 40 % de leurs lits, tandis que nombre de médecins, notamment des anesthésistes et spécialistes des maladies pulmonaires, sont partis chercher en Europe occidentale, en Australie ou aux États-Unis des salaires décents auxquels les coupes budgétaires ne leur permettaient plus de prétendre en Grèce. Les bâtiments se sont délabrés faute de crédits d’entretien, les équipements techniques n’ont pu être renouvelés et tombent en panne, de manière récurrente des patients ne peuvent obtenir leur indispensable chimiothérapie… Car en réalité, ce qu’on a appelé la « crise grecque », qui dure toujours parce que – contrairement à la propagande européiste reprise en chœur par les médias –, l’économie grecque n’est jamais repartie, a généré une grave crise humanitaire : de 2009 à aujourd’hui, le taux de mortalité est passé de 9,8 ‰ à 11 ‰.
Or le gouvernement grec arrivé au pouvoir l’été dernier ne pouvait ignorer cette situation. Et c’est parce qu’il a compris qu’elle risquait de tourner à la catastrophe qu’il a réagi vite et fort. Dès janvier, un plan est élaboré pour regrouper les moyens techniques dans un hôpital par région, bloquer des lits pour les futurs malades infectés par le coronavirus et constituer une réserve dans les hôpitaux militaires ou des cliniques privées réquisitionnées, acheter du matériel. Si bien que, au pire de la pandémie, le nombre des lits de réanimation mobilisables a toujours été notablement supérieur aux besoins. Et dès que l’épidémie s’est déclarée, les foyers d’infection ont été placés en quarantaine tandis que les populations proches étaient systématiquement testées.
Bien sûr, si l’on s’en tient à la seule chronologie, à chaque stade la Grèce ne prend les mesures d’interdiction des rassemblements, de fermetures des établissements scolaires et des commerces, de confinement qu’avec seulement quelques jours d’avance sur la France. Mais cette constatation est trompeuse. Car la chronologie de l’épidémie n’est pas la même et la Grèce est touchée plus tard. En réalité, chaque fois, les mesures sont prises alors que la proportion de cas par rapport à la population est bien plus faible qu’en France : la propagation du virus est donc considérablement ralentie dès les premiers jours. Il n’y a que trois malades dans le pays quand le gouvernement annule le carnaval de Patras ; avec bien davantage de malades en France, le gouvernement ne voit aucun inconvénient à ce que 3000 supporters de football débarquent à Lyon, venant d’une Italie où la pandémie est déjà en phase d’explosion ! La Grèce ferme tous ses jardins d’enfants, écoles, collèges, lycées et universités alors que 89 cas ont été identifiés et que nombre d’établissements ont déjà été fermés en Attique, les commerces non alimentaires le sont au lendemain du premier décès ; le gouvernement français prend des mesures similaires alors que le pays compte 3000 cas recensés et 60 morts. La précocité de la réaction grecque a été déterminante dans l’endiguement de la contagion.
D’autant que le 16 mars, alors que les autorités françaises continuaient à clamer qu’un virus ne s’arrête pas aux frontières, la Grèce prenait des mesures drastiques de contrôle des entrées et de mise en quarantaine des arrivants, ce qui permet évidemment d’éviter d’innombrables contaminations.
Ajoutons encore que des grandes fortunes et entreprises, ainsi que les Fondations Onassis et Niarchos, ont fait des dons substantiels aux hôpitaux, tandis que ministres et députés abandonnaient la moitié de leur salaire, donnant ainsi un signal symbolique que chacun participait à l’effort national. La plupart des îles ont en outre pu être protégées de toute contamination par les restrictions drastiques à la circulation des passagers depuis le continent.
Enfin, sans que je sois en mesure de dire quel fut l’impact de ces décisions puisqu’on n’a pas d’indication sur l’utilisation de ce traitement, le gouvernement grec a acheté de manière précoce un stock de chloroquine en Inde, puis une entreprise pharmaceutique grecque a repris la production de ce médicament et l’a mis gratuitement à la disposition des équipes soignantes.
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Conflits : Quelles peuvent être les conséquences de cette crise sanitaire sur le secteur touristique qui est majeur dans l’économie grecque ?
