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Célébration du bermuda

Le soleil pointe enfin son nez au nord du pays


Célébration du bermuda
Image d'illustration Unsplash

Plus qu’un vêtement, un art du bonheur.


Aujourd’hui, j’ai enfin passé ma première journée en bermuda. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Le bermuda, c’est tout de même l’idée que je me fais de la vie douce. Remettre un bermuda, quand on vit dans des régions septentrionales, c’est le signe que tout va aller mieux: le temps, l’humeur, le ciel. Quand le Nord se met à ressembler au Sud, il est encore plus sudiste que le Sud. C’est pour ça que le bermuda est ma façon à moi de célébrer l’approche de l’été qui dans le Nord, comme chacun sait, dure entre 11heures 46 et 14H30, au mois de juillet, en général aux alentours du 20. Les bermudas, dans le Nord, sont comme les terrasses. Au premier signe de beau temps, on les ressort quitte à les rentrer aux premières gouttes. Remettre un bermuda me fait aussi penser à chaque fois à ce passage du regretté Frédéric Berthet, dans Paris Berry:

« Très net: quelque chose a changé.
Perceptible dès le matin, très tôt, quand la lumière du jour ne passait pas encore par le croissant des volets.
Oui, ces volets anciens où des croissants sont découpés.
A midi, c’est éclatant. Quelques jours seulement d’un printemps précoce?
Mais non, il y a plus.
Presque l’été. »

Bourgueil et bermuda

Les hommes en bermuda ont l’air tout de suite moins dangereux. On n’imagine pas une dictature ou une émeute urbaine en bermuda. Il est difficile de cacher une arme dans un bermuda, à peine un Opinel qui servira, plutôt que de dessiner une boutonnière à son prochain, à couper du saucisson avec un autre pote en bermuda, autour d’une bouteille de bourgueil: on conseillera le Trinch’ de Catherine et Pierre Breton, un vin de copains qui rappelle que le cabernet franc a ce goût chocolaté et canaille comme l’enfance, quand on mangeait en cachette une cuiller du cacao Van Houten.

A lire aussi, Christian Authier, Le dernier des mohicans

L’homme en bermuda, de toute manière, quelque soit son âge, aime le bermuda parce qu’il retrouve l’enfance. Même les quinquas, en bermuda, ont soudain l’air de sortir du lycée. En bleu marine, on fait garçon sage, qui va lire dans un jardin clos ses premiers romans de Blondin. En beige, on se prend vite pour un officier à la retraite de l’armée des Indes avec L’homme qui voulait être roi dans une poche latérale. Ou alors pour un soldat de la France Libre en train de prêter le serment de Koufra avec Leclerc: « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »

Une expérience gender fluid

En général, le bermuda, malgré son caractère détendu, peut se porter en ville avec élégance, à condition de l’accompagner d’une chemise en lin blanc, de chaussures bateau et de Ray Ban Wayfarer. Cela me fait passer pour un électeur de l’UDI, j’en suis bien conscient et ça me désole car l’UDI n’est plus ce qui l’était depuis que Rama Yade et Chantal Jouanno sont aux abonnées absentes.

Par ailleurs, le bermuda est aussi un moyen de connaître sans avoir à se travestir, le plaisir d’avoir les jambes nues et, derrière le caractère très BCBG de la chose, de connaître une expérience « gender fluid », ce qui nous vaudra, je l’espère, l’indulgence des intersectionnel.le.s.

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