Brigitte Lahaie: «Najat Vallaud-Belkacem me fait penser à un pitbull»


Brigitte Lahaie: «Najat Vallaud-Belkacem me fait penser à un pitbull»

Brigitte Lahaie féminisme

Causeur. Brigitte Lahaie, en tant qu’ancienne actrice X et animatrice de votre propre émission sur RMC, dans laquelle vous répondez aux questions des auditeurs sur « l’amour, la sexualité, la fidélité et le plaisir », vous sentez-vous féministe ?

Brigitte Lahaie. J’ai beaucoup œuvré pour que les femmes soient libres de leur corps, de leur jouissance. Mais au début des années 1980, dans ma carrière X, j’étais très mal jugée par les féministes parce que j’étais une sorte d’objet sexuel pour les hommes. Dans une conférence à laquelle on m’avait invitée, à Lyon, je me suis fait siffler. Par la suite, j’ai sympathisé avec certaines d’entre elles, mais on n’était absolument pas d’accord sur de très nombreux points.

Encore aujourd’hui, des groupes comme Osez le féminisme ! voient d’un assez mauvais œil la pornographie, sans même parler de la prostitution…

Ah, Osez le féminisme !… Oui, pour elles, si je me prostitue ou si je suis actrice X, c’est forcément que je suis une victime. Je ne peux pas être libre et responsable de m’envoyer en l’air, ou avoir envie de toucher du fric avec mon sexe. C’est impossible pour elles ![access capability= »lire_inedits »]

Elles considèrent que prostitution et pornographie oppriment la femme en faisant primer le désir de l’homme sur le sien…

Elles ne comprennent pas la pulsion sexuelle masculine, cette chose qui se manifeste entre les jambes d’un homme dès l’âge de 12-13 ans… On ne fonctionne pas tout à fait pareil. Et à vouloir que les hommes deviennent des femmes, on va à la cata ! Moi, je les entends, les mecs qui n’ont pas baisé depuis un an, deux ans, et qui me demandent presque la permission d’aller voir ailleurs, timidement. Non mais qu’est-ce que ça veut dire ? Elles épousent un homme parce qu’il a un bon profil pour être le père de leurs enfants, et ensuite ceinture ? Je veux bien qu’on abolisse la prostitution, mais alors qu’on demande aux épouses d’accomplir le devoir conjugal.

Il y a heureusement des féministes moins puritaines, comme Ovidie, actrice et réalisatrice X trentenaire…

Bien sûr, mais quand Ovidie dit que se faire siffler dans la rue est une forme de harcèlement, je ne comprends pas. Affirmer que « 100 % des femmes ont été harcelées », c’est très grave ! J’en parlais avec une amie et sa fille, qui a 14 ans. Elle nous a demandé : « Alors on va forcément être harcelées ? » En entendant ça, les gamines s’imaginent qu’elles vont être des victimes. Personnellement, si j’ai cette position pro-hommes et antiféministe, c’est parce que j’ai au contraire rencontré des hommes extraordinaires, à qui je dois beaucoup.

A priori, les féministes n’ont pourtant pas pour objectif revendiqué de traumatiser les fillettes. Qu’est-ce qui cloche, selon vous ?

Elles tiennent exactement le même discours que les machos du début du xxe siècle. Par exemple : si une femme, parce qu’elle a bu, fait l’amour un soir avec un homme alors qu’elle n’en avait pas envie, elle pourra ensuite porter plainte pour viol. Ce qui signifie qu’une femme un petit peu soûle n’aurait plus son libre arbitre, il faudrait que ce soit l’homme qui décide à sa place. On marche sur la tête ! Et le pire, c’est qu’elle a toutes les chances que le mec soit condamné.

En contestant le discours victimaire en vigueur sur la question, vous ne craignez pas d’être épinglée par les Chiennes de garde et leurs amies ?

