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Budget 2024: nos enfants victimes de l’irresponsabilité des pouvoirs publics

Un texte de Benoît Perrin, directeur de "Contribuables Associés"


Budget 2024: nos enfants victimes de l’irresponsabilité des pouvoirs publics
Le ministre délégué aux comptes publics Thomas Cazenave et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, Commission des Finances de l'Assemblée nationale, Paris, 27 septembre 2023 © Jacques Witt /SIPA

Le budget 2024 a été présenté mercredi 27 septembre en Conseil des ministres. Encore une occasion ratée de reprendre le contrôle de notre destin et d’alléger la charge qui pèse sur les Français et leurs enfants, déplore Benoît Perrin de «Contribuables Associés».


Pour lutter contre le harcèlement à l’école, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a promis cette semaine d’inscrire dans le cursus scolaire des « cours d’empathie », dès la maternelle. À la lecture du projet de loi de finances 2024, son collègue du Budget Thomas Cazenave aurait intérêt à y ajouter un module de propagande intitulé « Accepter avec allégresse de payer les dettes de l’Etat » ! Sans quoi, il y a fort à parier que nos enfants nous demanderont à juste titre des comptes.

Moscovici inquiet

Alors que l’urgence d’une gestion rigoureuse de l’argent public (comprendre : l’argent des contribuables) est désormais dans tous les esprits, les actes tardent à venir. Le gouvernement prévoit dans son plan un déficit de près de 140 milliards d’euros, soit plus de 35% entre ses recettes et ses dépenses. La raison ? Comme tous ses prédécesseurs depuis 1974, l’actuel gouvernement a fait le choix de présenter un budget largement en déficit. Certes il y a un léger mieux, Bercy ambitionne de ramener ce dernier à 4,4 % de notre PIB (contre 4,9 % en 2023) mais en se basant sur un taux de croissance auquel ni l’INSEE, ni la Banque de France ne croient. Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici évoquait hier « des prévisions optimistes ». Pire, « peu de mesure d’économies structurelles » sont au programme, selon lui. Tout est dit lorsque l’on connaît la prudence diplomatique de l’ancien ministre des Finances de François Hollande. Au total, seulement 16 milliards d’économies (dont la plus grande partie proviendra de l’extinction progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité) pour plus de… 491 milliards de dépenses !

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C’est pourtant là que le gouvernement était attendu. La France dépense trop : en 2022, les dépenses publiques représentaient 58,3 % de la richesse nationale. Les plus jeunes d’entre nous espéraient, avec le lancement des « Assises des finances publiques », qu’un changement de paradigme interviendrait. La montagne d’espérances a de nouveau accouché d’une souris.

L’épée de Damoclès des taux d’intérêt

En avril, Elisabeth Borne souhaitait que les ministères trouvent 5% d’économies dans leur budget. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les sources d’économies efficaces sont connues : baisser le nombre de fonctionnaires (ici, 8 000 embauches sont prévues), redéfinir le périmètre de l’État et réduire son budget de fonctionnement, lutter avec acharnement contre les fraudes sociales et fiscales, traquer les gaspillages… Puisque nos gouvernants n’ont pas le courage de prendre ces mesures indispensables, l’État va devoir se tourner vers les marchés financiers pour trouver la bagatelle de 285 milliards d’euros. Un record ! Avec les taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter (3,6% pour les bons du Trésor et les obligations assimilables du Trésor), la charge de la dette va exploser pour atteindre probablement 52 milliards en 2024. Autant d’argent gaspillé pour rembourser nos créanciers. Voilà la traduction d’une gestion irresponsable de nos dirigeants. Autant d’argent qui vient se rajouter à notre dette de 3 013 milliards à la charge de… nos enfants.

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Sans baisse des dépenses publiques, pas de baisse d’impôts. À ce sujet, les Français ont pris l’habitude d’écouter d’une oreille distraite les baisses annoncées. Ils savent que nos responsables politiques jouent sur les mots et usent de stratagèmes pour que les augmentations ne se voient pas (trop). Pas plus d’impôts mais plus de taxes. Prenons l’exemple des concessions autoroutières et portuaires revues à la hausse. Elles auront nécessairement une incidence sur les prix payés par les consommateurs.

En mai dernier, Emmanuel Macron avait envisagé publiquement une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros pour les ménages les plus modestes. Il faudra attendre pour sa concrétisation. Certes, le gouvernement a choisi d’indexer les barèmes d’imposition pour tenir compte de l’inflation, une opération de communication présentée comme une faveur mais qui devrait être automatique. Les chefs d’entreprise ont accueilli avec enthousiasme la suppression totale d’un impôt de production qui grève la compétitivité de nos entreprises, la CVAE. Patatras, elle sera étalée sur quatre ans. Avec une inflation qui dure, les ménages, comme les entreprises, avaient pourtant besoin d’un bon bol d’air. Baisser les taxes sur l’essence aurait été judicieux, notamment pour soutenir concrètement la France qui se lève tôt et qui a besoin de sa voiture pour aller travailler… Le gouvernement préfère consacrer 40 milliards d’euros à la « planification écologique ». Victimes de la crise, nombreux sont les Français qui se demandent, à voix basse, si ces efforts budgétaires pour l’environnement tombent au bon moment…

Pourtant, les pouvoirs publics avaient une occasion historique de retisser un lien de confiance avec les Français. Oser proposer un budget à l’équilibre, c’était gagner le respect des Français et alléger le cartable des écoliers assommés par leurs manuels mais aussi par la dette financière qui pèse sur eux.



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Directeur général de Contribuables Associés

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