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Macron contre « Quotidien »: la liberté de la presse en danger (ou presque)

En Inde, le président a "osé" sermonner une journaliste


Macron contre « Quotidien »: la liberté de la presse en danger (ou presque)
En Inde, Emmanuel Macron n'a pas apprécié la question d'une journaliste de "Quotidien" (TMC), capture d'écran BFM TV., mars 2018.

En visite en Inde, Emmanuel Macron n’a pas apprécié la question d’une journaliste de « Quotidien ». Certains de ses collègues sont indignés.


C’est l’un de ces épisodes dont le monde médiatico-politique français a le secret ! Un petit « buzz » supplémentaire dans le panier de « Quotidien », l’émission de divertissement et d’information de TMC abonnée au genre.

En Inde, Emmanuel Macron était pourtant bien content de son déplacement. Maintenant que la Grande Bretagne – ancien partenaire privilégié du pays – ne peut plus être la porte d’entrée du marché européen avec son histoire de Brexit, Emmanuel Macron peut développer les affaires de la France. En plus, ce pays-continent d’un milliard d’habitants semble adorer la France et son président. Ils nous achètent plein d’armes et des sous-marins (même des Rafale). C’est notre premier client en artilleries diverses, devant l’Arabie Saoudite et l’Egypte.

Macron aux Indiens: « Ne respectez jamais les règles »

En visite de trois jours en Inde, Emmanuel Macron a donc conclu de nombreux deals. La vente des 36 Rafale Dassault initiée par Hollande est entérinée et la plus grande centrale solaire indienne construite par Engie a été inaugurée en grande pompe… Enfin, un accord de collaboration militaire important a été signé. Du bon boulot !

Notre président a également visité le Taj Mahal avec Brigitte etrévélé à des étudiants son secret de la réussite sur un ton fort libéral : « Just do it ! Ne respectez jamais les règles ». Ce sera aussi valable pour la limitation à 80 km/h de nos routes nationales ?

A lire aussi: Vitesse limitée, « fake news » et hausse des prix: bienvenue dans la France de Macron

Tout allait pour le mieux en Inde, mais c’était sans compter sur la perfidie de la journaliste Valentine Oberti qui, avec son patron Yann Barthès, avait ourdi un plan pour gâcher la conférence de presse de notre président. Peut-être vexée de ne pas y avoir été conviée, Madame Oberti est revenue sur cette fameuse visite au Taj Mahal : « Monsieur le Président, est-ce que vous pourriez me donner VOTRE définition du mot « privé » ? Parce que hier, il y avait beaucoup de caméras, de photographes pendant votre visite « privée » du Taj Mahal… »

Macron aux journalistes: respectez les règles

On le comprend, Madame Oberti ne compte pas participer à cette mascarade ! Pas question qu’une telle opération de propagande présidentielle ne soit décryptée pour le plus grand bonheur de ses téléspectateurs. Les Français doivent savoir ! C’est là toute la noblesse du métier de journaliste d’investigation.

Piqué par l’insolence de notre journaliste, Emmanuel Macron a très sèchement répondu: « Je tiens à vous remercier de l’intérêt de votre question après une visite de 3 jours dans un pays comme l’Inde, qui manifeste toute la richesse que vous avez dû tirer de ce déplacement ». C’était plutôt bien envoyé ! Si, plus tard, Valentine Oberti en rigolera (et portera les images de l’agacement présidentiel sur le plateau de télé parisien comme un fait d’arme glorieux), c’était quand même un peu sec et humiliant sur le coup !

Depuis, c’est une bonne partie de la presse parisienne qui vole au secours de la journaliste de Yann Barthès. Remettre en question le bien-fondé et la pertinence d’une journaliste ! Mais il se prend pour qui Jupiter ? Ils sont tous passés en mode « on est en démocratie, la presse est libre, bon sang ! Laissez-nous travailler ! »

Macron ne perd rien pour attendre !

Regrettant cet échange très « tendu »Frédéric Says de France Culture pense par exemple que l’exécutif n’accepte pas ou plus la critique, embarqué et grisé qu’il est dans sa communication « efficace »« Est-il normal que la légitimité des questions soit jugée par celui à qui elles sont adressées ? » Pour lui, la réponse est non.

Qu’il se rassure, forte de ces nombreux soutiens de confrères, Valentine Oberti a tenu à réaffirmer sa détermination à décrypter la propagande présidentielle, quoi qu’il puisse lui en coûter. « La fabrication d’images pour la presse, la communication politique, ce sont des sujets qu’on continuera à traiter. » Voilà Macron prévenu.



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