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Dieu cherche-t-il à nous convaincre qu’il n’existe pas?

Émile, l’antimiracle de Pâques


Dieu cherche-t-il à nous convaincre qu’il n’existe pas?
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Avant même de savoir qu’il avait ce magnifique patronyme, qu’il s’appelait Émile Soleil, je le trouvais solaire. La blondeur, le sourire éblouissant, mais surtout la photo avec le pissenlit rond et jaune accroché à l’oreille, tout en lui évoquait l’astre du jour au matin, dans le plein triomphe de son enfance radieuse. Mais pour que cette image ne soit pas gâchée de mièvrerie, le visage montrait aussi de l’énergie, une masculinité déjà affirmée, comme celles de l’époque où l’on n’avait pas accolé à ce mot l’adjectif atroce et injuste de “toxique”. Encore quinze ou seize ans et Émile ferait chavirer bien des cœurs de demoiselles en Provence et au-delà.

Pâques est lié au printemps, au resurgissement du jeune soleil qui a triomphé de la nuit à l’équinoxe. Noël est de la nuit et Pâques est du matin, Noël est de l’hiver et Pâques est du printemps. La Providence l’a voulu ainsi pour que l’année liturgique chrétienne soit liée à nos rythmes biologiques les plus profonds. Que ceux qui en doutent lisent les deux ouvrages de Jean-Christian Petitfils Jésus et Le Suaire de Turin, l’enquête définitive. Dans le premier il explique que la conjonction de planètes identifiée par Kepler comme étant l’étoile de Noël, qui a lieu tous les 753 ans, se reproduit trois fois dans l’année, dont la dernière fin décembre. Dans le second, il nous apprend que les spécialistes de pollens ont trouvé dans le Suaire des traces d’une plante qui n’existe qu’autour de Jérusalem et fleurit en avril. Ceux qui croient encore aux résultats du carbone 14, erronés et traficotés, me recopieront le livre de Jean-Christian, qui fait tout de même un nombre de pages respectable.

Je ne vais jamais à la Veillée Pascale, qui me paraît un contresens moderniste même si elle a parait-il des racines anciennes, je vais toujours à la messe du matin de Pâques et j’y entends le sublime évangile de Luc sur le matin de la Résurrection : “Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant”.

Mais voilà que la réalité voulue par Dieu, ou par le hasard, chacun juge suivant ses convictions, a mis un terme à la vie d’Émile Soleil de la pire façon. La veille de Pâques, une femme a trouvé un crâne d’enfant dans un bois peu éloigné du Haut-Vernet, l’a pris avec précaution et a appelé les gendarmes. Le crâne a été authentifié dans la nuit, et au matin la terrible nouvelle a été portée aux parents. Une note du Figaro dit que l’annonce leur a été faite pendant qu’ils quittaient leur maison pour aller à la messe de la Résurrection, une autre note dit qu’ils auraient été informés pendant la messe, ce qui serait un comble de cruauté. Toute l’histoire d’Émile est comme saturée de symboles, au-delà du christianisme elle semble renvoyer aux contes les plus archaïques de l’humanité. L’enfant s’est perdu dans la forêt des terreurs ancestrales et, à l’inverse du petit Poucet, il avait oublié de disposer des cailloux pour retrouver son chemin.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Mort d’Émile: pourquoi sommes-nous bouleversés?

Pour un chrétien, c’est une histoire tout à fait scandaleuse, déroutante, une épreuve qui risque de faire croire davantage en l’existence du diable qu’en celle de Dieu. On se souvient que dans La Peste de Camus, le docteur Rieux a perdu la foi à cause de la mort d’un enfant innocent. Une envie puérile nous prend, celle de pousser Dieu de son trône et d’installer une tout autre histoire dans les bois du Haut-Vernet. Le co-pilote de la German Wings s’est éjecté au dernier moment, il ne voulait pas se suicider, mais satisfaire sa haine terrible de l’humanité. Il a échappé aux recherches et survécu dans la rude montagne des Trois-Evêchés en retournant à l’animalité, en vivant comme les loups et les ours, en s’abritant au plus fort de l’hiver dans une tanière. Un soir de l’été suivant, il a vu venir à lui un petit ange blond qui l’a bouleversé et a réveillé son humanité. Il n’était ni ogre ni pédophile, mais a voulu garder près de lui cet enfant merveilleux comme Silas Marner, le tisserand avare de George Elliot dans le roman éponyme. Cet homme trouve une fillette blonde à sa porte un soir de Noël et l’adopte. Au matin de Pâques, l’homme en guenilles a pris l’enfant par la main, l’a ramené au village, et a disparu après l’avoir laissé à la première maison. Plus besoin de chercher parmi les morts cet enfant qui est vivant ! Joie immense dans la chrétienté, consolation contre la fin programmée de la catholicité par manque de prêtres, consolation contre le massacre universel des chrétiens, au Sri Lanka, dans la banlieue de Rouen, au Nigéria, Pakistan etc…

Mais Dieu est avare de miracles, il a refusé mon scénario à l’eau de rose. Alors, pourquoi croire encore en Lui ? D’abord pour suivre l’exemple de la famille d’Émile, qui a manifesté tant de dignité dans sa douleur, qui a totalement refusé le quart d’heure de célébrité warholienne dont l’attrait difficilement résistible fait naître en ce moment des vocations de plus en plus nombreuses de menteurs et surtout de menteuses. Il y a juste eu ce très court message de la mère qui suppliait un éventuel ravisseur de lui rendre Émile, message uniquement vocal. Aux dernières nouvelles, personne dans cette famille très chrétienne n’a annoncé qu’il renonçait à sa foi pour cause de cruauté divine dans cet antimiracle.

Quant à moi, j’ai une foi de charbonnier indéracinable, mais je propose à ceux qui ne l’ont pas la lecture de l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils dont je parlais, Le Saint Suaire de Turin, Témoin de la Passion de Jésus-Christ. Dieu nous a laissé une preuve matérielle de la Résurrection, mais comme dans la nouvelle d’Edgar Poe La lettre volée, elle est trop visible pour qu’on la voie. Le grand historien a mené une enquête approfondie sur l’itinéraire du Suaire, de Jérusalem à Constantinople, puis en Champagne après le sac de la ville par les Croisés, en Savoie et aujourd’hui à Turin. Il explique longuement les erreurs et les mensonges des trois laboratoires différents qui ont voulu dater le Suaire au carbone 14, il rend compte de toutes les analyses scientifiques qui ont prouvé que le linge a été tissé au Proche-Orient au Ier siècle après-JC. Des spécialistes des tissus anciens aux spécialistes des pollens, des centaines d’universitaires y ont travaillé, mais on bute à la fin sur l’impossibilité absolue d’expliquer la formation de l’image.

Les ossements d’Émile seront tôt ou tard confiés à la terre, il nous restera ce visage si émouvant de l’Enfance Eternelle qui fera peut-être le miracle de ralentir la dénatalité en Occident.

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