Accuser l’homme d’être trop bestial aujourd’hui, en France, est totalement absurde. Le féminisme a encore sa raison d’être à l’échelle mondiale. En France, il n’en a plus aucune, et il fait plus de tort aux femmes que de bien. Par exemple, beaucoup de féministes militent contre la pilule et les traitements hormonaux substitutifs. Sous prétexte que ces produits artificiels auraient des effets secondaires négatifs – ce qui n’est absolument pas prouvé –, elles veulent remettre les femmes dans la situation qui était la leur au siècle dernier. Mais certaines sont pour les mères porteuses. C’est invraisemblable !

Actuellement, il semble extrêmement difficile de s’opposer aux discours féministes, sur lesquels s’appuie le gouvernement pour légiférer.

Moi, j’ai une tribune médiatique. Je peux prendre la défense des clients de prostituées, par exemple… Mais ce qui est dramatique, c’est que plus aucun homme ne peut se permettre de dire ce que je dis sans être immédiatement traité de machiste. Najat Vallaud-Belkacem me fait penser à un pitbull, et les féministes ne font que mettre de l’huile sur le feu dans les rapports hommes-femmes, qui n’ont pas besoin de ça.

Cette remarque me fait penser au nouveau principe indiscutable de parité en politique. Comme si les femmes étaient, par nature, trop nulles pour s’imposer sans qu’on leur réserve la moitié des sièges…

Je trouve ces questions de parité stupides. À ce train-là, on va bientôt inventer la parité catholiques-musulmans… Je rappelle souvent que ce sont des hommes qui ont inventé la pilule et trouvé le point G. Et les femmes sont capables d’atteindre les plus hautes sphères : Ségolène Royal est arrivée au second tour de la présidentielle. Simplement, il y a moins de femmes qui ont envie de devenir politiques. Et elles ont raison, ce sont des métiers de fous.

À propos de travail, on nous rebat les oreilles avec les écarts de salaires entre hommes et femmes… Mais on peine de plus en plus à imaginer un patron qui paierait volontairement moins une femme qu’un homme, parce qu’il trouverait cela normal.

On prend seulement la partie émergée de l’iceberg et on en déduit quelque chose de faux. À mon entretien d’embauche pour RMC, j’ai exprimé des exigences concernant mes conditions de travail plutôt que le montant de mon salaire. Les femmes négocient leur temps libre, leur qualité de travail. Les mecs négocient en fonction de leur porte-monnaie. Forcément, à travail égal, les hommes gagnent donc plus que les femmes.

Ça tombe bien, votre livre nous apprend que trois femmes sur quatre ont pour premier critère de sélection d’un homme sa situation financière et son ambition professionnelle…

Oui, bien sûr, c’est dans nos gènes.

Attention, vous allez bientôt nous dire qu’il faudrait que les femmes restent à la maison… La presse féminine vous lyncherait pour moins que ça !

Il y a un mépris terrible pour les femmes qui décident de rester au foyer. Je suis désolée, mais si une femme a envie d’élever ses trois gosses sans bosser, j’applaudis des deux mains. Je ne vois pas où est le problème. J’ai un ami gynéco-endocrinologue qui n’en peut plus de donner des interviews aux magazines féminins, parce qu’il me dit qu’ils ne veulent pas entendre ce qu’il dit. Quant à moi, je n’ai jamais eu le moindre article dans un magazine féminin, à l’exception de Femme actuelle. Ça montre bien que je suis Satan.

Impossible, vous êtes une femme !

Alors Lilith, plus exactement ! Par ailleurs, les amazones tuaient les petits garçons à la naissance. Et dans tous les pays du monde où l’excision – cette horreur – est pratiquée, ce sont des femmes qui mutilent les petites filles, et pas leurs pères. Ça montre bien que les femmes ne sont pas meilleures que les hommes.[/access]

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*Photo : Hannah Assouline

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Juillet-Aout 2015 #26

Article extrait du Magazine Causeur



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