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BHL et l’échec mondial de la politique des bons sentiments

Selon le philosophe, Zemmour piétine le legs juif à la France


BHL et l’échec mondial de la politique des bons sentiments
Bernard-Henri Lévy © LUCAS BARIOULET / AFP

Dans Le Point, Bernard-Henri Lévy dit de la potentielle candidature d’Eric Zemmour à la présidentielle qu’elle lui glace le sang, et représente selon lui une intolérable transgression. Il s’inquiète quant au destin de “l’être juif en France”. Il écrit: “L’ampleur de la vague, l’engouement, l’obscure jubilation à voir cet homme, non seulement profaner son nom, mais devenir le porte-glaive de ce que l’espérance juive a combattu depuis des millénaires, est d’une obscénité insupportable.”


Est-il outrancier de dire que Bernard-Henri Lévy est en partie responsable du chaos actuel de la Libye ? Non, puisqu’il a poussé Nicolas Sarkozy à bombarder les armées de Khadafi en 2011. Intervention humanitaire et morale s’il en est, puisque les troupes du dictateur se promettaient de massacrer les habitants de Benghazi révoltés contre lui. Intervention catastrophique sur le long terme, qui s’inscrit dans une longue suite de généreuses mais piteuses interventions occidentales au Moyen-Orient et en Afrique. Irak, “Restaure hope” en Somalie, Afghanistan avec la débâcle de Kaboul, opéra sanglant et tonitruant sur l’échec des politiques de “nation building” et d’ingérence humanitaire promues par les néo-conservateurs aux États-Unis et BHL en France. Ajoutons que l’influence de celui-ci a poussé Sarkozy à l’échec alors qu’il préparait la présidentielle de  2012 : la ligne germanopratine relayée par Carla l’a emporté sur la ligne droitière de Buisson qui suggérait de siphonner à nouveau les électeurs du Rassemblement National.

Un étrange silence

C’est Eric Zemmour qui nous l’apprend dans La France n’a pas dit son dernier mot. La thèse de cet ouvrage est que beaucoup de personnalités politiques, intellectuelles et médiatiques sont lucides sur le danger que fait courir l’immigration massive à la survie de la France, mais que personne n’ose en parler publiquement. Ce qui nous vaut une splendide galerie d’hypocrites démasqués par une plume acerbe, à la La Bruyère dans les Caractères. Or, chose extrêmement curieuse, de tous les mis en cause dans ce livre aucun n’a protesté en disant qu’Eric Zemmour mentait sur son compte. Je sais bien qu’il est difficile de contester parole contre parole, mais ce silence est tout de même assourdissant.

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Il serait amusant de faire une typologie des critiques adressées au polémiste, depuis le basique “facho” de ceux qui manquent complètement d’imagination et de culture historique jusqu’au très sophistiqué “Ce que Zemmour fait au nom juif” de Bernard-Henri Lévy paru dans Le Point. Passons vite sur tout le registre du “retour aux années trente”. Les accusations de fascisme, de pétainisme ou d’islamophobie génocidaire sont tellement grotesques qu’elles ne résistent pas à une minute d’examen précis de ce que dit le polémiste. Mathieu Bock-Côté organise des cours du soir sur ce que furent vraiment le fascisme ou le pétainisme, mais les mauvais élèves ne l’écoutent pas. LCI a présenté des scènes filmées en 1990 lors du congrès du RPR, Chirac et consorts disent exactement ce que dit Zemmour aujourd’hui et personne ne les accusait de fascisme. 

Paris, 29 juin 2021 © Ludovic MARIN / AFP

Zemmour imperméable aux critiques

Plus intéressante est la critique de Marine Le Pen sur “les vieilles troupes”, sur le fait que beaucoup de gens ont sonné l’alarme avant lui sur ces thèmes de l’immigration et de l’insécurité qui en résulterait. Elle prouve involontairement une chose étonnante : Eric Zemmour est la bonne personne et surtout la bonne personne qui vient au bon moment. Le Pen est venu trop tôt, il a été caricatural, Renaud Camus est venu trop tôt, il a été marginalisé par la meute des bien-pensants. Le polémiste, dont les qualités intellectuelles et morales, dont un extraordinaire courage, sont indiscutables, arrive au moment où le fruit pourri du politiquement correct va tomber de son arbre. Il arrive à un moment où la présidence Macron accumule les échecs de tous genres : une politique extérieure incohérente qui tantôt flatte l’Algérie tantôt la méprise, une politique énergétique absurde qui ferme Fessenheim et se renucléarise depuis quelques jours (voir l’excellent article de Marine le Pen et de ses conseillers dans le Figaro du 13 octobre), une politique économique qui enterrera la France sous les dettes pour cent ans. 

Question timing, même le covid votera Zemmour. On connaît le triste sort de Churchill après sa glorieuse guerre et sa glorieuse victoire. Les électeurs anglais l’ont  renvoyé dans ses foyers et choisi le falot Attlee. Tout simplement parce que le visage, la voix et toute la personne du vieux lion étaient liés pour eux aux douloureuses années de guerre et qu’ils voulaient les oublier. Macron n’a rien d’un Churchill, mais quelle satisfaction ce sera pour les Français de le tourner comme une page ! Le covid aura vécu trois ans comme son ancêtre la grippe espagnole, et mourra probablement en 2022. Fini les tristes confinements, les soirées au coin de la télé à regarder l’arrogant Véran, le pontifiant Salomon, et leur patron, le président des oukases.

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Passons vite sur les menues critiques des journalistes, même les copains sont atteints du syndrome des bergères de Domrémy en 1430. De quoi se mêle cette Jeanne de vouloir libérer la France des Anglais, ce n’est qu’une des nôtres après tout, qu’elle reste à sa place ! L’amical Ivan Rioufol reproche à Zemmour le parisianisme des scènes rapportées dans La France n’a pas dit son dernier mot. On peut lui répondre que depuis Hugues Capet les élites françaises se rencontrent à Paris et qu’il serait plus compliqué d’organiser les confrontations à Bergerac. Tant pis pour les autres, le polémiste chevauche tellement bien la réalité que toutes les critiques paraissent dérisoires.

Une atteinte au nom juif, vraiment ? 

Bernard-Henri Lévy (oublions le personnage et parlons de son article du Point), replace les juifs français dans une dimension sacrificielle, le juif n’est juif qu’immolé à des valeurs supérieures, les droits de l’homme, la charité internationale, le souci de l’accueil des femmes afghanes… À ce compte, il existe en Israël des millions de Zemmour qui défendent fermement leur territoire et leur identité. Attentent-ils au nom juif ? Les catholiques, dont je suis, oublient trop souvent que les fondements de leur foi se trouvent dans ce qu’ils appellent le Nouveau Testament, c’est-à-dire les Evangiles, mais aussi dans l’Ancien Testament, c’est-à-dire la Bible empruntée à nos pères juifs. Le Christ n’est pas politique, il est moral et métaphysique. Les chrétiens doivent chercher des conseils politiques dans la Bible, c’est ce que fait Bossuet en écrivant Politique tirée de l’Histoire Sainte. Or les Hébreux pratiquaient assez peu l’accueil inconditionnel des migrants, ils étaient un petit peuple perpétuellement menacé, perpétuellement sur le qui vive. Eric Zemmour, en défendant la France, est à la fois le Français par excellence et le juif par excellence, dans le droit fil du Livre des Rois ou des admirables Psaumes dont l’Église Catholique lit chaque dimanche des extraits à la messe.



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