Rentrant d’un colloque qui s’est tenu à Pau sous les auspices du Comité Laïcité République, notre chroniqueur revient sur ce qu’est réellement la laïcité — et qui n’est pas, figurez-vous, le souci premier de tous les candidats aux élections européennes.
Dans le dernier numéro de Marianne, Hadrien Brachet fait le point sur les curieux rapports à la laïcité des têtes de liste françaises.
Je lis son article en revenant de Pau, où je participais, ces deux derniers jours, à un colloque rassemblant les piliers de la laïcité, Alain Sekzig par exemple, ou Samuel Mayol. Tous deux indéfectiblement à gauche, et vilipendés, comme moi, par les crétins béats qui se croient à gauche alors qu’ils sont, au mieux, des islamo-gauchistes ou des wokistes intersectionnels — ou d’apprentis dhimmis. J’y reviendrai.
La laïcité menacée par Jean-Luc Mélenchon
En attendant, que nous apprend Hadrien Brachet ?
C’est peut-être Valérie Hayer qui est la plus nette sur cette question, reprenant à son compte la proposition de plusieurs eurodéputés de Renew de veiller à ce que l’Europe cesse de « financer des associations ayant des liens avec des organisations religieuses et politiques radicales comme les Frères musulmans ». Elle préconise de « protéger le recours à l’IVG en l’inscrivant dans la Charte européenne des droits fondamentaux. » Dont acte.
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Le PCF n’est pas en reste — mais il est bien le seul, à gauche. Léon Deffontaines, sa tête de liste, a même affirmé (sur Sud-Radio) que « la France insoumise met en danger la laïcité ».
Les insoumis, justement parlons-en. S’ils « refusent l’ingérence du religieux dans les affaires politiques », leur refus symétrique de toute ingérence du politique dans les affaires religieuses doit alerter : après tout, ils n’ont cessé — particulièrement depuis le 7 octobre — de faire des risettes aux islamistes, et leur dernière proposition de loi sur la laïcité, dit Brachet, « ne mentionnait même pas les menaces islamistes — comme si ce n’était pas un sujet. »
Les écologistes sont encore plus beaux : la laïcité, ils n’en ont jamais entendu causer — et ils n’en parlent pas. Pas question d’interférer avec les droits inaliénables des courgettes à remplacer les sextoys. Et ils promettent concurremment de lutter « contre l’antisémitisme et l’islamophobie » — comme le président du CPI qui veut mettre en examen pour génocide Netanyahou et le Hamas.
Imaginez que l’on ait jugé à Nuremberg en même temps Goebbels et Churchill…
« La notion de laïcité ne figure pas non plus dans le programme de Raphaël Gluksmann », prévient Hadrien Brachet. On ne séduit pas les jeunes, dont on sait ce qu’ils pensent des rapports de la charia et de la République, en mettant en cause les croyances de ces cervelles évidées. Même si le candidat para-socialiste a naguère déploré l’aveuglement dont a bénéficié l’intégrisme islamiste. Un coup à droite, un coup à gauche.
À droite, la laïcité: oui mais…
Et le RN, direz-vous ? Ah, c’est bien délicat quand vous visez les voix d’une droite traditionaliste de parler de cette laïcité qui forme le socle de la loi scélérate de 1905… Dénoncer les infiltrations islamistes, soit. Mais taper sur les doigts des chrétiens ultra-conservateurs…
Et Reconquête ne fait pas mieux. Ni Bellamy, gêné aux coudes par son allégeance versaillaise.
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Ce n’est pourtant pas sorcier — et nous l’avons asséné deux jours durant à Pau : la laïcité consiste à séparer radicalement ce qui est du domaine de l’État — l’éducation, les services publics, mais aussi la rue, à mon sens — et ce qui est du domaine de la foi.
Vous pouvez chez vous adorer la patte de lapin, le plat de nouilles-boulettes des pastafariens ou la pierre noire de la Kaaba, vous pouvez vous prosterner dans la position que vous voulez pour honorer votre dieu ou l’être vous-même, mais cela s’arrête au seuil de la maison. Membre du Conseil des Sages de la laïcité dont vient fort heureusement d’être viré Alain Policar, le sociologue qui pense que le voile musulman est un facteur d’intégration, mon ami Alain Sekzig nous racontait comment, chez les Cavanna, on s’engueulait en italien à la maison, et comment ces Ritals continuaient à le faire, mais en français, dès qu’ils franchissaient le seuil du domicile.
La laïcité ne reconnait que des citoyens
Je n’en demande pas plus. Les musulmanes peuvent tout à fait se voiler — à la maison : ça contribuera à limiter le désir incandescent de leur seigneur et maître, qui reçoit une part d’héritage double de la leur.
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La laïcité, ai-je expliqué, c’est ce qui nous permet de rire à telle caricature de Luz, en 2013, mettant dans la bouche d’un Mahomet dévêtu les mots même de Bardot au début du Mépris : « Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses ? » La laïcité ignore le blasphème — et pire, elle se rit de ceux qui voient des blasphèmes partout, y compris dans les rondeurs de nymphes sur un tableau du XVIIe siècle qui, paraît-il, offense la pudeur musulmane : tu sais où tu peux te la mettre, ma chérie, ta fameuse pudeur ?
La laïcité ignore les « communautés » et l’usage létal qu’en font les Frères musulmans, tâchant de dresser les unes contre les autres : la laïcité ne connaît que des citoyens français. Et elle est menacée en ce moment par une conjuration de bigots, de cagots et de cagoles. À mettre au pas, rapidement. Sans faiblesse. Parce qu’ils ne sont pas très nombreux — mais redoutablement actifs, d’autant que la démocratie est redoutablement faible. Et qu’ils ne sont forts que de notre faiblesse. La laïcité, c’est le retour du siècle des Lumières — parce que les dérives obscurantistes actuelles ne nous laissent plus le choix qu’entre Voltaire ou la charia.
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