Olivier Delorme : L’économie grecque est sinistrée ; la destruction systématique de l’appareil de production par les dix ans de déflation germano-européenne l’a rendue dépendante, jusqu’à l’absurde, du tourisme. C’est, avec l’armement maritime, le seul secteur qui tournait à peu près. Encore faut-il noter que les infrastructures aéroportuaires ont été bradées – sous pression germano-européenne – à l’Allemand Fraport qui n’est pas le dernier à évacuer ses profits vers les paradis fiscaux. Et encore faut-il préciser que le développement d’immenses hôtels – absurde et écologiquement ravageur dans des milieux pauvres en eau –, au mépris des lois de protection de la nature que les mémorandums européens ont fait sauter ou affaiblies, est souvent le fait « d’investisseurs » étrangers et que les revenus de ce tourisme ne profitent plus guère aux Grecs.
C’est notamment le cas du « all inclusive », ou des croisières, pour lesquels les touristes payent, dans les pays de départ, hébergement et prestations (ils ne consomment donc plus guère dans les restaurants, cafés ou commerces locaux) à des multinationales qui ne transfèrent en Grèce qu’une part minime des sommes versées. En effet, les mémorandums européens ayant depuis dix ans fait disparaître quasiment tout droit du travail, ces multinationales exigent des prestataires de services locaux des prix de misère qui ne permettent plus que de verser des salaires de misère, quand ces salaires sont encore versés régulièrement, quand ils ne sont pas en partie payés « en nature » ou que le patron n’exige pas de l’employé qu’il lui en rétrocède une partie en liquide, ou quand on ne fait pas venir de Roumanie ou de Bulgarie des personnels qu’on peut payer encore moins cher ! Ainsi fonctionnent – dans les faits – l’Union européenne et sa libre circulation de la main-d’œuvre !
Lorsque, sous prétexte d’une dette à 110 % ou 120 % du PIB, l’Union européenne, la BCE et le FMI ont imposé à la Grèce leur ravageuse politique déflationniste, la propagande annonçait un scénario en V – forte récession suivie d’une forte reprise. Puis la même propagande a prêché la patience et l’effort en promettant un scénario en U – forte récession, stagnation momentanée, forte reprise. Cette déflation a en réalité fait bondir la dette grecque à 180 % du PIB et le scénario est celui qu’annonçaient, au FMI, les délégués argentin, indien ou… suisse qui, ainsi que ceux des pays qui ont subi les politiques d’ajustement structurel de ce même FMI – et leur échec, partout – ont voté contre le premier « plan d’aide » à la Grèce, lequel n’a jamais aidé que les banques allemandes, françaises et grecques – ces dernières étant alors en partie propriétés de groupes français – détentrices de dette grecque. Il s’agit d’un scénario en L : violente récession, suivie d’une interminable stagnation. De 2008 à 2013, le PIB grec s’effondre de 29,8 % ; de 2014 à 2020, avec trois années de hausse, toutes inférieure à 2 % par an, et deux de baisse, il ne regagne que 5,45 %.
La stratégie déflationniste a donc été un échec – jamais, nulle part, la déflation n’a réduit une dette et créé de la croissance – d’autant plus cuisant que toutes les trajectoires de réduction de la dette du FMI, de l’UE, de la BCE ont été démenties année après année : elle est toujours de l’ordre de 180 % du PIB. De même le tassement du chômage n’a-t-il été qu’un trompe-l’œil : il n’est dû qu’au départ en émigration de plus de 500 000 Grecs, parmi les plus jeunes et les mieux formés – autre visage de la prédation euro-allemande puisque cette main-d’œuvre a été formée avec l’argent du contribuable grec et qu’elle va créer de la richesse ailleurs.
Dans ces conditions, on ne saurait décrire ce que sera le scénario grec de l’après-crise sanitaire, puisque le gouvernement estime pour l’heure la récession à 13 % – alors que la pire des années noires (2011), avait vu une baisse du PIB de 9,13 % ! Si la prévision actuelle se réalise (encore faut-il préciser que les chiffres définitifs, depuis dix ans, ont toujours été pires que les prévisions), cela signifie que le PIB grec, à la fin de 2020, sera de plus de 37 % inférieur à celui de 2007 : c’est, je crois, un cas unique dans un pays développé en temps de paix !
Comment la société grecque réagira-t-elle à ce nouveau choc ? Il est trop tôt pour le dire.
Depuis le début de la crise, le gouvernement a annoncé nombre de mesures : baisses de loyers pour les entreprises et les salariés touchés dans leurs revenus, reports d’échéances d’impôts, notamment pour les propriétaires impactés par ces baisses de loyers, aides diverses aux particuliers et entreprises en difficulté, autorisation du chômage partiel, baisses provisoires de TVA notamment pour les activités en rapport avec le tourisme, plan d’aide au tourisme intérieur…
Dès le début de la crise, il a aussi annoncé s’affranchir de l’obligation d’excédent primaire fixé par les créanciers, et il affirme aujourd’hui qu’il n’aura pas recours aux mécanismes de financement créés par l’UE. La conditionnalité des prêts à des « réformes structurelles » rappelle trop les trois mémorandums européens ! Le Parlement grec avait alors dû adopter, sous la menace d’un arrêt de versement des crédits, des textes de quelques articles autorisant le gouvernement à traduire en droit interne les milliers de mesures contenues dans chaque mémorandum – non intégralement traduit en grec –, le tout dans des délais rendant matériellement impossible aux députés de prendre connaissance de ce qu’ils adoptaient, au mépris des principes fondamentaux de la démocratie parlementaire, et notamment du droit d’amendement.
Le gouvernement grec préfère donc retourner sur les marchés : mais combien de temps le pourra-t-il, alors que le PIB va connaître un nouvel effondrement, que les recettes fiscales vont donc baisser, les dépenses augmenter et que le ratio dette/PIB va, cette fois, probablement dépasser les 200 % ?
Quant à la population, elle est tenaillée par deux craintes : celle de nouvelles baisses des salaires et des pensions qui paupériseront encore davantage une population qui, après dix ans de déflation, se trouve pour les deux tiers en dessous ou autour du seuil de pauvreté – « on va avoir faim en Grèce l’hiver prochain », entend-on aujourd’hui ; celle de voir revenir le virus avec les touristes, qu’il arrive cette fois dans des îles jusque-là épargnées, dont les infrastructures sanitaires sont peu développées. Et de ces deux craintes, la première n’est pas forcément la plus vive.
Quant à l’objectif du gouvernement en matière de tourisme, le ministre l’a fixé à cinq millions de visiteurs, au lieu de trente-trois en 2019, et il a annoncé la mise en place d’un dispositif sanitaire exceptionnel dans les petites îles qui ne disposent souvent que d’un dispensaire. Il avait d’abord prévu que les arrivants présentent à leur embarquement dans l’aéroport de départ un test négatif réalisé au plus tôt 72 h auparavant, ce qui garantissait une sécurité raisonnable aux passagers des avions comme aux Grecs qui les accueilleraient. Mais l’Union européenne s’y est opposée au nom de la libre circulation !
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Depuis – résultat de pressions européennes ou de désaccords sur les priorités au sein du gouvernement ? –, les conditions d’accès au territoire grec et les obligations imposées ou non aux ressortissants de tel ou tel État varient presque chaque jour, donnant une impression de flottement et d’improvisation qui contraste avec la fermeté de la gestion de la crise elle-même. Reste à espérer qu’une ouverture prématurée et mal gérée des frontières ne débouche pas sur une catastrophe.
Conflits : Presque un an après l’arrivée au pouvoir du gouvernement Kyriákos Mitsotákis, quel bilan est-il possible de dresser ?
Olivier Delorme : Les élections législatives du 7 juillet 2019 ont porté au pouvoir Mitsotakis – héritier d’un des grands clans politiques grecs – sur un programme proeuropéen et libéral, la relance de l’économie par des baisses d’impôts et l’affirmation que, étant bien en cour à Berlin, il obtiendrait de l’Allemagne plus de latitude que son prédécesseur, point sur lequel les illusions ont été rapidement dissipées. Il a surtout été porté par le rejet de Syriza qui s’est traduit dans l’abstention comme dans le vote en faveur du parti conservateur Nouvelle Démocratie. Il est en effet périlleux de se faire élire à gauche, en promettant la rupture, pour passer sous la table et mener une politique de droite – la seule que tolère l’Union européenne et qui est conditionnée par les traités disciplinaires fixant les règles de la zone euro. Tsipras comme Hollande et quelques autres en ont fait l’expérience.
