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Indécence d’atmosphère

Le billet de Dominique Labarrière


Indécence d’atmosphère
DR.

Loi immigration. La semaine dernière, l’élu LFI Ugo Bernalicis (Nord) a été sanctionné par Yaël Braun-Pivet, au lendemain d’un esclandre provoqué en commission des lois. Il sera privé de 25% de son indemnité.


Jusqu’où ne pousseront-ils pas le bouchon du ridicule et de l’indécence ? Comme trop souvent depuis le début de la nouvelle législature, la scène est à la Chambre des députés. Cette fois, elle se déroule au sein même de la commission des lois, assemblée dans l’Assemblée qui devrait être considérée comme le saint des saints de l’Institution puisque, depuis sa création en 1789 et les premières constitutions post-monarchiques, cette Chambre est avant tout le lieu cardinal «  où est élaborée la loi ». Autrement dit, le cénacle où se conçoivent, se discutent, se décident et se votent les règles, les normes qui vont régir la vie du pays, la nôtre, et définir le contenu réel et bien concret de notre Etat de droit.

De ce fait, siéger au parlement est d’ores et déjà en soi un honneur, puisque chaque député est censé représenter, non pas seulement sa circonscription, mais la nation en son entier. Se voir mandaté par ses pairs pour avoir voix au sein de la commission chargée de préparer le travail législatif pour l’ensemble de la représentation nationale en est un autre, peut-être même supérieur au précédent.

On pourrait donc attendre de ces élus parmi les élus qu’ils aient une claire conscience de la responsabilité qui est la leur, de l’importance de leur mission, du gage de confiance  que le peuple de France leur concède. On pourrait, en effet, espérer de la dignité, mieux de la décence dans le comportement de ces gens, quelque chose comme des marques de respect à la fois pour l’Institution, pour leur mission, pour le citoyen, pour la République. Et d’abord, peut-être bien pour eux-mêmes. Il n’y a pas de caméras de TV lors des réunions en commissions. On peut donc se dispenser du lamentable pugilat, des vociférations grotesques auxquels certains, sur les bancs de l’extrême gauche, se livrent systématiquement, s’imaginant montrer ainsi au pays qu’ils existent, qu’ils sont à la manœuvre. Eh bien, non. La semaine passée c’est une pitrerie de cour d’école que nous a infligée cette commission des lois. Un député LFI demande une suspension pour assister dans l’hémicycle à la présentation d’un texte défendu par son parti dans le cadre de sa niche parlementaire. Refus du président de la commission qui annonce qu’il suspendra plus tard, au moment où arriveront les amendements. On pourrait comprendre à la rigueur qu’une protestation mesurée, courtoise soit émise en quelques mots, mais qu’on reprenne bien vite le cours de l’examen. Hélas non, on ne proteste pas avec tact, on hurle, on aboie, on invective, on s’envoie des insultes à la figure. On est au bord d’en venir aux mains. On se fait menaçant. On perd ses nerfs. On perd la notion de ce qu’on est et de là où on est. On foule au pied la plus élémentaire sérénité, cette sérénité collégiale tellement indispensable à la réflexion, à l’analyse, à l’échange d’idées, de conceptions, de convictions. Ce comportement, cette incapacité à se maîtriser, à dominer en soi le militant de meeting et de manif, le bonimenteur d’estrade en dit long sur le résultat qu’on peut attendre des travaux menés. Il s’agit de la loi immigration. On a compris que des députés, singulièrement parmi ceux de la commission des lois, l’ont abordée non pas en ayant à l’esprit l’urgence et la gravité du sujet, mais seulement la préoccupation politicarde et démagogique de détricoter le travail, sérieux, argumenté, livré par l’autre chambre parlementaire, le Sénat.

En clair, déconstruire plutôt que construire. Caviarder plutôt que restaurer. Éructer plutôt que raisonner. Dans ce registre, il faut bien reconnaître que les députés LFI méritent la médaille avec palmes. L’un d’eux l’a encore brillamment montré lors de cette séance en commission. L’indécence de tels comportements ne relèverait, certes, que de l’anecdotique si derrière ce masque déformant, ne se lovait cette autre préjudice d’atmosphère qui sévit aujourd’hui et plombe la vie politique : l’impéritie, l’irresponsabilité.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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