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Respect des principes de la République: quand parlera-t-on enfin de respect de la France?

Une tribune de Laurence Trochu du Mouvement Conservateur


Respect des principes de la République: quand parlera-t-on enfin de respect de la France?
Discours du Président Macron sur la lutte contre les séparatismes, les Mureaux, octobre 2020 © Eric TSCHAEN/POOL/SIPA Numéro de reportage : 00984047_000010

L’assassinat de Samuel Paty semblait avoir offert à Emmanuel Macron un bref moment de lucidité. Force est pourtant de constater que les remèdes proposés par le projet de loi confortant le respect des principes de la République font appel à deux concepts inappropriés et mal compris pour combattre l’islamisme: les valeurs de la République et la laïcité.


Employés à tort et à travers depuis des décennies, ils n’ont jamais empêché l’accroissement de l’islam culturel dans l’espace public ni permis de contenir la poussée de l’islamisme. Le Mouvement Conservateur rappelle dans Le Manifeste du conservatisme que bien que la France soit une République laïque, elle ne s’y réduit pas et constitue aussi un espace culturel et civilisationnel distinct dont la protection et la promotion doivent être le fil rouge de l’action politique.

Il est intéressant de noter que le projet de loi actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale met l’accent sur le respect des principes de la République mais ne mentionne jamais le respect de la France. Elle n’y est d’ailleurs citée que six fois, contre 49 fois pour les mots « République » et « républicains ». Or, c’est la France qui est en danger et qui a besoin d’être protégée, la république n’étant qu’un régime politique. Là où on cherche à réaffirmer les valeurs et les principes de la République, c’est plutôt ce qui caractérise la France, ses us et coutumes ainsi que son mode de vie qui devraient être rappelés et confortés. Ils sont d’ailleurs les meilleurs outils dont nous disposons pour lutter efficacement contre l’islamisme : si ce dernier est un projet civilisationnel, alors c’est avec l’affirmation de notre propre civilisation que nous devons mener le combat. La Commission d’enquête du Sénat l’a souligné en juillet dernier : « Les islamistes cherchent à peser sur la vie quotidienne et le rapport aux autres des Français de confession musulmane et des musulmans étrangers résidant en France, pour leur imposer une orthopraxie, des pratiques vestimentaires, alimentaires, rituelles, mais surtout une norme de comportement et de rapports entre les hommes et les femmes, afin de les séparer du reste de la population française. » C’est ainsi que, petit à petit, la société civile est islamisée et que le séparatisme prend forme. Battons-nous donc à armes égales pour que la France soit enfin capable de contrer le développement de l’Islam culturel et ses dérives totalitaires qui cherchent à régenter les modes de vie et qui se développent en marge du djihad terroriste. 

La République s’accommode très bien de régimes islamistes: la République islamiste d’Iran a beau être une théocratie régie par la Charia, elle n’en répond pas moins aux critères d’une république!

À chaque fois que le gouvernement tente de s’atteler à la lourde tâche qu’est la lutte contre l’islamisme, il en appelle aux valeurs de la République et à ses principes. Or, la démarche est bancale et laisse dubitatif. La république n’est stricto sensu qu’un régime politique dans lequel le pouvoir est accordé par le corps social – par opposition au pouvoir héréditaire. La république n’est porteuse d’aucune essence ni d’aucun message normatif, culturel ou civilisationnel ; elle n’est même pas garante de la démocratie ! Elle s’accommode d’ailleurs très bien de régimes islamistes : la République islamiste d’Iran a beau être une théocratie régie par la Charia, elle n’en répond pas moins aux critères d’une république. On a donc du mal à voir en quoi l’affirmation des principes régissant la République, un simple régime politique, serait la réponse appropriée au projet islamiste qui est un projet civilisationnel. Avons-nous déjà vu le Royaume-Uni en appeler aux principes de la monarchie constitutionnelle ou la Suisse aux principes confédéraux pour lutter contre l’islamisme ? Non.

L’appel ad nauseam aux valeurs et aux principes de la République est problématique, car ils peuvent toujours se discuter. L’exemple du voile islamique est éloquent : c’est au nom de la liberté que des femmes s’y opposent ou le portent ! Les valeurs de la République, que personne ne prend le soin de définir, sont toujours relatives et dépendent de l’interprétation subjective que chacun en fait ; elles ne semblent donc pas être les meilleurs outils dont nous disposons pour lutter contre l’islamisme. L’enjeu est ailleurs. Il réside davantage dans l’affirmation de ce que nous sommes et de notre identité. Les us et coutumes de la France, son mode de vie, ses traditions, ce qui la caractérise d’un point de vue anthropologique et civilisationnel sont des données objectives consacrées par l’histoire et qui ne souffrent aucune discussion ou interprétation possible. Cessons de tergiverser sur des valeurs abstraites et ayons le courage d’opposer à nos ennemis qui nous sommes objectivement. D’autant plus que notre héritage, notre culture et notre civilisation sont pétris d’ouverture, de tolérance, d’égalité entre les hommes et les femmes, en tout point opposées au projet politique de l’islamisme. L’enjeu est bel et bien de refuser certaines coutumes venues d’ailleurs qui ne correspondent tout simplement pas au mode de vie français et aux principes qui les inspirent. 

Cette tendance à faire appel à des concepts désincarnés pour lutter contre l’islamisme se retrouve aussi dans le recours à la laïcité, y compris dans le présent projet de loi où elle est rappelée dès l’exposé des motifs. Or, la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État ne visait qu’à protéger le pouvoir politique de l’influence de l’Église. Le principe de laïcité ne permettra pas de lutter contre l’Islam culturel et politique, car la loi de 1905 concerne l’État alors que le totalitarisme islamique exerce une emprise et une influence qui vise la société civile. Convoquer la laïcité, tel un réflexe pavlovien, à chaque fois que l’islamisme se rappelle à nous, est donc insuffisant.

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On en vient finalement à s’interroger : est-il devenu interdit de parler de la France ? Quarante années de gauchisme politique ont rendu tabou tout lien d’enracinement et de rapport charnel des Français avec leur pays, son histoire, ses traditions, et ce qui le caractérise. Parler des valeurs de la République, de ses principes, de la laïcité, sont finalement autant de moyens de tourner autour du pot pour ne pas avoir à parler de ce qui est réellement essentiel : que ce n’est pas la République qui est attaquée, mais la France en tant qu’espace civilisationnel. On en vient aussi à ne plus pouvoir nommer le réel. L’islamisme n’est mentionné que deux fois dans le projet de loi, et toujours dans le cadre plus large des « séparatismes », dont l’emploi du pluriel par souci de non-discrimination relève d’un terrible manque de courage pour nommer l’ennemi.  

C’est une approche conservatrice, celle de la réappropriation et de l’affirmation de notre héritage culturel façonné par notre tradition gréco-romaine et nos racines chrétiennes qui peut relever l’immense défi auquel l’Occident est confronté. C’est une urgence vitale de refuser la soumission au multiculturalisme et à l’immigrationnisme, ces deux dogmes progressistes qui empêchent d’ouvrir les yeux sur une réalité qui crève pourtant les yeux : la protection de la Nation exige la défense des frontières pour mettre fin au chaos migratoire, car la France a le droit de choisir qui elle souhaite accueillir sur son territoire. Parce que l’immigration est majoritairement de culture musulmane, elle est un défi civilisationnel pour que la France reste la France. Seule une politique de l’enracinement permettra de répondre à l’instinct de conservation qui anime les Français, un instinct de résistance et de courage qui appelle une volonté politique portée par un amour inconditionnel de la France.



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Laurence Trochu est Présidente du Mouvement Conservateur et porte-parole de la campagne d’Eric Zemmour.

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