Qui est le nouveau DSK?


L’homme qui incarnait la tendance libérale du PS et qui dirigea l’institution libérale la plus honnie du monde par les révolutionnaires vient de réapparaître là où on l’attendait le moins, à l’autre extrême de l’échiquier.

Dans une Lettre à mes amis allemands, qui fait écho aux Lettres à un ami allemand écrites par Albert Camus entre 1943 et 1944,  DSK accuse l’Allemagne d’aujourd’hui d’avoir voulu saisir « l’occasion d’une victoire idéologique sur un gouvernement d’extrême gauche ». Il apporte ainsi sa caution (non pas morale, mais politique) à ses ex-adversaires d’hier les frondeurs, qui n’ont pas tardé à s’en réjouir (sic).

Quand DSK énumère les figures prestigieuses qui définissent l’Europe, il place Marx aux côtés de Michel-Ange, Shakespeare, Descartes, Beethoven, Freud et Picasso, comme si l’Europe d’aujourd’hui ne s’était pas construite contre les deux totalitarismes, le nazisme et le communisme.

Plus surprenant encore, on annonce qu’il se met au service personnel de Raoul Castro dont le régime ne peut pas être accusé de libéralisme, ni sur le plan de l’économie, ni sur celui des mœurs sexuelles.

Avant de chanter les louanges de ce retour au vertueusement correct, attendons un peu de voir si le naturel que DSK vient de chasser n’est pas en train de piaffer d’impatience avant de revenir au galop.

Que lui demande en effet Raoul Castro ? « D’accompagner la réouverture des échanges commerciaux entre la Havane et son voisin américain. »

Or on sait quelle était la réputation sulfureuse des échanges commerciaux entre la Havane et son voisin américain avant la révolution cubaine.

Je conseillerais donc aux révolutionnaires vertueux d’attendre un peu avant d’applaudir leur nouvelle recrue.



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André Sénik, professeur agrégé de philosophie.

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