La victoire de Mitsotakis s’est également jouée sur la signature par Tsipras d’un accord avec Skopje, sous intense pression allemande et américaine, afin que la Grèce lève son veto à l’entrée dans l’OTAN (directement dirigée contre la Russie) de l’ex-République yougoslave de Macédoine ainsi qu’à l’ouverture de ses négociations d’adhésion à l’UE. Aux termes de cet accord, cet État est devenu la République de Macédoine du Nord. Or, pour des raisons qui tiennent à l’histoire[tooltips content=’Conditions des soulèvements contre l’Empire ottoman et terrorisme macédonien visant à la fois Turcs et Grecs ; partage de la région géographique de Macédoine entre Grèce, Bulgarie et Serbie lors des guerres balkaniques de 1912-1913 ; bulgarisation forcée de la Macédoine grecque durant le second conflit mondial ; instrumentalisation de l’idée de Macédoine par les démocraties populaires durant la guerre civile grecque de 1947-1949 ; irrédentisme du parti nationaliste au pouvoir à Skopje durant 17 des 29 années d’indépendance du pays’](2)[/tooltips], l’utilisation du terme Macédoine est inacceptable pour beaucoup de Grecs – y compris à gauche –, et une très large majorité d’entre eux ont considéré cet accord comme une trahison de l’hellénisme, ce que Tsipras a électoralement payé au prix fort, notamment dans le nord du pays.
En réalité favorable à cet accord, qui diffère peu de celui qui avait provoqué la chute de son père, Konstantinos Mitsotakis, Premier ministre de 1990 à 1993, Kyriakos a laissé monter au créneau ceux qui, majoritaires dans son parti comme dans l’opinion, y étaient hostiles. Et il a tiré les marrons électoraux du feu sans avoir la moindre intention de remettre en cause un accord exigé par l’Allemagne, dont il espère plus de « compréhension » en matière économique. Les prochaines élections législatives en Macédoine du Nord (reportées du 12 avril au 4 juillet prochain pour raison de pandémie) montreront si cet accord a été un marché de dupes et si, une fois ouvertes les portes de l’OTAN et de l’UE, les nationalistes irrédentistes reprennent le pouvoir dans cette petite République en partie maffieuse, perpétuellement menacée d’éclatement du fait de sa minorité albanaise tentée par une Grande Albanie (Albanie, Kosovo, ouest de la République de Macédoine du Nord), guettée par la Bulgarie qui la considère comme appartenant à son territoire historique, et ouverte à une influence turque dans laquelle se mêlent les ambitions néo-ottomanes d’Erdogan et la réislamisation sur un mode radical de la minorité albanophone, majoritairement musulmane, alors qu’elle était historiquement acquise à un islam syncrétique et peu observant.
Quant à l’action économique du gouvernement Mitsotakis, il est bien difficile d’en faire le bilan alors qu’il est arrivé au pouvoir dans l’été et que la crise sanitaire a bouleversé son agenda dès janvier. En réalité, sa principale mesure a été la très populaire et substantielle baisse de l’impôt foncier, dont la création avait été imposée dans le cadre des mémorandums européens et qui a augmenté ensuite à plusieurs reprises. Il faut savoir que nombre de Grecs, modestes et paupérisés, sont néanmoins propriétaires de biens immobiliers dans une société où la réforme agraire a été, en Europe, une des plus complètes (avec la France), où l’on a souvent conservé la maison de famille au village d’origine (souvent aussi on y vote, on s’y marie, on y baptise les enfants, même lorsqu’on habite la ville) et où l’achat du domicile a été le mode privilégié d’épargne.
Or la paupérisation massive résultant de la déflation imposée par l’UE a conduit nombre de propriétaires pauvres à ne pouvoir payer cet impôt, à être contraints de vendre leur bien à vil prix dans un marché immobilier déprimé par la dépression, ou à se voir confisquer ce bien en vertu d’une législation exigée par l’UE. Durant les années Syriza, un mouvement citoyen important s’est créé cotre cette spoliation de grande ampleur afin d’empêcher la vente aux enchères des biens confisqués pour dette fiscale, ce qui a conduit l’UE à exiger de Tsipras, qui s’est exécuté, la mise en place d’une plate-forme de vente aux enchères par Internet.
La réduction de cet impôt honni, imposé de l’étranger, n’est donc pas pour rien dans la popularité de Mitsotakis qui, renforcée par la gestion de la crise sanitaire, donnerait au parti du Premier ministre, selon les sondages, un score supérieur à 40 %, qu’aucun parti n’a plus atteint en Grèce depuis longtemps, et ceci en devançant Syriza avec un écart record.
L’avenir dira si la gestion économique de l’après-crise et les temps difficiles qui s’annoncent permettront le maintien de cette tendance ! D’autant que l’activité économique ne peut redémarrer tant que la Grèce…
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