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Ces chiffres du chômage à Paris qu’Hidalgo ne veut pas ébruiter

Emploi à Paris: les piteux résultats de la mandature sortante


Ces chiffres du chômage à Paris qu’Hidalgo ne veut pas ébruiter
Anne Hidalgo, dans son bureau en juin 2019 © ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA Numéro de reportage: 00913720_000026

Le chômage n’est pas une thématique en vogue chez les candidats aux municipales à Paris. Anne Hidalgo se garde bien de le signaler à ses futurs concurrents. Ce n’est peut-être pas un hasard.


Le chômage est un thème auquel on ne pense pas spontanément quand on se présente à la mairie de Paris. Cela passe même souvent après la problématique de la pollution urbaine, de la circulation ou des crottes de chien. Et pourtant, les opposants à l’élue socialiste ont tort de ne pas y jeter un œil plus avisé. Si on regroupait les chômeurs à Paris, ils occuperaient un arrondissement de la taille du 18ème! Savez-vous que le nombre d’inscrits à Pole Emploi à Paris (201280 au 2ème trimestre 2019 en catégorie A, B, C) est supérieur au nombre d’habitants de cet arrondissement du nord de la capitale (Montmartre), le second le plus important par sa population[tooltips content= »200440 habitants: populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2017″]1[/tooltips] ?

Ces Parisiens perdants dans la mondialisation

Depuis la prise de fonction de Madame Hidalgo, le nombre de chercheurs d’emploi a augmenté de 4,8%[tooltips content= »+ 9210 inscrits à Pole Emploi en catégorie A,B,C entre le second trimestre 2014 et le second trimestre 2019 (Source : DARES) »]2[/tooltips] alors que le nombre d’habitants est en baisse dans la capitale. Pire encore: on assiste à une envolée du nombre de chômeurs de longue durée: +15,3% sur la même période et +65,11% sur les dix dernières années de mandature socialiste[tooltips content= »+40950 demandeurs d’emplois inscrits depuis un an et plus en catégorie A, B et C à Paris entre le second trimestre 2009 et le second trimestre 2019 ( données trimestrielles) soit +65,11 % (Source : DARES ) »]3[/tooltips]! Beaucoup d’entre eux sont indéniablement des seniors. Quand on analyse l’augmentation de leur nombre en recherche d’emploi, on ne peut que constater la bérézina: +26% sur les cinq dernières années et +108 % sur les dix dernières [tooltips content= »demandeurs d’emplois de 50 ans et plus A, B et C à Paris entre le second trimestre 2014 et le second trimestre 2019 et entre le second trimestre 2009 et le second trimestre 2019 (Source : DARES) »]4[/tooltips] !

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Où va-t-on à ce rythme ? Si on regroupait les auto-entrepreneurs à Paris, ils occuperaient un arrondissement de la taille du 17ème! De surcroît, ces données peu glorieuses ne prennent pas en compte la montée de la précarité de ceux qui travaillent à Paris: de plus en plus d’auto-entrepreneurs et de « startupers » aux faibles revenus, parfois ne déclarant aucun chiffre d’affaires mensuel tout en ne percevant aucune indemnité des Assedic. A fin 2017, Paris comptait 89 759 micro-entrepreneurs[tooltips content= »Bilan micro-entrepreneur N°27 / Octobre 2018 (Source : URSSAF) « ]5[/tooltips] économiquement actifs dégageant un chiffre d’affaires mensuel moyen d’environ 833 euros auxquels il convient d’ajouter environ un tiers d’auto-entrepreneurs administrativement actifs, soit 30 000 personnes ne déclarant pas de chiffres d’affaires. Population hétérogène, ces auto-entrepreneurs, parfois sans revenus du travail et non éligibles aux allocations, peuvent être considérés comme des personnes actives ne recherchant pas d’emploi… Elles contribuent ainsi, statistiquement, à la baisse d’un taux de chômage manifestement biaisé. Sachant que les actifs sous ce statut augmentent à un rythme soutenu (+16 % de 2017/2016) en Île-De-France, Paris pourrait compter plus de 160 000 microentreprises à fin 2019, soit une population proche de celle du 17ème. Le troisième arrondissement le plus important par sa population!

Anne Hidalgo a oublié qu’elle a été inspectrice du travail

La mairie socialiste laisse les Parisiens se précariser ! Dresser un diagnostic objectif sur l’emploi et le travail à Paris est essentiel pour pouvoir anticiper les besoins dans tous les domaines et se poser de nécessaires questions. Comment vivre à Paris quand on est chercheur d’emploi ou micro-entrepreneur? Comment vont vieillir les seniors de plus en plus nombreux à pointer à Pole Emploi, parfois dès 45 ans, sans grand espoir de retrouver un travail dans le système actuel, confronté à un jeunisme ambiant et culturellement bien installé dans les mentalités? Quid du système de retraites des personnes aux parcours de plus en plus hachés?

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Est-ce acceptable que Paris Capitale, fer de lance de l’économie française, ne saisisse pas à bras le corps ces problématiques? On n’a guère entendu sur ces sujets Madame Hidalgo.

Rappelons qu’elle est ancienne inspectrice du travail !

Le besoin d’un maire plus innovant et moins dogmatique

Les limites de l’ubérisation de l’économie apparaissent à Paris de manière encore plus criante qu’ailleurs sur le territoire national. La grogne régulière et au grand jour des livreurs à domicile n’en est que l’exemple le plus flagrant. Des plateformes comme Deliveroo les exploitent, et certains pédalent des heures comme des malheureux… sur des vélos en location mis en place par la Mairie.

Paris Capitale doit devenir une terre d’expérimentation en matière d’emploi. En tant que maire de Paris, Madame Hidalgo a bien plus de pouvoir en matière d’emploi au niveau local que les Parisiens ne l’imaginent peut-être. En vertu de la loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l’organisation décentralisée de la République et de la loi organique n°2003-704, la capitale peut, en tant que collectivité territoriale, faire la demande au Parlement d’expérimentation de nouvelles mesures en matière d’emploi. Espérons que la prochaine mandature verra émerger une équipe bien plus innovante et efficace en matière de travail et d’emploi à Paris que celle actuellement en place qui, à défaut de résultats, grève l’avenir des parisiens avec un endettement colossal!



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