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À qui le tour?

Chronique de la cancel culture


À qui le tour?
Lori Lightfoot, maire de Chicago © D.R.

Les « annulés » du mois de mai. Ce qui semblait une mauvaise blague est devenu un fait social. Chaque mois, de nouvelles personnalités – parfois improbables – sont purement et simplement « effacées de la photo ». Motif ? Elles sont jugées « pas convenables » par les hérauts de la cancel culture…


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Le mobilier urbain de Paris

Place au neuf, tout doit disparaître ! Fontaines de rue du xixe siècle, lampadaires du xxe, portes forgées, morceau de la tour Eiffel… La municipalité parisienne, qui entend bien faire de la capitale une ville moderne, colorée et inclusive, s’est débarrassée d’une partie de son vieux mobilier urbain à l’occasion de la 11e édition de la vente aux enchères « Paris, mon amour », à Drouot. Exaspérés par cette vente de leur ville à la découpe, 254 Parisiens se sont cotisés et, faute de pouvoir sauver Paris, sont parvenus à sauver les meubles. Ou au moins l’un d’entre eux. Pour la modique somme de 1 200 euros, ils ont racheté un banc dessiné par Davioud, avec un objectif : lui rendre sa place dans les rues de Paris, un peu à la manière des amoureux de la nature qui réintroduisent dans leur milieu naturel certains animaux en voie d’extinction.

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Les Golden Globes

Cette récompense du cinéma américain, souvent présentée comme l’antichambre des oscars, connaît depuis des mois une véritable descente aux enfers. En février, le Los Angeles Times relève que, parmi les 87 membres de la Hollywood Foreign Press Association (HFPA) – l’organisation chargée d’attribuer les statuettes –, aucun n’est noir. Face au tollé, la HFPA annonce des recrutements, pour atteindre une représentation de « 13 % de Noirs ». Mais en avril, on exhume un e-mail du président, dans lequel ce dernier assimile Black Lives Matter à un « mouvement de haine ». Nouveau scandale. Cette fois, les deux « consultants en diversité » recrutés pour aider la HFPA claquent la porte. En mai, la polémique enfle encore, et des stars comme Scarlett Johansson et Mark Ruffalo appellent à boycotter la cérémonie, bientôt rejoints par Netflix, Amazon et la Warner. Tom Cruise rend ses trois statuettes. Le coup de grâce est donné par la chaîne NBC, diffuseur historique des Golden Globes, qui annonce qu’elle ne retransmettra pas la prochaine cérémonie. Le maccarthysme a toujours cours aux États-Unis, seulement, les standards ont changé : avant, il ne fallait pas être trop rouge ; aujourd’hui, il faut être suffisamment noir.

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L’ouvrage The History Makers

Après dix ans de travail, l’universitaire Richard Cohen devait publier son grand livre consacré aux figures historiques à travers les âges. Mais en dépit de plusieurs rajouts, l’éditeur a jugé l’œuvre « trop blanche » : The History Makers » (« Ceux qui font l’histoire ») ne sortira donc pas aux États-Unis. À défaut de faire l’histoire, on peut compter sur les wokes pour la défaire.

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Les journalistes blancs

À l’heure où, en France, le mot « racisé » fait son entrée fracassante dans Le Petit Larousse 2022, la maire de Chicago, Lori Lightfoot, a annoncé qu’elle n’accepterait d’interviews en tête-à-tête qu’avec des journalistes de couleur. Parmi ses soutiens, on veut croire que cette position n’est « en rien hostile aux journalistes blancs, mais seulement en faveur de leurs pairs noirs ». Bref, que les Blancs n’ont en rien à se formaliser de cette exclusion.

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Le baiser de Blanche-Neige

Le prince charmant avait-t-il le droit d’embrasser Blanche-Neige sans son consentement, alors qu’elle était endormie ? N’aurait-il pas mieux fait de lui jeter un seau d’eau au visage ? Le jour de la réouverture de Disneyland, en Californie, deux journalistes ont pointé cet épineux problème du consentement, et suggéré d’inventer « une autre fin ». La proposition a beaucoup fait gloser, et pour cause : à ce compte-là, il va falloir retirer du cinéma tous ces baisers volés auxquels François Truffaut a été bien inspiré de consacrer un film. Qui sera certainement interdit un jour.

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« Ladies and gentlemen »

Un conducteur de métro londonien a osé proférer ces paroles abjectes : « Good afternoon ladies and gentlemen ». Comme de juste, Laurence, qui ne se définit ni comme une femme ni comme un homme, s’en est émue sur Twitter. « En tant que personne non binaire, cette annonce ne s’adresse pas à moi », a-t-elle déploré. La LNER, la compagnie de métro incriminée, s’est aussitôt excusée auprès de la plaignante et, après l’avoir incitée à dénoncer le conducteur fautif, s’est engagée à faire en sorte que tous ses agents soient « inclusifs », conformément aux instructions officielles. Depuis 2017 en effet, les règles sont claires : par souci de cette sacro-sainte inclusion, les conducteurs ne doivent plus dire « ladies and gentlemen », mais « Hi everyone ! ». Si vous ne comprenez pas l’anglais, alors c’est que ces messages ne sont pas suffisamment inclusifs pour vous : nous vous recommandons d’engager une plainte.


Les annulés pour cause de « mégenrage »…

Ce barbarisme apparu dans les années 2000 désigne le fait pour un individu d’être « assigné par erreur à un genre qui ne lui correspond pas ». Les exemples ont pullulé ce mois-ci avec, à chaque fois, une « annulation » à la clé…

Le doublage de l’actrice transgenre Laverne Cox, objet du scandale après que les internautes ont constaté qu’il était assuré par un homme dans les versions italiennes, allemandes et espagnoles du film Promising Young Woman.

Le député espagnol Francisco José Contreras, banni de Twitter pendant douze heures pour avoir prétendu : « Un homme ne peut pas tomber enceinte. »

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Lisa Keogh, une étudiante écossaise, visée par une procédure de son université après avoir osé déclarer : « Les femmes ont un vagin, c’est un fait. »

L’intellectuel de gauche Richard Dawkins a été privé par l’AHA (american humanist association) de son titre d’Humaniste de l’année 1996 pour un tweet dans lequel il se demandait pourquoi ceux qui font fi de la biologie au sujet de l’identité de genre n’acceptent pas qu’on la questionne quand il s’agit de la couleur de la peau. La question se voulait ouverte, mais personne n’y a répondu. À la place, l’intellectuel a été ostracisé. Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il fait du « mégenrage » !

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Juin 2021 – Causeur #91

Article extrait du Magazine Causeur




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Consultant en communication et relation publique

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