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Paris, 4 novembre 2023 © Aurelien Morissard/AP/SIPA

Guerre Israël / Hamas: dans les pays occidentaux où l’opinion publique refuse de regarder en face la réalité du pouvoir politique en place à Gaza, le hashtag prétendument généreux #ceasefirenow remporte un grand succès.


Sur les réseaux sociaux, dans les tribunes de la presse nationale, les slogans pacifistes se succèdent les uns après les autres. On lit des appels au cessez-le-feu immédiat à Gaza, on veut mettre fin, coûte que coûte, aux pertes civiles, insupportable réalité de la guerre. Les indécis qui préféraient se taire au lendemain des massacres du 7 octobre prennent enfin la parole pour exiger un arrêt immédiat des combats. Voilà plus de trois semaines que le Moyen-Orient a sombré dans l’horreur et les opinions publiques sont excédées, elles n’en peuvent plus: #ceasefirenow. À première vue, ces discours pacifistes ont de quoi séduire, ils donnent bonne conscience. Quoi de plus louable que de s’afficher pour la paix et contre toute forme de violence ? Qui peut batailler contre ces bons vœux et se décréter de facto pour la guerre?

Mais en y réfléchissant de plus près, si c’est vraiment l’arrêt des combats que ces masses exigent, si le nombre de victimes civiles sans cesse croissant donne la nausée – et à juste titre – pourquoi les pancartes brandies, les publications Instagram passionnées, n’appellent pas plutôt à la reddition immédiate du Hamas ? N’en déplaisent aux plus paresseux – et la paresse est un mal qui se répand comme une trainée de poudre depuis l’avènement des réseaux sociaux – il serait de bon augure de rappeler la chronologie des faits et la nature d’une organisation comme celle du Hamas avant d’exprimer sa colère et son point de vue sur la situation. Pour les plus studieux, un petit détour par les livres d’histoire ne ferait pas de mal non plus. Le 7 octobre au petit matin, plus de 2000 hommes du Hamas ont pénétré le territoire israélien avec l’intention affichée de tuer hommes, femmes, enfants. Munis de caméras Go-Pro, pour une mise en scène macabre de l’horreur, ils ont assassiné plus de 1400 personnes, dans des conditions indicibles; ont enlevé au moins 240 otages, parmi eux enfants et nourrissons, vieillards. Ces atrocités ont été commises à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël, sur une bande de territoire qui n’est pas à « libérer », sauf si, comme on l’entend hurler dans les manifestations pro-palestiniennes ces derniers jours, l’ultime but est de libérer la Palestine « toute entière, de la rivière à la mer », autrement dit de détruire tout bonnement l’État d’Israël pour le remplacer par la Palestine.

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Le Hamas connaissait la nature de la riposte israélienne à une telle attaque et avait évidemment conscience des répercussions de ses actions meurtrières sur une population civile gazaouie déjà fragilisée par des conditions de vie déplorables. Parlons-en des conditions de vie à Gaza. Année après année, Gaza a reçu des milliards de dollars en guise d’aide humanitaire, aides visant à améliorer le sort des Gazaouis. Qui a contrôlé l’utilisation de ces deniers? Qui s’est préoccupé de comprendre pourquoi la vie des civils ne s’améliorait guère quand le Hamas, lui, étendait encore et toujours son dédale de tunnels militaires ? Qui s’interroge sur la provenance de l’immense richesse des chefs du Hamas, logés au Qatar dans de fastes villas, quand son peuple meurt sous les bombes? Depuis le début de la riposte israélienne, toutes les organisations internationales, MSF, Unicef et consorts crient à la pénurie des produits de première nécessité dans l’enclave, mais n’expriment aucun étonnement, voir aucune réprobation devant un Hamas qui empile des stocks d’essence lui assurant une force de combat d’au moins encore quatre mois. Personne pour s’indigner de ce braquage? On hurle aux crimes de guerre commis par l’armée israélienne quand on se tait devant le cynisme d’un Hamas qui utilise sa population comme bouclier humain. Personne n’est choqué d’apprendre que le quartier général du groupe se loge sous un hôpital, mettant en danger personnel et malades? Personne ne crie d’épouvante quand des civils sont empêchés de fuir les bombardements de l’armée israélienne?

Nos masses pacifistes semblent oublier que le Hamas règne d’une main de fer et totalitaire sur l’enclave gazouie, qu’il a mené un coup d’Etat en 2007 et tout simplement décimé tous les membres de l’Autorité palestinienne et plus largement toute voix opposante. Les appels au cessez-le-feu immédiat de nos féministes et défenseurs des droits LGBTQ+ choquent quand on sait que déloger le Hamas, c’est aussi mettre fin à l’oppression atroce subie par les homosexuels gazaouis. Ce constat dressé, clin d’œil historique oblige, comment ne pas penser aux foules en liesse accueillant en 1938 un Chamberlain qui venait de sacrifier la Tchécoslovaquie à Hitler, lui-même renforcé de voir des puissances européennes pusillanimes, trop soucieuses de dorloter une opinion publique aveugle aux dangers de l’Allemagne nazie ? On connait la douloureuse suite de l’histoire…

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Alors Mesdames et Messieurs les pacifistes, il est évident qu’au vu de la configuration urbaine de Gaza, de la densité monstre qui y règne et du fameux « Gaza métro », la tâche que Tsahal s’est assignée, à savoir réduire à néant le Hamas, s’annonce terriblement difficile. Quelle que soit l’issue de la riposte israélienne, le nombre de civils tués sera tristement conséquent. Mais devant ce constant inéluctable et après les quelques points rappelés ci-dessous, Mesdames et Messieurs les pacifistes, il est temps de remplacer le hashtag naïf #ceasefirenow par un hashtag plus courageux et pertinent: #surrendernow.



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Entrepreuneuse franco-israélienne basée à Tel Aviv

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