Accueil Édition Abonné Sophie Djigo, profession professeur à côté de la plaque

Sophie Djigo, profession professeur à côté de la plaque

La gauche souhaite endoctriner les élèves sans être dérangée


Sophie Djigo, profession professeur à côté de la plaque
La prof Sophie Djigo avec les migrants de Calais. Capture d'écran YouTube / Arte.

Quand le sage désigne l’islamisme, l’imbécile regarde l’extrême droite! Le célèbre proverbe, quelque peu détourné, convient très bien à Sophie Djigo. Comme nombre de ses collègues, elle s’estime davantage menacée par la droite nationale que par l’islamisme.


Quelques jours avant l’assassinat de Dominique Bernard par un terroriste ingouche, on pouvait lire, dans La Voix du Nord, un article intitulé : « Face aux attaques de l’extrême droite, un manuel « d’autodéfense intellectuelle » pour les enseignants »[1]. Ce papier du 7 octobre, révèlait, tout autant, la domination idéologique de la gauche sur la PQR que le décalage avec le réel que cela engendre quand on sait que moins d’une semaine plus tard, un professeur de français de 57 ans, marié et père de trois filles, était poignardé à mort par un islamiste dans son collège.

Elle veut chasser Éric Zemmour de l’école

L’article de La Voix du Nord donnait la parole à Sophie Djigo, 41 ans, une professeure de philosophie qui représente un collectif d’enseignants appelant à lutter contre l’entrisme de l’extrême droite au sein des établissements scolaires. Ces profs dénoncent notamment le réseau « Parents Vigilants », lancé par Éric Zemmour en septembre 2022 et qui, selon le président de « Reconquête », compte plus de 60 000 membres et a remporté plus de 3500 sièges lors des élections de parents d’élèves qui se sont tenues mi-octobre. Comme le présente Agnès Mation, porte-parole de la campagne « Protégeons nos enfants », sur le site de Parents Vigilants, ce réseau a pour objectif de lutter contre « l’effondrement du niveau scolaire » et « le grand endoctrinement ». Ce dernier, comporte, entre autres, « l’enseignement de la théorie du genre, de la propagande LGBT ou des théories wokistes », thèses défendues il n’y a encore pas si longtemps par Pap Ndiaye à écouter toutes ces mauvaises langues. Le collectif entend également s’opposer aux « associations d’extrême gauche qui viennent diffuser leur propagande dans les établissements » ou encore à « l’offensive islamique à l’école ».

A lire aussi: Islamisme, wokisme: les «parents vigilants» ne savent plus où donner de la tête

Il n’en fallait pas plus pour que des professeurs de gauche, et leurs syndicats, s’offusquent en brandissant leur sacro-sainte liberté d’enseigner, eux qui ne se gênent pas toujours pour imposer leur propagande aux enfants sans respecter la liberté des parents de s’y opposer. Avant les élections de parents d’élèves, la FSU-SNUipp, qui se présente sur son compte Twitter comme le « premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires » alerte sur « la menace de l’offensive de l’extrême droite sur l’école qui est plus précise et concrète ». De son côté, Sophie Djigo en appelle à « l’autodéfense intellectuelle » à travers un nouveau collectif, au nom sans équivoque : la Coordination antifasciste pour l’affirmation des libertés académiques et pédagogiques. La professeure de philosophie légitime la création de ce collectif par l’urgence de « s’organiser pour offrir un rempart et expliquer la différence entre savoirs et opinions ». En effet la distinction entre « savoirs » et « opinions » est fondamentale. Entre ce qui relève des faits et de la subjectivité de chacun. Le problème est que Sophie Djigo, comme nombre de ses collègues, considère par exemple la théorie du genre comme un savoir. L’absence de continuité entre le biologique et le culturel, entre le sexe et le genre, le fait de naître femme et de devenir homme et inversement ou encore la possibilité qu’un homme soit enceint sont érigés en réalité objective, en « savoirs », alors que la réalité biologique de la différence sexuelle est reléguée dans la catégorie des opinions réactionnaires.

Une sortie scolaire polémique

Mais Sophie Djigo n’en est pas à son coup d’essai. Fondatrice de l’association « Migraction59 », engagée dans le soutien aux migrants de Calais, cette professeure de philosophie s’était fait connaître en novembre 2022 lorsqu’elle avait organisé, pour ses étudiants de classe préparatoire littéraire du lycée Watteau de Valenciennes, une sortie auprès des bénévoles de l’association « L’Auberge des migrants » à Calais[2]. En raison de la polémique, la sortie, prévue en décembre, avait été annulée. À l’époque, auprès de France Info, elle avait justifié cette sortie scolaire en expliquant qu’elle s’inscrivait « dans le cadre du programme d’une classe préparatoire littéraire, qui se déroule entre septembre 2022 et juin 2023, et regroupant trois disciplines : théâtre, culture antique et philosophie. Les questions abordées sont celles de l’exil et de la citoyenneté »[3].

Sur Arte, le journaliste Claude Askolovitch a pris la défense de la philosophe « de terrain »

Sophie Djigo avait malheureusement été menacée sur les réseaux sociaux, son adresse professionnelle ayant été révélée, elle avait dû être mutée dans un autre établissement. Elle poursuit alors son combat contre le danger que représente, selon elle, l’influence de l’extrême droite dans les écoles. En octobre dernier, elle livrait un témoignage intéressant auprès de France Info : « J’ai reçu depuis beaucoup de messages de collègues dans toute la France, en particulier des enseignants de SVT, d’histoire et de lettres, qui se retrouvent confrontés à des pressions de groupes qui refusent l’enseignement de la théorie du genre, du fait islamique en cours d’histoire, l’enseignement de la Shoah, des mémoires de l’esclavage, de l’histoire coloniale ou de la décolonisation ».  L’enseignement de la théorie du genre ? On se rappelle de Najat Vallaud-Belkacem, qui expliquait en 2013, alors qu’elle était porte-parole du gouvernement, que « la théorie du genre n’existe pas »[4]. On est content d’apprendre, dans la bouche d’une professeure qui y est favorable, que non seulement elle existe mais qu’elle est enseignée et qu’il est illégitime de la contester.

Dans cet article de France Info intitulé : « Comment les « Parents vigilants », créés par Éric Zemmour, mettent sous pression des professeurs », un passage est à la fois révélateur et comique. Le média cite un extrait de l’appel lancé par un collectif d’enseignants qui dénoncent les pressions des parents des droite. L’extrait est le suivant : « Chaque semaine, partout en France, des enseignant·e·s sont ciblé ·e ·s pour avoir simplement fait leur travail. Ils et elles se retrouvent taxé·e·s de propagande, jeté·e·s à la vindicte des réseaux sociaux, menacé·e·s jusque dans leur vie personnelle et leur vie tout court ». On ne peut s’empêcher de rire en lisant ces lignes. Alors que leur texte est en écriture inclusive ils sont surpris d’être « taxé-e-s de propagande ». Ils ne manquent pas de souffle !

A contre-courant de ses collègues ?

Cependant, derrière ces enseignants d’extrême gauche, très visibles médiatiquement car ils font régulièrement parler d’eux, le vote des enseignants a évolué ces dernières années. En effet, en 2017, une enquête de l’IFOP[5] révélait, que pour le premier tour, ils étaient 38% à voter Macron, 24% Mélenchon, 15% Hamon, 11% Fillon, et seulement 5% pour Marine Le Pen, soit, pour cette dernière, « quatre fois moins que son score chez l’ensemble des électeurs métropolitains (21,5%) ».

77% des enseignants ont donc voté pour un candidat de gauche au premier tour de la présidentielle de 2017, ce qui tend à confirmer la réputation de cet électorat comme bastion de la gauche. Néanmoins, une étude du Cevipof, dirigée par Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS[6], nous apprend qu’ils étaient 18% à avoir choisi Marine Le Pen au second tour face à Macron en 2017. Chose impensable quelques années plus tôt. Au second tour de l’élection présidentielle de 2022, toujours selon Luc Rouban, 25% des enseignants ont voté pour la candidate RN. Un quart des professeurs ! Confrontés à une insécurité culturelle et physique grandissante les professeurs se droitisent petit à petit. « Si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, Dominique Bernard serait encore là » rappelait, le 17 octobre, Mickaëlle Paty, la sœur du professeur décapité, devant le Sénat. Trois ans après Samuel Paty la sécurité des enseignants ne s’est pas améliorée, comme le démontrent les agressions dont ils sont régulièrement victimes. Rien que ces dernières semaines, des professeurs d’un lycée du 15e arrondissement de Paris se sont mis en grève après l’agression de l’un de leurs collègues ; à Montbéliard un collégien de 14 ans a été interpellé après avoir menacé de mort sa professeure d’histoire. Aucune école n’est épargnée, même au lycée Montaigne, dans le chic 6e arrondissement de la capitale, où un élève a asséné plusieurs coups de poing au visage  de sa professeure de mathématiques en novembre 2021. Bilan : une plaie ouverte au front et des hématomes. Rien d’étonnant, quand on sait que, selon un rapport de l’Ifop de 2021, 50% des professeurs ont déjà été victimes d’agression physique ou verbale au cours de leur carrière de la part    d’élèves ou de leurs parents.

