«Madame le président… – Oui ?, Monsieur l’intéressant…»


Alors, « Madame le président » ou « Madame la présidente » ? « Madame la présidente », bien sûr. Bien sûr, parce que cette manière de dire est entrée dans l’usage depuis belle lurette et qu’il ne semble pas qu’elle ait fait beaucoup polémique depuis. Quand bien même « Madame la présidente » désigne la femme du président, l’usage ou si l’on préfère la coutume, renvoie à la fonction incarnée et exercée par une femme. Et cette coutume n’a rien de choquant. D’autres féminisations de mots peuvent heurter, déranger, ne pas passer le cap de l’usage, parce que l’oreille s’y fait moins ou parce que les gens dans leur ensemble comprennent qu’il y a surtout de l’idéologie derrière cela.

L’idéologie, c’est exactement ce dans quoi le député UMP du Vaucluse Julien Aubert a versé en appelant « Madame le président » la personne qui présidait la séance de l’Assemblée nationale lundi soir 6 octobre, Sandrine Mazetier. On ne fera croire à personne que cet homme n’a pas voulu là faire un effet. Sandrine Mazetier a eu raison de sanctionner cet intéressant qui par le passé lui avait déjà servi du « Madame le président ». Le député Aubert estime peut-être qu’il ne restera bientôt plus rien des valeurs traditionnelles de la France. A ce propos, il a milité contre le « mariage pour tous » – chose qui, a priori, ne le prédispose pas à mettre du masculin là où l’on attend du féminin.

Dans le cas qui nous occupe, ce ne sont pas les valeurs profondes de la France qui sont en cause, mais l’esprit de système. L’élu du Vaucluse, avec son « Madame le président », en a fait preuve d’une façon un peu bébête. Comme d’autres à sa suite prenant son parti. En masculinisant la fonction remplie ce soir-là par Sandrine Mazetier, Julien Aubert n’a pas fait avancer d’un centimètre ce qu’on suppose être sa cause. Il a juste manqué d’élégance et de courtoisie, quels que peuvent être par ailleurs les penchants sociétaux de la socialiste et vice-présidente de l’Assemblée nationale. En l’espèce, c’est plus la goujaterie qui a été punie qu’un manquement au progrès.



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