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Desperates pédégères


Desperates pédégères

Nous avons un problème, annonce Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales : les femmes sont largement sous-représentées dans les instances dirigeantes des grandes entreprises. Ainsi en 2009, les conseils d’administration du CAC 40 comptaient seulement 10,5 % de femmes. Si on élargit l’échantillon pour inclure non pas seulement les 40, mais les 500 premières sociétés françaises, la part des femmes tombe à 8 %. Pire encore, 60 % de ces entreprises sont carrément des usines à testostérone, dirigées par un conseil d’administration exclusivement masculin.

Dans un rapport sur l’égalité professionnelle remis hier au gouvernement, l’inspectrice ne se contente pas de dénoncer, elle propose un remède : appliquer en France le système norvégien. Des femmes nous voulons et des femmes nous aurons, dussions-nous employer la manière forte (je me demande même si la perspective de pouvoir sanctionner, réprimer, dénoncer ne stimule pas autant les ardeurs paritaristes que le légitime souci d’égalité).

Pour briser le « plafond de verre » qui empêche les femmes d’accéder aux responsabilités dites entrepreneuriales, le gouvernement norvégien a imposé en 2004 des quotas de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises publiques, puis deux ans plus tard, a étendu aux sociétés cotées cette discrimination positive en faveur des issues du chromosome XX.

Le problème est que si le système norvégien semble parfaitement moral, il est redoutablement mal adapté à la France. Certes, il est plus facile de compter les femmes que les « divers ». Reste qu’ici le seul critère légitime est la situation sociale et non pas la couleur de la peau, le pays d’origine, la religion ou le sexe. Le seul remède possible est donc celui qui a été testé avec tant de succès par l’éducation nationale, la justice et la santé : pour féminiser une profession, il suffit de proposer des emplois du temps compatibles avec une vie de famille et surtout d’en détourner ces messieurs grâce à des salaires nettement moins élevés que les autres emplois « bac + 6 » du marché.

Il faut dire que cette solution présente un autre avantage. Puisque tout le monde est d’accord sur la nécessité de limiter les rémunérations des patrons, divisons-les par 10, ou même par 100 pour les plus élevées. Un petit effort dans ce sens et je parie ma paye contre celle de Laurence Parisot que, dans moins d’une décennie, les conseils d’administration du CAC 40 ressembleront à s’y méprendre aux salles de profs.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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