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Twitter Files: l’oiseau bleu accusé d’avoir censuré des politiques républicains

Des élus des Républicains en sont persuadés: sous prétexte de lutter contre les fake news, la plateforme aurait favorisé la victoire de Joe Biden


Twitter Files: l’oiseau bleu accusé d’avoir censuré des politiques républicains
Le siège de Twitter à San Francisco © Jeff Chiu/AP/SIPA

Racheté par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, Twitter promet désormais une liberté d’expression sans limite. La fuite des emails de « l’avant Musk », les Twitter files, révèle la censure des anti-woke de l’ère précédente. Les acteurs de ce scandale sont auditionnés par les Républicains à la Chambre des représentants.


Depuis que les Républicains ont récupéré de justesse la majorité à la Chambre des représentants américaine, ils organisent de multiples commissions d’enquête. La Sous-Commission consacrée à la « transformation en arme » de Twitter par le gouvernement fédéral de Biden (Select Subcommittee on the Weaponization of the Federal Government on the Twitter Files) éclaire l’existence de comités de censure qui sévissaient sur Twitter avant le rachat par Elon Musk. Ce dernier a fourni des dizaines de milliers d’emails, suggérant l’existence de ce que certains ont appelé un véritable « complexe industriel » de la censure (Censorship Industrial Complex) dans lequel le FBI aurait joué un rôle assez trouble. Courant février et mars 2023, les Républicains américains ont auditionné une série d’anciens haut-dirigeants de Twitter, virés par Elon Musk lors du rachat. L’audition du 8 février 2023, notamment, a mis sur le grill James A. Baker, ancien directeur juridique adjoint chez Twitter et ancien directeur juridique au FBI; Vijaya Gadde, ancienne directrice juridique; Yoel Roth, ancien responsable de la sécurité, ainsi qu’une « simple » employée, Anika Collier Navaroli. 

Les griefs des Républicains portent sur les différents comités de censure qui fonctionnaient au sein de Twitter avant l’arrivée d’Elon Musk, essentiellement contre les conservateurs au nom de la lutte contre les fake news. Ou encore sur l’affaire de Hunter Biden et de son ordinateur portable, censurée par Twitter et, enfin, sur les liens supposés de l’oiseau bleu avec le FBI. Les différentes auditions sont toujours visibles sur YouTube via la chaîne Forbes Breaking News

Viol du 1er Amendement

En ligne de mire: l’ancien responsable de la sécurité, Yoel Roth, âme pensante (damnée ?) de Twitter, qui avait notamment qualifié, via un tweet, les conseillers de Trump à la Maison-Blanche de « nazis », un tweet qu’en séance il a dit regretter. Ce dernier a démissionné peu de temps après la prise de poste de Musk, malgré leur bonne entente publique.

À lire aussi : Twitter files: Elon Musk révèle en direct comment Twitter a censuré les éléments de l’affaire de l’ordinateur de Hunter Biden

C’est la députée républicaine Lauren Boebert, militante en faveur du port d’armes, qui dénoncera le « shadow ban » dont elle fut la victime, une politique de censure de certains élus républicains dans l’opacité la plus totale et en l’absence de toute possibilité d’appel. Mme Boebert, dont le compte Twitter a été censuré à plusieurs reprises, l’empêchant de dialoguer avec ses électeurs, a fini par faire avouer à Yoel Roth qu’au moins dix agents du FBI travaillaient étroitement avec Twitter pour aider le réseau social à gérer les « haters », les conspirationnistes anti-vaccins et autres ennemis de la démocratie. Les Républicains soupçonnent au contraire le FBI d’avoir agi en service commandé pour affaiblir leur influence électoralement. Ces anciens dirigeants de Twitter risquent des amendes pénales, voire de l’emprisonnement pour avoir enfreint le 1er Amendement (celui qui garantit la liberté d’expression) et pour entrave au bon déroulement de l’élection présidentielle de 2020. Leur inculpation reste toutefois peu probable. En France, à ma connaissance, seuls les médias de « réinformation » (Sud-Radio…) ou d’extrême-gauche (Le Media…) en ont réellement parlé, ainsi que Florian Philippot, le président des Patriotes. Pour les médias mainstream, l’essentiel, depuis le rachat du réseau social par le « fantasque » Elon Musk, consiste, non pas à saluer son combat pour la liberté d’expression, mais à accabler celui-ci, regrettant le temps d’avant et qualifiant son management de « montagnes russes »

Le FBI au service de la censure?

Matt Taibbi et Michael Shellenberger, deux journalistes qui ont enquêté sur des documents mis à leur disposition par Elon Musk, ont été également auditionnés par la même Sous-Commission de la Chambre des représentants. Ils auraient eu accès à des dizaines de milliers d’emails internes démontrant que le FBI est allé bien plus loin qu’une aide logistique à Twitter. Il apparaît aujourd’hui que le Twitter d’avant Musk a contribué avec le FBI à censurer essentiellement le camp conservateur et donc peut-être aidé à faire élire Joe Biden. 

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« Les leaders intellectuels du complexe de censure ont convaincu les journalistes et les dirigeants des médias sociaux que des informations exactes sont de la désinformation, que des hypothèses valables sont des théories du complot et qu’une plus grande autocensure est essentielle pour un journalisme plus rigoureux », selon Shellenberger sur Fox News. Toujours selon M. Shellenberger, le gouvernement travaillerait main dans la main avec les GAFAM pour développer des outils informatiques, dont l’intelligence artificielle, capables de censurer des informations, jugées valables ou non selon un algorithme.

En séance, bien sûr, Shellenberger et Taibbi ont fait l’objet, de la part des représentants démocrates, d’une extrême agressivité, et de la part des élus républicains, d’une grande mansuétude…




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est écrivain, journaliste et romancier belge. Dernière publication : "Tout doit disparaître", Edilivre (2021)

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