Accueil Culture Le syndrome Schnock

Le syndrome Schnock


Que s’est-il exactement passé en France, au tournant des années 1970-1980, pour que cette période suscite une nostalgie allant bien au-delà d’une simple mélancolie générationnelle, à l’image de celle que l’on entretient par exemple pour son adolescence disparue ? D’où vient ce sentiment vague mais prégnant que tout a définitivement basculé entre le premier choc pétrolier et le tournant de la rigueur en 1983 ? Il s’est passé que la France, qui se ressemblait encore un peu dans les films de Sautet, les romans de Sagan, les polars d’Yves Boisset, est devenue un pays radicalement différent et qu’il y a moins d’écart entre le monde de Stendhal et celui de Giscard qu’entre celui de Giscard et le nôtre.[access capability= »lire_inedits »] Ces tourments qui sont les nôtres, on en trouvera un écho dans Schnock, la revue des vieux de 27 à 87 ans, qui consacre un dossier de cinquante pages à Jean Yanne, l’icône absolue de ce temps-là.

On a déjà parlé dans Causeur de Schnock, ce « magbook » (on dit aussi mook si on est branché) qui a aussi mis à l’honneur Amanda Lear et Jean-Pierre Marielle.
Au-delà du contenu passionnant, érudit, rigolard, qui sait mêler les confessions de Michèle Torr et la défense de Jean Yanne par Dominique de Roux, le succès de Schnock est un symptôme pour le moins étonnant. Le numéro 3 de Schnock est entré dans le club des 50 meilleures ventes de la catégorie « Essais » d’Ipsos/Livres Hebdo un mois après sa sortie fin mai, situé au 26e rang, entre Passeport adultes : cahier de vacances et Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? de Stephen Hawking. Pour une publication de ce genre, on frise l’exploit.

Mais comme le remarquait déjà en son temps Simone Signoret, la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. On sent bien que l’attendrissement sur les cols pelle à tarte et les typologies de l’envoyeur de cartes postales ne suffisent pas à définir la « Schnock attitude ». Celle–ci consiste en fait à refouler par l’humour et la désinvolture mélancolique le sentiment diffus d’avoir appartenu à la dernière génération qui aura été témoin de la France d’avant, sans pour autant avoir compris ce qui s’est passé au juste pour que tout soit devenu à ce point étranger.[/access]

Schnock n°3 (La Tengo édition).

Juillet-août 2012 . N°49 50

Article extrait du Magazine Causeur



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Sacré Graal
Article suivant M. le président, Mmes et MM. les ministres, allez voir ailleurs si nous y sommes !

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération