Afro-Chinois

Les coiffeurs spécialisés "autochtones" se multiplient en Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon)


Afro-Chinois
D.R

Alors qu’en France, nous légiférons contre la discrimination capillaire, la tendance des coupes afro gagne… l’Asie. Cette mode est critiquée par les woke, alors qu’elle est aussi étonnamment saluée par des internautes africains. Une indulgence à laquelle n’ont jamais droit les Européens.


En Occident, chanteurs, mannequins et autres people, de Kim Kardashian à Justin Bieber, sont régulièrement forcés de s’excuser pour avoir plagié les cultures afro-américaine et africaine en osant arborer dreadlocks ou « cornrows ». Les Chinois n’ont pas ces états d’âme. Les coiffures « ethniques », surtout la coupe afro, sont au cœur d’une nouvelle tendance capillaire qui déferle sur l’empire du Milieu, ainsi que sur la Corée et le Japon. Cette mode touche non seulement les femmes, mais aussi les hommes, qui n’hésitent pas à s’afficher en public et sur les réseaux sociaux avec le look d’un membre des Jackson Five de la grande époque, vers 1975. Il y a dix ans, la Congolaise Martha Makuena a ouvert son premier salon à Pékin ; aujourd’hui, les coiffeurs spécialisés autochtones se multiplient en Extrême-Orient. Sur Weibo et TikTok, des particuliers partagent des photos de leur éruption chevelue, pendant que les professionnels postent des vidéos faisant étalage de leurs techniques.

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Inévitablement, une fois informés, des wokistes afro-américains ont donné libre cours à toute leur indignation. Les uns dénoncent une appropriation et une marchandisation de leurs traditions. D’autres rappellent que, dans les années 1970, la coupe afro était le symbole d’une affirmation politique face à la discrimination raciale, symbole que, par respect, on ne devrait pas trivialiser. D’autres encore font remarquer que, même aujourd’hui, arborer le style en question peut être un obstacle à l’embauche pour des chercheurs d’emploi noirs, contraints donc de lisser leurs cheveux. Pourtant, ce sentiment n’est pas nécessairement partagé par tous les internautes, notamment en Afrique. Là, des commentateurs ont salué le phénomène comme une forme de flatterie, d’hommage, voire de métissage culturel apte à rapprocher Africains et Asiatiques. Quand on sait que les Chinois sont souvent accusés de racisme anti-Noirs en Chine, et de comportement colonial en Afrique, cette mansuétude peut étonner. Les Occidentaux n’ont jamais droit à la moindre indulgence.

Avril2024 – Causeur #122

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste , conférencier et historien.

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