Maxime d’Aboville brûle les planches du théâtre Hébertot dans Pauvre Bitos, de Jean Anouilh. L’ancien cancre, qui a pris goût au travail grâce à l’art dramatique, est un comédien exalté, mi-possédé mi-cabotin. Le public l’acclame et la profession l’a déjà couronné de deux Molière.
Autour de ses yeux espiègles se dessinent les cernes soucieux d’un être complexe. Sur le boulevard des Batignolles, son pas est vif, décidé. Nous essayons un premier bar : non, trop bruyant ; puis un second : voilà, ça ira. Le Théâtre Hébertot n’est pas loin. C’est là que Maxime d’Aboville joue, depuis plus d’un mois et jusqu’au mois de janvier, le rôle principal de Pauvre Bitos ; c’est sur cette même scène qu’il interprète aussi les textes de Dumas, Lamartine, Michelet et Hugo sur la Révolution française (le spectacle s’intitule comme une évidence : La Révolution française). Maxime d’Aboville n’est pas comme les autres. Sa voix, reconnaissable entre mille, pique comme une flèche, passe du métal au velours ; son énergie nerveuse que l’on sent puisée en des tourments sincères le possède tout entier ; cette diction pointue, cette noblesse qui n’oublie pas de se moquer d’elle-même sans jamais perdre de sa dignité : tout cela fait de Maxime d’Aboville un être à part. S’il n’est pas un extravagant,