A lire aussi, du même auteur: Quand « Blast : Le souffle de l’info » souffle sur les braises

Tout était déjà dans le rapport de Jean-Pierre Obin de 2004. L’inspecteur général de l’Éducation nationale constatait, il y a près de deux décennies, que « dans le second degré d’une manière générale, de nombreux cas nous ont été signalés de professeurs femmes ayant fait l’objet de propos désobligeants ou sexistes de la part d’élèves. Le refus de la part de certains parents d’être reçus par une personne du sexe opposé, ou de la regarder, ou de lui serrer la main, ou de se trouver dans la même pièce qu’elle, ou même de reconnaître sa fonction pour des motifs religieux, est particulièrement mal vécu par les professeurs et les personnels d’éducation et de direction qui en ont été l’objet. Plus grave, ce type de refus a été observé également pendant le carême musulman de la part de personnels hommes vis-à-vis de collègues ou supérieurs hiérarchiques femmes ». Dans ce rapport de 40 pages, les contestations politico-religieuses, l’antisémitisme ainsi que le prosélytisme musulman sont parfaitement détaillés. « Oussama Ben Laden est en train de devenir, chez les jeunes de nos « quartiers d’exil », et donc pour une part notable de nos élèves, la figure emblématique d’un islam conquérant, assurant la revanche symbolique des laissés-pour-compte du développement en rejetant en bloc les valeurs de notre civilisation », écrivait-il. Malheureusement, François Fillon, qui était ministre de l’Éducation à l’époque, a préféré mettre ce rapport sous le boisseau.

Un futur et un relativisme terrifiants

Nous voici donc en 2023, et il est quasiment impossible de faire respecter une minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard. Les commentaires ironiques ou faisant l’éloge de ces attentats pullulent sur les réseaux sociaux. Récemment un collégien, arborant un maillot de l’Algérie, a posté une photo de lui sur Twitter avec en légende la phrase suivante : « Demain pour les 1 minutes de silence commencez même pas à me regarder parce que je vais exploser de rire ». Marguerite Stern, militante Femen repentie, a commenté cette publication avec une grande lucidité, écrivant : « Démographiquement, le futur de la France c’est ça et c’est terrifiant ».

Malgré ce réel effrayant, des professeurs se mettent en danger et mettent en danger leurs collègues en ciblant l’extrême droite en permanence. Le 15 octobre, deux jours après l’assassinat de Dominique Bernard, le syndicat CNT-SO Éducation et Recherche, dans un communiqué, voyait dans l’attaque terroriste d’Arras une conséquence des « polémiques stériles et aux relents racistes comme celle sur l’abaya »[7] ! Sans compter les déclarations de politiques d’extrême gauche, comme le député LFI Antoine Léaument, qui, sur Twitter le 24 octobre, écrivait que « l’islamisme et l’extrême droite c’est la même chose » ou encore, un autre député LFI, Jean-François Coulomme, qui siège à la commission des lois et qui, sur Twitter le 16 octobre, expliquait doctement que « le terrorisme islamiste est consubstantiel à l’idéologie d’extrême-droite, car il partage avec elle l’obsession et la haine identitaire, ethnique et/ou religieuse »…. Avec des amis comme Sophie Djigo, certains syndicats enseignants et députés LFI, les professeurs n’ont pas besoin d’ennemis. Mention spéciale pour Benjamin Lucas, député EELV, qui n’a rien trouvé de mieux, le 4 novembre, que de qualifier « Parents Vigilants » de « milice zemmourienne des écoles ». Alors qu’une cinquième colonne islamiste grandit de jours en jours dans notre pays, ces gens-là concentrent leur énergie et leur colère sur des « Parents Vigilants » qui s’inquiètent, légitimement, de l’éducation de leurs enfants. D’une certaine manière, ces bouffeurs de curés ressemblent aux prêtres de Constantinople qui, en 1453, discutaient du sexe des anges alors que les Turcs étaient aux portes de la ville…


[1] https://www.lavoixdunord.fr/1382084/article/2023-10-06/face-aux-attaques-de-l-extreme-droite-un-manuel-d-autodefense-intellectuelle

[2] https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/valenciennes/valenciennes-une-professeure-menacee-pour-une-sortie-a-calais-une-plainte-deposee-2665584.html

[3] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/enquete-ecole-comment-l-extreme-droite-tente-d-intimider-les-professeurs_6069969.html

[4] https://www.youtube.com/watch?v=cQiIgD0qBq4

[5] https://www.ifop.com/publication/pour-qui-ont-vote-les-enseignants/

[6] https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/declassement-sentiment-d-abandon-laicite-pourquoi-les-professeurs-votent-de-plus-en-plus-rn-7900258863

[7] https://twitter.com/PaulSugy/status/1713596566194266509




Article précédent La guerre des six mois
Article suivant Entre l’Islam et l’Occident, l’issue de la séparation
étudiant en journalisme

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération