Bons baisers de Béziers


Bons baisers de Béziers

Béziers Robert Ménard

Au réveil, il travaille au fichage des enfants musulmans. Puis, entre un discours à la gloire de l’Algérie française et un hommage aux collabos morts pour Vichy, il encourage les cow-boys armés jusqu’aux dents de sa milice municipale à tirer sur tout ce qui bouge – enfin tout, façon de parler, car le maire-élu-avec-le-soutien-du-FN s’en prend surtout aux Arabes et aux pauvres. Dans la foulée, il s’assure que les brigades de l’ordre éradiquent les crottes de chien, le linge aux fenêtres, ce bel héritage de la culture méditerranéenne, et les paraboles, symboles si avenants du dialogue interculturel. Entre-temps, il a coupé les vivres à quelques associations courageuses qui fabriquent du « lien social » et du « vivre-ensemble » avec leurs petits bras et s’est attaqué à la liberté de la presse en traitant des journalistes de « tocards » et leur gazette de « journal de m… » – cette brutalité toute mélenchonienne ne signale-t-elle pas une haine furieuse de la démocratie ? Enfin, les grands jours, il se livre à des expérimentations médicales sur les employés municipaux (dont certains ont, sur une base exclusivement volontaire, testé un bracelet anti-ondes magnétiques fabriqué par une société du coin).

Qu’on n’imagine pas, surtout, qu’une seule décision de Robert Ménard soit dictée par le souci de répondre aux attentes des électeurs, ou que ses « dérapages » pourraient résulter d’une sincérité parfois mal placée. Quand il a lâché, sur un plateau de télé, qu’il dressait des fichiers d’élèves musulmans (en vrai, il a dit qu’il les comptait, mais fichage ou comptage, c’est pareil, non ?), il avait calculé son coup, croyez-moi. Il veut faire du buzz, répètent tous ceux qui le fabriquent, ce buzz, par leurs glapissements et leurs airs outragés.

Comme tous ses congénères, qu’on les appelle « réacs », « fachos » ou plus sobrement « extrémistes de droite », Ménard n’a pas de convictions mais des ambitions. Et en l’occurrence une seule : faire parler de lui. Le Figaro est allé chercher un expert en « communication politique » qui certifie que, tout ça, c’est rien que de la provoc, du bruit pour faire du bruit. C’est son truc, à Ménard, de se faire traiter de nazi, vous ne trouvez pas ça louche ?

À en croire la majorité de mes honorables confrères, Ménard se situe donc quelque part entre Pinochet, Pétain et Hitler. Un reportage à Béziers, c’est la guerre d’Espagne. L’épreuve du feu antifasciste pour de jeunes journalistes qui n’ont pas connu la glorieuse quinzaine anti-Le Pen de 2002, un petit goût de revenez-y, soleil en prime, pour les anciens. Pas besoin de se casser la tête, l’histoire est écrite à l’avance. Un chauffeur de taxi me confie avoir « chargé » une équipe de télé, il ne sait plus laquelle, à son arrivée : « Au début, ils m’ont posé des questions, mais j’ai senti que mes réponses ne leur plaisaient pas, surtout quand j’ai dit que depuis l’arrivée du nouveau maire Béziers avait commencé à revivre. » On sait bien que le terrain ment…[access capability= »lire_inedits »]

La cité de 75 000 habitants a sans doute accueilli plus de journalistes parisiens en un an qu’au cours des trente dernières années. À chaque fois que le maire élu avec… met les pieds dans le plat – pour faire du buzz, rappelons-le –, des envoyés spéciaux venus des grandes rédactions parisiennes s’abattent sur la ville pour y mesurer les progrès de l’ordre brun. Canal+ y a ses habitudes. On organise des émissions de combat, on se délocalise pour montrer que même pas peur, comme Beur FM, dont les animateurs semblaient vaguement déçus de ne pas avoir pas été arrêtés à leur descente de train. On raconte La Vie quotidienne sous Robert Ménard, titre d’un doc diffusé le 25 juin sur RFI qui est un monument de niaiserie néo-résistante. La journaliste adopte le ton grave qui sied à un défenseur de la démocratie, inconsciente de l’effet comique que produit par contraste l’énumération des mesures scélérates du maire: « Après le couvre-feu pour les mineurs, la chasse aux crottes de chiens, aux crachats, aux paraboles et l’interdiction de suspendre du linge aux balcons du centre-ville, Robert Ménard refait parler de lui en proposant d’offrir une blouse frappée du blason de la ville à tous les élèves de maternelle et de primaire. » Des blouses pour les gosses, ça c’est vraiment facho. D’ailleurs, seul un établissement privé a accepté sa proposition, c’est dire. En attendant, s’indigne un des nombreux profs invités à raconter sur RFI à quel point le mélange des communautés et des cultures est une richesse pour la ville et pour les élèves, « en matière d’éducation, dans les actes, on n’a pas vu beaucoup de changement ». La preuve, selon une de ses collègues, c’est que, depuis dix ans, le petit Jacques (ou peut-être Jack) demande à repeindre sa classe et que ce n’est toujours pas fait. On en frémit. (Je le jure, je n’invente rien, c’est facile à trouver et c’est hilarant). Bon, la consœur n’a pas jugé utile d’apprendre à ses auditeurs que la municipalité avait fait baisser le prix du repas à la cantine, désormais inférieur à 1 euro pour tous les enfants, ni que les musées de la ville étaient devenus gratuits pour tous les Biterrois. Rien que de la com, vous dit-on. On les connaît ces gens-là, quand ils entendent le mot « culture »…

Pour les antifascistes 3.0 en embuscade autour de Ménard, le nouveau « scandale des fiches » est arrivé à point nommé. Ils n’avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent depuis l’affaire de la police municipale et de son ami le revolver, dont l’arrivée, en février, avait été célébrée par une affiche d’un mauvais goût prononcé. Mais le soufflé était vite retombé : sur le fond, il ne se trouve pas grand monde pour contester la nécessité d’armer les policiers municipaux. Même dans les villes « de gauche », on sait que c’est la condition pour qu’ils acceptent de patrouiller la nuit. Après plusieurs mois d’attente, Ménard a obtenu, le 1er février, l’arrêté préfectoral nécessaire. Mes confrères ont beau tendre des perches en bois massif aux autochtones qu’ils micro-trottoirent, ils ont du mal à trouver un Biterrois qui s’en plaigne. Cette fâcheuse obstination dans l’erreur des populations qu’ils voudraient sauver met les journalistes au supplice – on y reviendra.

N’empêche, un fichier musulman, de gosses en prime, c’est autre chose que des histoires de linge aux fenêtres – un petit air « heures les plus sombres » qui justifie le combat et quelques notes de frais.

Pour les distraits, rappelons que, le 4 mai, au cours de l’émission « Mots croisés », sur France 2, Ménard a affirmé que 64,6 % des écoliers de sa ville étaient musulmans. Sommé de dire d’où il tenait ces statistiques, il a de surcroît reconnu que la mairie les établissait sur la base des prénoms – « comme si le fait de s’appeler Mohamed signifiait qu’on est musulman », remarquaient les plus finauds. Il est courant, en effet, de donner à ses enfants le nom du prophète d’une religion qui n’est pas la sienne.

Les Jean Moulin à cartes de presse et vestes à poches n’ont pas mégoté sur le pathos du pire. Les mêmes, bien sûr, se sont extasiés quand des mères de Montpellier (que l’on suppose toutes musulmanes, non pas en raison de leurs prénoms mais parce qu’elles étaient toutes voilées) ont fait la tournée de quelques popotes médiatiques pour réclamer « des blonds et des roux » dans les classes de leurs enfants – on notera que les statistiques capillaires sont autorisées. Passons. Ménard, lui, a eu beau expliquer sur tous les tons qu’il fallait de la mixité pour intégrer, rien n’y a fait. Raciste, point barre.

Depuis son élection, les écoles de la ville sont des hauts lieux de la dissidence. Pour un prof, il est presque impossible d’afficher sa sympathie pour le maire : « Si mes collègues connaissaient mes opinions, je vivrais un enfer », me confie l’un d’eux. Après l’affaire du « fichage », la plupart des établissements ont placardé sur leur porte un texte dénonçant les propos du maire. Pas Gaveau-Macé, école situé en plein centre-ville, à quelques encablures de la cathédrale, où, semble-t-il, la directrice tente de s’opposer à toute politisation. Ici, pas besoin de compter les élèves pour savoir qu’une écrasante majorité sont musulmans : quelques minutes avant la sonnerie qui annonce le début de la classe, presque 100 % des mères sont voilées. « On se croirait au bled », murmure un employé administratif, qui précise qu’il est lui-même musulman. Après la polémique, c’est dans cet établissement que Ménard est venu s’expliquer avec les parents. Les enseignants, eux, ont refusé de lui adresser la parole – lui serrer la main serait carrément impensable.

J’aurais dû préciser qu’en dépit de nos divergences abyssales qui nous ont valu des engueulades homériques, nous sommes amis de longue date. À l’époque où, patron de RSF, il jouait à défier le régime chinois avec ses petits bras, il m’agaçait passablement. Les journalistes, eux, l’adoraient. Et voilà que, quelques années plus tard, ils découvrent qu’il est de droite, catho, branché identité nationale, et pour couronner le tout, pied-noir encore nostalgique de l’Algérie qu’il a quittée à l’âge de 12 ans, bref, que le gars les a roulés dans la farine ! Un salaud doublé d’un traître ! Pour mes amis de gauche, passe encore qu’on puisse trouver quelques qualités à Zemmour qui, malgré ses incartades, est encore reçu dans le grand monde. Mais Ménard, c’est trop pour eux. En plus de son côté facho, ils le trouvent un peu plouc, pas assez intello.

Je l’avoue, ce côté brut de décoffrage m’enchante. Ménard dit ce qu’il pense et assume ce qu’il dit. Bien sûr, il lui arrive de penser et de dire des conneries. On a du mal à croire qu’il ne s’amuse jamais à exciter la meute en lui lançant quelques phrases comme on jette de la viande à des piranhas affamés. Il fait parfois dans la provoc à deux balles, comme avec son « Vive Le Pen ! », dont l’unique objectif, parfaitement atteint au demeurant, était d’énerver le chœur des vierges médiatiques. Sa défense de la liberté d’expression est souvent excessive, incantatoire, et pour tout dire énervante. N’empêche, pour lui, ce n’est pas une idée abstraite, mais une façon d’être. Ménard avance à visage ouvert.

Même ses détracteurs les plus acharnés sont obligés d’en convenir, il va au contact, il affronte ses contradicteurs et écoute les membres de son équipe. Pour autant, c’est lui le patron – donc lui le responsable. Il avait annoncé qu’il serait un maire très politique. « J’ai été élu pour redresser la ville, mais aussi pour défendre certaines valeurs », dit-il, Le journal municipal, relooké façon Détective, fait pas mal jaser. « Personne ne le lisait. J’ai voulu en faire un journal de combat. Alors ça énerve, mais les gens se l’arrachent », dit-il, installé avec son épouse et complice Emmanuelle Duverger sur sa terrasse, qui surplombe la place Jean-Jaurès, au milieu des allées Paul-Riquet. Il raconte, une lueur malicieuse dans les yeux, qu’en 1907, pendant la révolte des vignerons, c’est de cette terrasse que Jaurès s’est adressé aux manifestants.

Exigeant une loyauté sans faille, il a demandé aux membres de sa majorité de renoncer à toute attache partisane. L’un d’eux a préféré rester au Bloc identitaire. Son adjoint à l’urbanisme, Laurent Vassalo, 42 ans, a quitté le PS sans états d’âme. « Beaucoup de gens refusent ostensiblement de me parler, mais cela ne les empêche pas de m’appeler pour me demander un service », remarque, amusé, ce professeur de droit. En tout cas, il ne regrette pas son choix. « J’ai le sentiment de faire un travail utile, de préparer un avenir meilleur, poursuit-il. Par certains côtés, Robert Ménard ressemble à Georges Frêche. Mais s’il avait traité des harkis de sous-hommes, on serait passés à CNN ! »

Un Frêche, c’est peut-être ce qu’il faut à Béziers pour sortir de la longue spirale du déclin et cesser de pleurer sa grandeur passée. Avec 15 % de chômeurs, 20 % de la population qui vit des minima sociaux et 10 000 habitants de moins qu’en 1970, elle est l’une des villes les plus sinistrées de France. Mais elle a été riche, très riche, à la grande époque de la viticulture. Willy, le mari de Colette, disait alors n’avoir jamais vu d’aussi beaux bordels !

La grandeur et la décadence se lisent sur les façades pouilleuses d’immeubles autrefois bourgeois. Entre 1880 et 1910, les grands propriétaires, qui voulaient en remontrer aux Parisiens, ont fait construire de splendides demeures surnommées « châteaux pinardiers ». C’est à la même époque que des immeubles de style haussmannien ont été édifiés dans le centre-ville, autour des allées Paul-Riquet, aujourd’hui baptisées par dérision « allées kebabs » – on n’en compte pas moins d’une quinzaine. Il y a un an, la plupart des Biterrois n’osaient guère s’y promener. Jonchées de canettes et de détritus, elles étaient en outre occupées en permanence par des ivrognes accompagnés de leurs chiens. Depuis que la police municipale patrouille, les canettes, les ivrognes et leurs chiens ont disparu. Pas la pauvreté. D’où la curieuse impression qu’il y a un décalage entre les immeubles et les habitants.

Que s’est-il passé ? Comment une telle dégringolade a-t-elle pu se produire ? À partir des années 1960, les propriétaires bourgeois du centre-ville se sont installés dans les villages environnants et, faute de moyens ou d’intérêt, ils ont cessé d’entretenir les immeubles, dont la valeur n’a cessé de décliner : un agent immobilier m’apprend qu’il vient de vendre un appartement de 150 mètres carrés, dans l’immeuble (haussmannien) où les Ménard ont acheté le leur, pour 90 000 euros ! Et les loyers sont parfois moins élevés que ceux des logements sociaux. Du reste, dans le quartier, 80 % des habitants bénéficient des APL (allocations logement).

C’est au cours du troisième et dernier mandat de Raymond Couderc que la chute s’est accélérée. Les habitants, un peu gênés, parlent du « changement », comme si une catastrophe qu’on ne pouvait pas nommer avait eu lieu. Bernadette, solide quinquagénaire bavarde comme une pie, crache le morceau : « Les voilées sont arrivées !, dit-elle, franchement hostile. Vous voyez bien que c’est la Casbah » Au début des années 2000, l’équipe Couderc a fait détruire plusieurs barres à la Devèze, le quartier « sensible », c’est-à-dire immigré, et relogé les habitants au centre-ville, accélérant le départ des derniers autochtones. On dit qu’une frontière ethnique coupe les Allées en deux – au nord, les Blancs, au sud, les Maghrébins. En tout cas, il n’y a guère de problèmes de cohabitation. Parce qu’il n’y a pas vraiment de cohabitation. On se croise, mais on ne se mélange pas.

Mohamed Hamoudène, le débonnaire président de l’Association des travailleurs marocains, qui compte, précise-t-il, 700 adhérents, me reçoit dans son local, à proximité des Allées, où il officie avec deux jeunes femmes. Il n’a pas beaucoup aimé l’épisode du linge aux fenêtres, et encore moins celui du comptage : « Mais il faut dire la vérité, il a fait le ménage. Vous savez, on ne pouvait pas passer dans les Allées. » Oui, je sais. Arrivé dans les années 1960, ce commerçant à la retraite a vu la mairie passer du PC au PS, puis à la droite. Et le flot des immigrés grossir. « Il y a beaucoup plus d’étrangers qu’avant, c’est ça qui cause des problèmes, affirme-t-il. Et c’est pour ça que les gens ont peur des Arabes. »

Ce mercredi, comme chaque semaine, le maire reçoit les Biterrois qui ont demandé une audience. Un jeune couple qui avait un projet de centre de relaxation envisage maintenant de quitter la ville. Il plaide sa cause : « Ce n’est pas le moment de renoncer. Tout ne peut pas changer en quelques mois, mais je veux remettre Béziers sur les rails. Trois nouveaux hôtels sont sur le point d’ouvrir, ça fera des clients pour vous. » Les deux jeunes semblent un peu rassurés. Arrive ensuite une élégante jeune femme qui projette d’ouvrir une école musulmane et se targue d’avoir le soutien de trois des cinq mosquées de la ville. Elle ne porte pas de voile – « Je lui aurais demandé de l’enlever », me dira-t-il.

« Beaucoup de jeunes comprennent mal l’islam, et rien n’est plus dangereux qu’une religion mal comprise, explique-t-elle en préambule. J’ai entendu beaucoup de choses sur vous. On dit que vous n’aimez pas les musulmans. Mais je voulais me faire mon opinion. » « Je n’ai absolument rien contre l’islam, répond-il. Tous ceux qui respectent la règle commune ont droit au respect de leur religion. Mais au fait, comment avez-vous réussi à réunir sur un même projet les Maghrébins et les Turcs ? Moi, je n’y arrive pas. » Elle assure que son école respectera l’exigence de neutralité et ajoute, avec un sourire, qu’on y enseignera la préhistoire.

Avant de quitter la mairie, le maire doit encore signifier à deux jeunes qui ont fait « des conneries pas trop graves » un « rappel à la loi ». Pour l’occasion, il revêt l’écharpe tricolore de même que les deux adjoints qui l’entourent. Le commissaire Desmartin, patron de la police nationale de la ville, est également présent. Les deux adolescents, accompagnés de leurs pères respectifs, n’en mènent pas large et promettent tout ce qu’on voudra. « Ces rappels à la loi, ça fait peur aux gentils, et c’est très bien », conclut le commissaire.

On a le droit de détester les idées de Ménard et de trouver que sa France n’est pas très tendance. En attendant, aussi incompréhensible que cela soit pour un journaliste de Canal+, les Biterrois  en redemandent. Lors des élections départementales, dans les trois cantons de la ville, les candidats qu’il soutenait ont été élus au premier tour. Il est particulièrement populaire parmi les commerçants du centre-ville, comme cette affable sexagénaire qui tient une boutique de fringues et se dit pourtant de gauche : « Le maire précédent a fait trois mandats, je ne l’ai jamais vu. Pendant la campagne, Ménard a dit qu’il serait toujours disponible pour nous, et il tient parole. » Bosseur acharné, il parle avec tout le monde et met la même passion à régler des problèmes de trous dans le trottoir ou de voisinage qu’à essayer de convaincre des promoteurs ou des entreprises d’investir dans sa ville. Car s’il est un « maire politique», il n’est pas un idéologue. Convaincu qu’il peut redonner un avenir à Béziers, en jouant notamment la carte du tourisme, il s’active sur tous les fronts. Et certains résultats sont déjà visibles à l’œil nu. Peu après son élection, il a pris un arrêté obligeant les 150 propriétaires du centre-ville (dont il fait partie) à procéder au ravalement de leurs immeubles (et à le payer). Quelques-uns ont déjà retrouvé leur splendeur d’antan. Mais, pour les Biterrois, le changement tient en deux mots : propreté, sécurité.

Quelques restaurants branchés ont déjà ouvert, où se pressent des Anglais, très nombreux à s’être installés dans la région. On parle d’un chef étoilé qui pourrait sauter le pas. Il y a même un hôtel pour bobos, l’Hôtel particulier (où j’avais pris mes quartiers), une magnifique maison entièrement retapée par Christelle et Florence, venues de Paris il y a quelques années et enchantées de leur nouvelle existence. Bien sûr, il manque encore l’essentiel : les emplois faute desquels tous les jeunes quittent la ville. Mais en flânant sous le toit de platanes des Allées, on se dit que ça pourrait marcher, que ce gars qui incarne le bon sens près de chez vous pourrait changer la vie des gens. Il se trouvera bien alors quelques journalistes à haute moralité pour claironner que, tout ça, c’est pour faire du buzz.[/access]

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*Photo : ALAIN ROBERT/APERCU/SIPA/1505091139

Juillet-Aout 2015 #26

Article extrait du Magazine Causeur



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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