Accueil Édition Abonné En anglais dans le texte

En anglais dans le texte

La fin de la diversité des jurons en langue anglaise?


En anglais dans le texte
D.R.

La langue anglaise s’homogénéise à mesure qu’elle s’internationalise. Les jurons en sont un parfait exemple…


Quelle horreur ! Le juron préféré des Britanniques n’est plus « bloody ». Selon une étude réalisée par un chercheur de l’université d’Aston en Angleterre, Robbie Love, bloody n’est plus en tête du palmarès des gros mots les plus utilisés, cédant sa place aux différentes formes nominales et verbales de« fuck », mot versatile mais tellement tabou que, entre gens polis, on ne s’y réfère que par la circonlocution, « the F-word » (« le mot en F »).

A lire aussi : Apostasie en Angleterre: essaie encore !

Aujourd’hui, bloody n’arrive qu’en troisième position, battu aussi par « shit » (« merde »). L’usage profane de bloody en tant qu’intensificateur – « It’s bloody cold ! »(« Putain, qu’est-ce qu’il fait froid ! »)– date du milieu du xviiie siècle, mais le caractère tabou du terme s’est beaucoup émoussé dans les années 1960. Sa fréquence comme juron caractérise presque toutes les formes de la langue anglaise autour du monde, sauf l’anglais des États-Unis.

A lire aussi : La langue française menacée d’écroulement

Le professeur Love, qui a analysé des retranscriptions de conversations ayant eu lieu entre 1994 et 2014, a trouvé aussi que, au cours de cette période, le recours aux jurons a baissé de 27 %. Il y a des différences entre les hommes et les femmes, celles-ci ayant tendance à moins utiliser les 16 jurons étudiés par Love que les hommes, mais il y a une légère tendance à la convergence, signe peut-être de plus d’égalité entre les sexes. Les plus grands consommateurs de jurons sont les jeunes entre 18 et 34 ans, les personnes âgées étant les plus sensibles au côté choquant des gros mots.

Shakespeare disposait d’une large gamme de jurons et de blasphèmes que ses personnages exploitaient sans retenue. On dirait que cette richesse se perd.

Octobre 2021 – Causeur #94

Article extrait du Magazine Causeur




Article précédent J’ai passé la nuit avec Emma Cline
Article suivant Sandrine Rousseau: de l’émasculation comme écologie prioritaire
Journaliste britannique

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération